L’Hôtel de ville, le cimetière du Père-Lachaise, l’Eglise Saint-Eustache… Autant de monuments parisiens touchés par la pollution. La mairie de Paris en a bien conscience. La municipalité a en effet confié à des équipes universitaires française (Paris-Est Créteil) et anglaise (East Anglia), ainsi qu’au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRS-Météo France, Toulouse), un projet de recherche portant sur ce thème. Intitulé « Impact des changements de climat et de pollution sur le patrimoine bâti de Paris au 21e siècle », il s’inscrit dans le cadre du Programme Paris 2030 de la Ville de Paris et s’est terminé le 15 novembre après deux ans de recherches.
Le but de ces chercheurs est de prévoir l’impact qu’aura la pollution sur le bâti parisien. Pour cela, ils utilisent les prévisions nationales et internationales de l’évolution du climat et de la pollution atmosphérique. Ils croisent ces données avec les impacts qu’a eu la pollution sur les monuments au fil des siècles.
« Plus concrètement, le projet tente d’évaluer le noircissement des façades en calcaire, la salissure du verre par la pollution atmosphérique, l’érosion des façades en calcaire par l’action combinée de la pollution et de l’eau des pluies, le lessivage chimique des vitraux anciens par l’humidité atmosphérique combinée à la même pollution atmosphérique », explique Roger-Alexandre Lefèvre, l’un des membres de l’équipe universitaire française.
Selon les conclusions des chercheurs, les dommages visibles sur les monuments vont diminuer tout au long du XXIe siècle après deux cents ans d’importante pollution qui s’explique par la révolution industrielle et la forte utilisation du pétrole et du charbon.
L’effet du changement climatique
Autre changement : la pollution atmosphérique n’est plus la première menace des façades parisiennes. Les véhicules dits propres qui se généralisent, les politiques d’urbanisation qui éloignent la circulation des lieux touristiques et la tertiarisation expliquent cette conclusion. Ce sont maintenant les changements climatiques qui sont à craindre. L’érosion des façades ne devrait pas diminuer étant donnée la combinaison de températures et de concentrations en CO2 élevées.
Même si les œuvres architecturales les plus célèbres de Paris ont été nettoyées à l’initiative d’André Malraux en 1961 pour dissimuler les effets de la pollution, il suffit de lever les yeux pour voir les dégâts que peut faire la pollution sur le patrimoine. Pierre érodée, bâtiments abîmés ou encore statues noircies, les exemples ne manquent pas. Tous ces phénomènes résultent de la pollution et de l’humidité atmosphériques provoqués par l’industrialisation de la France au XIXe siècle et par le trafic automobile.
Les traces de la pollution sont particulièrement nettes sur les sculptures et décors en relief : les parties exposées à la pluie (et donc « lavées ») sont plus blanches que les parties renfoncées. Exemples sur cette carte qui comporte plusieurs exemples de monuments marqués par la pollution.
Claire Courbet