La dispute pour le fameux « maillot jaune » s’annonce brutale. Le Slovène Tadej Pogacar, champion sortant et Primoz Roglic, deuxième l’an dernier derrière son compatriote, sont les grands favoris de la 108e édition du Tour de France qui démarre le 26 juin. Derrière eux, l’Equatorien Richard Carapaz et le Britannique Geraint Thomas (tous deux du Team Ineos) ainsi que le Colombien Miguel Angel López (Movistar) apparaissent comme les rivaux les plus sérieux à suivre.
La victoire de Tadej pogacar (UAE Team Emirates) l’année dernière a laissé une empreinte si puissante qu’il semble inévitable de faire du jeune coureur slovène le favori de sa propre succession. Comment pourrait-il en être autrement? Depuis son triomphe à Paris en septembre dernier, le talentueux grimpeur a remporté trois des quatre courses par étape qu’il a disputées cette année (le Tour des Emirats arabes en février, Tirreno-Adriatico en mars et le Tour de Slovénie en juin). De plus, il a remporté en avril l’un des cinq Monuments du cyclisme : la classique belge Liège-Bastogne-Liège.
Pogacar arrive sur le Tour avec l’expérience de l’année dernière et avec le soutien de toute une équipe pour le défendre. Aux côtés de Pogacar, UAE Team Emirates a sélectionné le Polonais Rafal Majka, l’Italien Davide Formolo et le Suisse Marc Hirschi (révélation du Tour 2020).
Pogacar pourrait-il échouer à remporter son deuxième Tour consécutif en seulement 22 ans ? La réponse est oui. Et plusieurs éléments indiquent que répéter l’exploit de l’an dernier sera très difficile pour le coureur slovène.
Tout d’abord, Pogacar arrive sur le Tour avec l’étiquette de favori et de rival à combattre. Cela change tout. L’année dernière, Pogacar est arrivé avec l’étiquette d’un jeune homme talentueux, mais personne ne l’imaginait vraiment capable de remporter le Tour. Cette année, l’effet de surprise ne fonctionnera pas. Une information vient étayer ce point : ni Christopher Froome, Geraint Thomas (vainqueur en 2018) et Egan Bernal (champion en 2019) n’ont réussi à conserver le titre. Deuxième argument : le parcours du Tour avec ses deux contre-la-montre (58 km au total) semble moins favorable à Pogacar. Troisièmement, leurs rivaux présentent des équipes encore plus fortes, à commencer par le Jumbo-Visma.
Roglic et le Jumbo-Visma, pour la revanche
Le plus grand rival de Pogacar devrait être son compatriote Primoz Roglic, 31 ans, membre de l’équipe néerlandaise Jumbo-Visma. L’année dernière, Roglic a mené le classement général du Tour de l’étape 9 à l’étape 19 et pour beaucoup il avait la victoire finale en poche… jusqu’à ce que Pogacar lui prenne la couronne dans un incroyable contre-la-montre à la veille de l’arrivée à Paris. Alors Roglic cherchera à se venger. Un indicateur que Roglic peut surpasser Pogacar est son triomphe sur le Tour du Pays Basque en avril lorsqu’il a dépassé Pogacar qui a terminé troisième de cette course.
Primoz Roglic revient sur le Tour avec une équipe puissante. Parmi ses grégaires dans le Jumbo-Visma se trouvent d’excellents cavaliers tels que Sepp Kuss, Steven Kruijswijk ou Wout Van Aert. L’année dernière, ils étaient l’équipe la plus forte et après la déception du Tour 2020, ils reviennent avec l’ambition de surmonter la défaite. Une incertitude est le statut de Roglic, qui a décidé de ne pas concourir depuis mars pour tout miser sur sa préparation au Tour. Mais les pilotes Jumbo-Visma ne seront pas les seuls rivaux de Pogacar à vouloir revenir au sommet…
Team Ineos, à nouveau tout-puissant ?
L’équipe Ineos, l’équipe dominante des années 2010 avec sept Tour de France au cours des dix dernières années, veut reconquérir la couronne. Les Britanniques ont réuni un ensemble impressionnant de trois vainqueurs du Grand Tour : Géraint Thomas, Championne du Tour 2018, Richard Carapaz (Courrier 2019) et Tao Geoghegan Hart (Courrier 2020). Ils ont également engagé Richie Porte, l’Australien qui a terminé troisième du dernier Tour de France et qui vient de remporter le Critérium del Dauphiné début juin. Et pour les soutenir, ils ont Michael Kwiatkowski et Jonathan Castroviejo, deux des meilleurs grégaires de l’équipe.
La question pour Ineos est toujours la même : qui sera le leader ? Avoir plusieurs jetons peut être un avantage stratégique, mais cela peut aussi virer au cauchemar si l’ego des coureurs empêche l’un de faire les efforts pour l’autre. Un scénario possible pour Ineos serait d’avoir Thomas et Porte dans les premières positions au cours de la première semaine avec le temps qui les favorise et qu’au final l’Equatorien Richard Carapaz, avec ses capacités en haut demain, est le mieux placé pour disputer le général la semaine dernière. Sa deuxième place dans la Vuelta España 2020 à seulement 28 secondes de Roglic lui a donné confiance en sa capacité à rivaliser avec les Slovènes. Sa victoire au Tour de Suisse mi-juin montre qu’il est en excellente forme.
Les Colombiens pris en embuscade
Derrière ces trois équipes favorites, les coureurs colombiens ne semblent pas en mesure de disputer le titre pour une raison simple : un Tour avec 58 kilomètres de temps, qui est leur point faible, ne les favorise pas. Miguel Angel López, sixième du Tour 2020, apparaît à nouveau comme un possible candidat au podium.
Rappelons que l’année dernière, il était troisième jusqu’à l’avant-dernière étape, où il a totalement échoué dans le contre-la-montre, perdant plus de six minutes sur Pogacar. L’optimisme vient de ses dernières courses de préparation. Début juin, López était sixième du Dauphiné avec un excellent temps en terminant à moins de 30 secondes de Richie Porte et Geraint Thomas, spécialistes de la discipline. La semaine suivante, ‘Superman’ López a remporté le Mont Ventoux Challenge, qui est une répétition de l’étape 11 de ce Tour, avec la double ascension du Mont Ventoux. Deux résultats qui montrent qu’il a surmonté son changement d’équipe d’Astana à Movistar. Pour le meilleur?
Derrière Miguel Ángel Lopez, Rigoberto Uran, A 34 ans, il est toujours candidat à une place dans le Top 10. Presque une coutume pour le coureur EF Education – Nippo qui a terminé deuxième du Tour 2017, septième en 2019 et huitième en 2020. A ses côtés, le jeune homme Sergio Higuita Le joueur de 23 ans effectuera son deuxième Tour après son abandon l’an dernier en raison d’une chute à l’étape 15. Son talent pourrait faire de lui un candidat pour le Top 10 et pour une victoire d’étape.
Quintana se battra pour les étapes et le maillot du roi de la montagne
Pour la première fois depuis son premier Tour en 2013, Nairo quintana il ne se présente pas comme candidat au général. Le leader de l’équipe de France Arkea Samsic l’a clairement confirmé cette semaine en disant qu’il n’était « pas en état de disputer le classement général » en raison de sa double opération du genou fin 2020.
Le grimpeur colombien cherchera les victoires d’étapes de montagne et tentera d’être à nouveau le roi de la montagne comme il l’était en 2013. Un autre Colombien qui cherchera une victoire d’étape plutôt qu’une place au classement général est Esteban Chaves de l’équipe Qhubeka Assos.
L’impossible rêve jaune français
C’est presque certain : un coureur français ne remportera pas le Tour de France cette année. Bernard Hinault continuera sans héritier dans la liste des gagnants. Il est habitué. Il est le dernier vainqueur du Tour de France depuis 35 ans. En l’absence de Romain Bardet (deuxième en 2016, troisième en 2017) et Thibaut Pinot (troisième en 2014) les chances d’une victoire finale pour un Français à Paris sont quasi nulles. Mais cela déchirerait la fameuse « incertitude du sport » et la présence du joker français en la personne de Julian Alaphilippe. Le maillot de champion du monde sur ses épaules donne à « Loulou » encore plus de fierté et de motivation pour briller sur les routes françaises.
Le coureur Deceuninck-Quick Step, avec son explosivité imparable et sa résistance exceptionnelle à la douleur, devrait être l’un des protagonistes de la première semaine du Tour avec des étapes qui semblent conçues pour lui. Se pourrait-il qu’Alaphilippe arrive, comme il l’a fait en 2019 et 2020, à porter du jaune les premiers jours ? Alaphilippe ‘maillot jaune’ serait une joie pour la France. Même si ce n’est que pour quelques jours…