Le retour des frontières douanières entre le Royaume-Uni et l’Union européenne représente une occasion rêvée pour Paris de redevenir la capitale du monde de l’art. Depuis l’annonce du Brexit, les directeurs de musée, les galeristes et les collectionneurs internationaux les plus prestigieux se pressent dans la Ville Lumière.
“Paris redeviendra-t-elle la capitale artistique qu’elle a été au temps des avant-gardes ?” se demande El País. L’optimisme gagne en tout cas le microcosme du marché de l’art dans la Ville Lumière depuis la mise en place du Brexit, au début du mois de janvier. Jusqu’en 2019, Londres captait 60 % des transactions commerciales du secteur artistique européen. Autant de parts de marché que rêve de s’approprier aujourd’hui la capitale française, occupée à se refaire une beauté.
Le milieu de l’art parisien peut compter sur un fort regain d’intérêt et sur plusieurs projets d’envergure pour se replacer au cœur de la scène européenne. La rénovation annoncée du Centre Pompidou, celle du Grand Palais, l’inauguration de la collection Pinault à la Bourse de commerce ou encore l’installation de nombreux galeristes réputés augurent de l’effervescence qui devrait s’emparer de Paris au lendemain de la pandémie.
Les Champs-Élysées et le Marais, refuges de l’art
Depuis l’entrée en vigueur du Brexit au 1er janvier 2021, les galeristes et les collectionneurs les plus en vue ont été confrontés à la réalité des frontières et du retour des barrières douanières entre le Royaume-Uni et le reste du marché européen. Le monde de l’art a naturellement trouvé refuge sur la luxueuse avenue Matignon et dans le quartier des Champs-Élysées “où de nouvelles salles d’exposition n’en finissent plus d’ouvrir”, raconte El País.
Les grands noms se bousculent aussi dans le quartier du Marais, à l’image du collectionneur allemand David Zwirner, l’une des “personnalités les plus puissantes du monde de l’art”. À l’époque de son déménagement de Londres vers Paris, en 2019, celui-ci avait justifié son choix en déclarant : “Je suis européen et je veux une galerie européenne”, rappelle le quotidien espagnol.
L’internationalisation des musées parisiens
Les ambitions hégémoniques de la capitale française s’illustrent aussi dans le parcours international des directeurs installés aujourd’hui à la tête des plus grandes institutions culturelles parisiennes. Entre autres noms prestigieux : le Belge Chris Dercon, ancien directeur de la Tate Modern de Londres aux commandes du Grand Palais, le Britannique Simon Baker, directeur de la Maison européenne de la photographie, et l’Espagnole Miren Arzalluz, directrice du Palais Galliera.
“Il y a trois ans à peine, il n’y avait aucun étranger, à l’exception de Marta Gili au [musée du] Jeu de Paume”, souligne Chris Dercon, qui se réjouit de cette mutation :
Une nouvelle génération qui a évolué dans un environnement très international commence à prendre des responsabilités dans les musées, tandis que la banlieue se remplit de résidences et d’ateliers d’artistes venus d’Afrique ou de Chine.”
L’occasion est trop belle pour Paris de retrouver son statut de capitale culturelle européenne pour attirer les plus grands artistes et “dérober à nouveau”, comme le titre El País, “l’idée de l’art”.