Le Tchad défend la rupture de l'accord militaire "obsolète" avec la France et appelle à "réorienter" les liens avec Paris

Le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby, a défendu la décision de N'Djamena de rompre l'accord de coopération militaire avec la France, la qualifiant d'”obsolète” et a souligné que cette décision n'affecte ce pacte que “dans sa configuration actuelle” d'ici afin de « réorienter » les liens avec Paris.

Déby a souligné dans un discours à la nation que la décision “n'a pas été prise à la légère”, mais plutôt “issue d'une réflexion approfondie et d'une évaluation approfondie”, avant de rappeler que le Tchad et la France “ont maintenu une coopération depuis de nombreuses décennies dans de nombreux secteurs”. principalement dans l'armée.

“Cet accord a été signé à un autre moment, avec d'autres acteurs et dans un contexte totalement différent. Il cherchait à répondre à des défis communs dans un autre contexte national, régional et international”, a-t-il expliqué, tout en réitérant qu'”il ne correspondait pas à l'actuel les réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques, ainsi que les objectifs légitimes liés à la pleine expression de la souveraineté.

Ainsi, a-t-il souligné, l'accord “n'apporte aucune réelle valeur ajoutée dans le domaine militaire”, dans lequel le Tchad “fait face à des défis divers et sérieux, principalement des attentats terroristes”, face auxquels l'Armée maintient “un courage jamais démenti”. et une détermination sans mesure”.

Le président, qui a salué le travail des forces armées, a déclaré que désormais “elles sont appelées à intégrer une nouvelle situation résultant de la rupture de cet accord obsolète, qui ne change absolument rien aux faits concrets”, selon un communiqué publié. . par la Présidence du Tchad.

Dans ce sens, il a affirmé que “la rupture de cet accord doit engendrer plus de responsabilité au sein des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), plus d'interaction et plus de concentration pour mieux défendre l'intégrité du Tchad et garantir la sécurité de ses citoyens”.

Déby a ainsi souligné que la rupture de l'accord avec la France fait partie de son « engagement » envers la population pour un « projet social » qui cherche à « construire des relations réciproques et équilibrées avec les pays frères et amis, dans un esprit d'indépendance ». et le respect de la souveraineté des États ».

C'est pour cette raison qu'il a indiqué que la décision “ne s'inscrit pas dans la logique du changement d'un pouvoir par un autre et encore moins dans celle du 'changement de propriétaires'”, en référence aux analyses qui pointent vers la possibilité d'un resserrement des liens. . avec la Russie, qui étend son influence sur le continent et a déployé des mercenaires dans plusieurs pays de la région.

“Notre pays croit avec foi en sa capacité à défendre son intégrité et à garantir la sécurité de ses citoyens et de ses biens. Cette décision est un acte souverain, mûrement réfléchi, pleinement assumé, destiné à renforcer notre indépendance nationale et à répondre à un engagement fort pris. avec le peuple tchadien”, a-t-il ajouté.

LIBERTÉ DE DÉFINIR LES RELATIONS

Le président a ainsi souligné que « 66 ans après la proclamation de la République, le Tchad a le droit et l'obligation de définir librement ses relations internationales, de choisir les formes de coopération qu'il souhaite et de mener sa politique en fonction de ses priorités ». .

“Nous avons décidé de mettre fin à cette coopération militaire pour réorienter notre association avec la France sur des domaines ayant un impact plus positif sur la vie quotidienne des populations respectives”, a-t-il déclaré, tout en expliquant les raisons qui l'ont poussé à prendre cette mesure.

Il s'agit notamment de “l'absence de réciprocité”, puisque “la présence militaire française au Tchad ne repose pas sur une base de réciprocité”. “Le Tchad ne doit pas accepter des autres ce qui n'est pas accepté par ces autres”, a-t-il souligné, avant de souligner également “la nécessité de réparer” les “imperfections” des “relations internationales” de N'Djamena.

Il s'agit de « choisir en toute indépendance les formes et les partenaires de la coopération internationale », outre de « renforcer les capacités » du pays et de parvenir à une « armée tchadienne à la hauteur de toutes ses responsabilités, plus autonome, plus engagée et plus responsable ». “dans la matérialisation de sa mission de défense de la patrie”.

Il a toutefois assuré que “cette décision de rupture ne représente pas un rejet de la coopération internationale ni une remise en cause des relations diplomatiques avec la France”. “Nous restons ouverts à des échanges constructifs avec tous nos partenaires, dont la France”, a-t-il ajouté.

Le président a également réaffirmé son engagement dans “la lutte contre le terrorisme” et a promis d'”agir pour contribuer à la sécurité régionale, en étroite collaboration avec les pays voisins et toutes les nations qui partagent ces préoccupations”. “Le Tchad continuera à jouer son rôle dans les initiatives visant à renforcer la paix et la sécurité”, a-t-il soutenu.

C'est pourquoi il a précisé que cette mesure vise à “renforcer la souveraineté, repenser les relations internationales et assumer nos propres responsabilités dans la construction d'une paix durable, tant au Tchad que dans la région”, pour laquelle il travaillera “avec tous les partenaires”. d'un « esprit de respect mutuel ».

La décision de N'Djamena, allié clé de la France dans la région et pays qui abrite la plus grande base militaire française sur le continent, intervient après que la junte militaire du Mali, du Burkina Faso et du Niger a rompu ses liens de défense avec la France et organisé un rapprochement avec la Russie qui inquiète Paris et ses partenaires occidentaux.

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