Le calme a commencé à revenir le 28 novembre dans les îles françaises de Guadeloupe et de Martinique, théâtre de violentes manifestations ces deux dernières semaines après que le gouvernement d’Emmanuel Macron a proposé la vaccination obligatoire pour tout le personnel de santé. Le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est rendu ces dernières heures dans les deux îles pour tenter de désamorcer les tensions.

Un « appel à la résistance » au pass sanitaire a déclenché les pires émeutes de ces derniers temps sur les îles françaises de Guadeloupe et de Martinique.

Désormais, avec le retour d’un calme relatif, le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est rendu dans les îles pour approfondir les discussions avec les élus locaux et les syndicats sur les mesures d’atténuation de la pandémie de Covid-19.

« On n’a pas fixé de calendrier, on pense qu’on va rentrer à Paris sans forcément avoir résolu toute la crise, mais si on prend les choses de bout en bout, méthodiquement, ça va se calmer et il y aura un dialogue constructif avec tous ceux-là impliqués », a déclaré la délégation Lecornu.


Pour tenter d’apaiser la situation, le ministère de la Santé a annoncé vendredi 26 novembre qu’il reportait au 31 décembre « l’achèvement de la mise en œuvre de l’obligation vaccinale » en Martinique et en Guadeloupe.

L’annonce de Paris a provoqué une diminution de l’agitation. Cependant, quelques heures plus tard, des pillages se sont poursuivis dans la capitale de la Martinique.

Les protestations contre l’inoculation obligatoire des agents de santé ont également ouvert la voie aux habitants pour exprimer d’autres désaccords, pour lesquels ils ont exigé une augmentation des salaires et une réduction des prix de l’essence.

Une méfiance historique, l’obstacle à la vaccination contre le Covid-19 en Guadeloupe et en Martinique

Les collectivités locales demandent depuis longtemps au gouvernement français d’ouvrir un dialogue sur la vaccination contre le Covid-19, un sujet sensible pour les populations de ces territoires d’outre-mer, alors qu’ils continuent d’être marqués par le scandale de la contamination par le chlordécone, un pesticide très toxique et cancérigène, présent dans le sol, l’eau et le sang des humains et des animaux.


Ce pesticide toxique a contaminé définitivement les sols après avoir été utilisé, entre 1972 et 1993, en Guadeloupe et en Martinique dans des bananeraies pour lutter contre le charançon, un insecte qui ravage les cultures, et est aujourd’hui soupçonné d’être responsable de nombreuses maladies, dont le cancer.

La vaccination obligatoire des personnels de santé, mesure en vigueur en France métropolitaine, a ravivé les critiques sur les îles à majorité africaine qui voit dans l’imposition d’antidotes un retour à l’ère de l’esclavage.

Un débat s’ouvre sur l’autonomie de la Guadeloupe

Après la flambée de violence et les interrogations, Lecornu a indiqué qu’il était disposé à engager des discussions sur l’autonomie du territoire. Cependant, il a précisé qu’il ne s’agirait pas d’une dissolution complète des liens avec Paris.

« L’autonomie n’est certainement pas l’indépendance : elle existe déjà pour certaines collectivités d’outre-mer à des degrés divers, le modèle le plus avancé étant, par exemple, la Polynésie », a expliqué le ministre.

Le responsable a confirmé que la loi sur la vaccination obligatoire est du ressort de l’Etat, pour lequel il a rappelé que la Guadeloupe et la Martinique sont des départements français. Cependant, il a souligné qu’étant donné les demandes de non-application de la règle dans ces territoires, il ne rejettera pas un débat sur l’autonomie.

Avec Reuters et EFE

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