Les Jeunes avec Juppé veulent un « président normalien »

Il est 18h lorsqu’Alain Juppé arrive aux pieds de la butte Montmartre, ce samedi 30 janvier. Il est flanqué de Pierre-Yves Bournazel, numéro deux au conseil régional avec Valérie Pécresse,  qui a annoncé la veille son soutien au candidat à la primaire, et du maire du premier arrondissement parisien Jean-François Legaret. Les mines sont sereines malgré les éblouissantes caméras qui les suivront jusqu’au Corcoran’s Irish Pub du Sacré-Cœur, où les attendent un peu plus de 400 jeunes, militants encartés ou simples curieux.

Le maire de Bordeaux passe par une porte dérobée à l’arrière du pub et va s’enfermer au sous-sol, l’entrée de l’escalier étant gardée par deux agents de sécurité. Les hommes en noir sont sur le qui-vive. « Alain Juppé est parmi nous ! », annonce un animateur au micro alors que les « jeunes » font la queue devant l’entrée principale. À cette annonce, les plus impatients de la file d’attente se penchent pour entr’apercevoir le candidat à la primaire.

Echanges à huis clos

Le sous-sol du pub a été exclusivement réservé aux membres des comités de soutien de toute la France. La salle aux murs jaune est un peu plus bas de plafond qu’à l’étage, c’est ici qu’ont lieu les soirées les plus folles avec “DJ”, danseurs – et danseuses – sous les projecteurs multicolores. Aujourd’hui, l’ambiance est plus calme. Alain Juppé enchaîne les rencontres.

Georges, 27 ans, costume-cravate, était sarkozyste il y a encore un an. « J’en avais un peu marre des sujets traités par Sarkozy », affirme-t-il. Il explique qu’Alain Juppé apparaît aujourd’hui comme moderne grâce à son programme économique libéral. Venu voir Alain Juppé de ses propres yeux, il a même été sélectionné pour lui poser une question, sur la maîtrise de l’immigration et la relance de l’innovation.

En une vingtaine de minutes, Alain Juppé rencontre une centaine d’animateurs des comités de soutiens des « Jeunes avec Juppé », mais chaque groupe n’a que quelques minutes pour échanger. Visiblement détendu, le candidat est ravi de voir ces soutiens inconditionnels. Alain Juppé se fait présenter des membres des comités de soutien de tout le pays. Il déclare à plusieurs : « Il ne faut pas se laisser griser par les sondages, même si on peut se satisfaire qu’ils soient bons et stables depuis plusieurs mois ».

Inquiétudes face au Front national

« Sur le plan des idées, je me sens très proche de lui. C’est un gaulliste, européen fédéraliste, libéral et c’est un homme de culture, il a écrit un très beau livre, La tentation de Venise », nous confie Hélène, 24 ans, étudiante en histoire. « Plutôt que le président normal, le président normalien ! », lance-t-elle.

À huis clos, loin des caméras, ils discutent à bâtons rompus. La plupart rencontrent leur idole pour la première fois. « Comment convaincre des jeunes tentés par le Front national ? », lui demande soudain l’un d’entre eux, plus inquiet. L’ancien premier ministre leur a conseillé de mener une « campagne joyeuse », en mettant en avant des propositions positives de changement pour emporter l’adhésion des électeurs.

Il est l’heure et on le presse de monter à l’étage. Il veut discuter encore. Lorsqu’il se décide finalement à monter les escaliers, la clameur monte : la foule exaltée lui a préparé une haie d’honneur jusqu’à l’estrade, musique pop à fond.

Raphaël Georgy

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