Laura, 22 ans, étudiante de haut niveau à l’INSEP

L’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) a publié en octobre les chiffres de la réussite de ses jeunes sportifs au baccalauréat 2015. 95,4 % des athlètes ont obtenu leur diplôme. Laura Marino, vice-championne d’Europe de plongeon, a fait partie de ces athlètes qui ont passé l’épreuve tout en étant interne.

Mêler la réussite scolaire à l’excellence sportive, pas simple. Les pensionnaires de l’INSEP s’y emploient au quotidien. Laura Marino, spécialiste du plongeon à 10 mètres, est l’une d’entre eux. A 22 ans, elle squatte les infrastructures de l’institut du Bois de Vincennes depuis la Terminale. « Je suis arrivé assez tardivement par rapport à certains, raconte-t-elle. Avant, j’étais dans un lycée de la banlieue lyonnaise où je n’avais aucun aménagement dans mon emploi du temps pour m’entraîner. »

Tout de suite, elle a été plongée dans le système. Au sein de l’internat de l’INSEP, les cours sont dispensés sur place, mais chaque filière est rattachée à un lycée. « Dans ma classe, nous étions quatorze, explique Laura. Mais, en réalité, on n’a jamais été plus de dix réunis dans la même salle. » Difficile en effet de compter sur la présence de tous les athlètes lorsqu’ils sont en compétition ou en stage de préparation.

Une course permanente

L’emploi du temps est calculé à la minute près, alternant cours et entraînements. « On faisait 7h45/22h, 7 jours sur 7. Cela ne laisse aucun répit », se souvient la championne. Trois heures de cours le matin, deux l’après-midi, auxquelles il faut rajouter les quatre heures de devoir surveillé du mercredi, les quatre heures de « colle » (devoirs effectués à l’oral), la matinée de travaux pratiques le vendredi et les deux soirs d’étude silencieuse par semaine. Le reste du temps est réservé à l’entraînement. Du plongeon, donc, pour Laura Marino, mais pas seulement: paradoxalement, l’année du bac, les athlètes doivent également valider l’EPS. « C’était horrible. Le vendredi après-midi, on revenait des cours vers 13h30, j’avais EPS à 14h et entraînement dans la foulée. J’arrivais donc forcément en retard. C’était tout le temps la course. »

Le bac, une année sous pression

Si les attentes sont élevées, les jeunes sont globalement bien accompagnés. « Les professeurs sont très compréhensifs, sans être non plus laxistes. Ils ont de l’expérience et savent en général distinguer un élève de mauvaise foi d’un autre qui n’a vraiment pas eu le temps de faire le devoir demandé », confirme la plongeuse qualifiée pour les Jeux Olympiques de Rio qui ont lieu en août prochain.

L’épreuve du baccalauréat reste pourtant stressante pour les sportifs. Pour des jeunes moins brillants que Laura, la préparation à l’examen est tendue. « Les élèves en difficulté étaient mis sous pression car le bac est une condition à part entière de la poursuite de notre carrière sportive », indique la jeune championne. Laura a toujours eu de bons résultats, mais elle garde de ces moments un souvenir un peu particulier : elle n’a jamais passé les épreuves de travaux pratiques de sa filière scientifique. « J’étais en tournoi international à ce moment là. Je ne pouvais pas le rater, car c’était ma seule chance de me qualifier pour les championnats d’Europe juniors. Heureusement, notre proviseur m’avait négocié une dérogation pour ne pas passer les épreuves. »

La piste d'athlétisme de l'INSEP. Crédits Photo : Antoine Maignan
La piste d’athlétisme de l’INSEP. Crédits Photo : Antoine Maignan

Résultat des courses, une qualification pour les championnats d’Europe juniors 2010 en Finlande [elle y décrochera le bronze] mais également une petite frayeur. « Dans mes notes de bac, cela n’avait pas été pris en compte, je me retrouvais avec zéro sur quatre en TP! Quatre points de moins sur mes notes de SVT et de physique-chimie, alors que j’avais fait toutes les annales du monde! » Finalement, tout rentre dans l’ordre. Mais, la plongeuse rate la mention « Très bien » pour quelques centièmes.

Objectif JO

Aujourd’hui, Laura Marino est en école de kinésithérapie et bénéficie encore de son statut de sportive de haut niveau, qui lui permet de préparer sereinement les JO. La jeune fille a quand même dû renoncer à son rêve de faire médecine, qui aurait nécessité un arrêt presque total de l’entraînement. Impensable.

L’encadrement des jeunes sportifs porte ses fruits, au regard du taux global de réussite des athlètes dans leur formation, qui dépasse les 85 % depuis 2008. Les concernés semblent également satisfaits. Quelques années plus tard, Laura Marino garde de son année de Terminale un excellent souvenir : « Sur le plan sportif comme sur le plan scolaire, cette année m’aura fait grandir d’au moins 5 ans d’un coup ! »

Antoine MAIGNAN

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