Après deux semaines « coincées » en mer, la directrice générale de l’organisme, Sophie Beau, a prévenu qu’il y avait des risques « très graves » à bord, au point que des décès ne sont pas à exclure. Ces derniers jours, le gouvernement italien n’a autorisé que des débarquements sélectifs, des personnes considérées comme les plus vulnérables.

« Après avoir attendu longtemps une réponse aux multiples demandes d’un endroit sûr, les survivants perdent la dernière once d’espoir et l’incroyable résilience dont ils ont fait preuve jusqu’à présent. Certains ont commencé à exprimer leur intention de se jeter par-dessus bord de désespoir. Beau dit dans un communiqué.

L’ONG juge le silence des autorités italiennes « inexplicable », extensible à d’autres navires de sauvetage dans des circonstances similaires, et compte tenu du « caractère exceptionnel » de la situation, elle a décidé de repartir vers les côtes françaises. Il devrait atteindre les eaux internationales près de la Corse jeudi.

Il s’agit d’une « solution extrême » résultant d’une irresponsabilité qui, selon l’organisation, incombe à tous les États membres de l’Union européenne. Maintenant, il espère qu’au moins les autorités françaises fourniront une « solution immédiate » pour les plus de 200 personnes à bord de « l’Ocean Viking ».

« ÇA ME RENDAIT FOU »

L’inquiétude s’étend également au « Geo Barents », le navire de Médecins Sans Frontières (MSF) où se trouvent également plus de 200 migrants. Trois d’entre eux ont décidé de sauter par-dessus bord lundi : deux sont arrivés au port de Catane et un est revenu au navire, où la situation « se détériore chaque jour avec cette incertitude », selon les mots du coordinateur général des opérations en Méditerranée, Juan Matias Gil.

Youssouf fait partie des migrants qui ont décidé de se jeter à l’eau et explique qu’il l’a fait parce qu’il « devenait fou ». « J’avais le sentiment que mon corps et mes rêves s’effondraient », raconte ce jeune homme qui a laissé quatre enfants en Syrie à la recherche « d’une vie sûre » dans une autre partie du monde.

« Je veux juste trouver un endroit où ils peuvent vivre à l’abri de la peur et se sentir en sécurité. C’est mon rêve et je ne laisserai personne me l’enlever », déclare ce survivant, qui a passé la nuit dehors sur la jetée avec son compatriote Ahmed, j’ai finalement évacué en ambulance.

Ahmed a quitté la Syrie il y a un an et a tenté six fois de traverser la Méditerranée depuis la Libye. Dans chacun d’eux, il a été intercepté et renvoyé dans des centres de détention, où il a subi toutes sortes d’abus qui lui ont causé, par exemple, des douleurs aiguës au dos qu’il traîne encore.

« C’est très difficile de contrôler 200 personnes sans pouvoir leur fournir cette information clé », prévient Gil, dans un nouvel appel aux autorités italiennes. En ce sens, il a averti qu’ils ne quitteront pas Catane tant qu’ils n’auront pas atteint leur objectif et mis fin à une « situation arbitraire », telle qu’établie par la loi.

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