Pasteur, Sanofi : après la déception, la coopération

Pasteur, Sanofi : après la déception, la coopération

Les noms de Sanofi et Pasteur ont déclenché des sentiments très variables à travers l’Europe ces derniers jours. Tandis que la France vit mal l’abandon par l’Institut Pasteur de sa principale piste de vaccin contre le coronavirus, l’annonce de la coopération de Sanofi avec Pfizer-BioNTech est saluée en Allemagne.

Pour la France, c’est une déception, estime The Guardian. “L’amour-propre des Français blessé après l’abandon du candidat-vaccin de l’institut Pasteur”, titre le quotidien de Londres, mardi 26 janvier. La veille, la prestigieuse fondation française annonçait qu’elle renonçait à son principal projet de vaccin contre le Covid-19.

La piste d’un dérivé du vaccin contre la rougeole s’était avérée décevante, les réponses immunitaires étant inférieures à celles de personnes guéries naturellement ou à celles de personnes vaccinées avec d’autres vaccins autorisés, a expliqué l’Institut. Il a donc préféré renoncer.

“L’annonce est un nouveau coup dur pour le gouvernement français”, pour qui le tableau est déjà bien noir, car il est la cible de critiques pour la lenteur de sa campagne de vaccination. Le vaccin en développement chez Sanofi, l’autre géant français, ne sera pas prêt avant la fin de l’année. Et enfin, les producteurs de vaccins autorisés, dont Pfizer, avertissent qu’ils peinent à satisfaire la demande.

Conséquence : “L’échec et le retard français en matière de développement d’un vaccin provoquent un certain vague à l’âme dans ce pays autrefois numéro un des avancées médicales et qui a vu naître le pionnier de la microbiologie, Louis Pasteur, inventeur des vaccins contre la rage et la maladie du charbon.”

Pour illustrer l’ambiance, le quotidien cite les tweets et les commentaires qui ont fusé cette semaine : celui envoyé par Les Républicains déplorant un “camouflet” ; l’indignation de Bastien Lachaud, de La France insoumise, qui a dénoncé sur Twitter la “clochardisation de la recherche publique” ; ou encore François Bayrou parlant d’un signe de “déclin” inacceptable pour le pays.

Le temps de la coopération réjouit l’Allemagne

Le même jour, le nom de Sanofi a pourtant été synonyme d’espoir dans d’autres régions. En Allemagne, le laboratoire français fait l’objet de sincères félicitations dans la presse après son annonce de s’impliquer dans la production du vaccin autorisé de son concurrent Pfizer-BioNTech.

À partir de cet été, 100 millions de doses seront produites par Sanofi à Francfort-sur-le-Main, se réjouit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui parle d’un “nouveau niveau de coopération dans le secteur pharmaceutique”.

“Après les retards de livraison récemment annoncés par BioNTech et AstraZeneca, ces 100 millions de doses supplémentaires apaisent bien des inquiétudes”, commente le journal dans un autre article.

Autre fait remarquable pour la FAZ : alors que le gouvernement français est accusé d’avoir mis la pression sur Bruxelles pour que l’Union européenne s’engage à commander des doses du vaccin de Sanofi, “il aurait à présent poussé le groupe pharmaceutique, dont le candidat-vaccin est pour l’instant un échec, pour qu’il collabore avec son concurrent germano-américain”. Ainsi :

Les comportements et les motivations de ces acteurs ne sont pas aussi manichéens que ne le pensent toux ceux qui ne voient Bruxelles que comme un nid de ‘crétins’.
Ou qui savent toujours rétrospectivement
ce qu’il aurait fallu faire.”

Adapter les usines à la production d’un produit non maison n’est pas un jeu d’enfant, concède la FAZ. Mais, voilà la preuve que “ça ne relève pas de l’impossible. […] Ce qu’il faudrait à présent, c’est que Sanofi fasse des émules et que de nouvelles capacités soient mises au service de la production du vaccin.”

Carolin Lohrenz

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