« Le changement climatique est, en ce moment, la plus grande préoccupation dans le monde et dans le secteur du vin, où nous n’avons jamais été des négateurs, car les producteurs ont toujours perçu cette réalité. Ils enregistrent depuis des années, par exemple, des avancées dans les moments de vendanges», analyse l’Espagnol Pau Roca, directeur de l’Organisation internationale du vin (OIV), basée à Paris.

L’Organisation internationale du vin (OIV), basée à Paris, représente 48 pays et peut-être bientôt 49, puisque la Bolivie pourrait rejoindre l’instance.

« Nous cherchons un moyen pour la Bolivie d’entrer. Ce pays est très intéressant car si l’on parle de changement climatique, la Bolivie est un exposant de vignobles de haute altitude. À près de 3 000 mètres, les vignes peuvent être plantées, ce qui rend la production de vin dans ce pays, de vin et de singani (eau-de-vie), très particulière. C’est un modèle d’étude », explique le directeur de l’OIV à l’Escala en Paris.

Le secteur du vin a plusieurs fronts ouverts. D’une part, il a connu une hausse de prix due à des problèmes liés non pas tant à la production qu’à la chaîne d’approvisionnement, fortement affectée lors de la pandémie mondiale de Covid-19 et désormais prolongée par la guerre en Ukraine. Dans les pays du Cône Sud, la production a diminué cette saison par rapport à la saison précédente, mais reste stable si l’on tient compte des cinq dernières années.

« Le Cône Sud et l’ensemble de l’hémisphère sud représentent 25 à 30 % de la production mondiale et cela représente un équilibre pour les déséquilibres qui peuvent se produire de plus en plus dans l’hémisphère nord. En bref, nous souffrons tous du changement climatique, mais la diversification entre les deux hémisphères permet de compenser les risques », déclare Roca.

L’Europe est compliquée depuis deux ans avec de la grêle, des changements brusques de température, des sécheresses et des incendies. « Nous sommes confrontés à des phénomènes très ponctuels de toutes sortes devant lesquels le vignoble souffre et dans l’hémisphère nord c’est très perceptible car il y a plus de terre, plus de continent. On l’a vu aussi dans le sud, on a eu des incendies en Australie, c’est une réalité qui nous est imposée par le changement climatique », assure le directeur de l’OIV.

L’Organisation étudie les conséquences, puisque cela se traduit par l’avancement de la vendange et des changements dans le comportement de la physiologie de la vigne.

«En travaillant avec des variétés de souches, il existe également des clones au sein de la même variété. Nous croyons que la réponse réside dans la biodiversité, dans cette résilience que possède l’espèce. Vitis vinifera est une espèce qui accompagne l’homme depuis 8 000 ans et cela en fait une plante qui peut apporter des réponses, ainsi que la manière de gérer le vignoble », sont les solutions que Roca énumère pour faire face au changement climatique qui a fait, par exemple, que des régions sans tradition comme le Royaume-Uni se sont mises à produire des vins effervescents de qualité.

Nous vivons dans un monde numérisé où le « big data », la donnée, est essentiel. « Les mégadonnées peuvent aider à lutter contre le changement climatique. Nous sommes inondés de données, nous avons des capteurs dans le vignoble par exemple, mais nous ne sommes pas capables de les digérer et l’intelligence artificielle peut nous aider à interpréter ce qui se passe et, grâce aux applications, anticiper les intempéries, voire les infections », affirme l’invité. d’Echelle à Paris.

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