L’Assemblée nationale française a adopté vendredi un projet de loi controversé « anti-séparatisme » malgré les vives critiques des parlementaires de gauche et de droite. Le gouvernement a fait valoir que la législation était nécessaire pour renforcer le système laïc français, mais les critiques disent qu’elle viole la liberté religieuse.

Après sept mois de débats houleux, avec des allers-retours entre la Chambre basse de France, l’Assemblée nationale et le Sénat, le projet de loi antiséparatiste a été approuvé par 49 voix contre 19. Il y a eu cinq abstentions.

Dans un discours énergique, le leader d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a critiqué vendredi la « loi anti-républicaine », qu’il a qualifiée d' »anti-musulmane ».

Les principaux partis d’opposition français, dont les socialistes (PS) et les républicains de centre-droit, ainsi que le Parti communiste français, ont voté contre le projet de loi pour différentes raisons.

Seuls trois partis à l’Assemblée nationale, le parti au pouvoir La República en Marcha (LREM) et ses deux alliés, ont voté en faveur de la loi.

Le parti d’extrême droite Groupement national, dirigé par Marine Le Pen, s’est abstenu de voter.

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Présenté par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le projet de loi contient une série de mesures sur la neutralité de la fonction publique, la lutte contre la haine en ligne et la protection des agents publics, comme les enseignants.

Le projet de loi a été débattu dans une ambiance survoltée en France, après trois attentats en fin d’année dernière par des extrémistes, dont la décapitation en octobre de l’enseignant Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours d’instruction civique.

Des piétons passent devant un panneau représentant le professeur de français Samuel Paty dans le centre-ville de Conflans-Sainte-Honorine, à 30 km au nord-ouest de Paris, le 3 novembre 2020.
Des piétons passent devant un panneau représentant le professeur de français Samuel Paty dans le centre-ville de Conflans-Sainte-Honorine, à 30 km au nord-ouest de Paris, le 3 novembre 2020. © Thomas Coex / AFP

La France, qui abrite la plus grande communauté musulmane d’Europe, est toujours secouée par la succession de massacres commis par des militants islamistes depuis janvier 2015, qui ont fait des centaines de morts.

Cependant, les critiques disent que la législation va à l’encontre des valeurs libérales que la République cherche à protéger.

Un émissaire américain pour la liberté religieuse l’année dernière a critiqué le projet de loi pour être « maladroit ». La réglementation a provoqué une couverture inhabituellement critique dans les médias anglophones, incitant même le président Emmanuel Macron à écrire personnellement au « Financial Times » pour le défendre.

Les analystes ont déclaré que Macron, arrivé au pouvoir en 2017 en tant que réformateur centriste, s’est sensiblement penché à droite ces derniers mois, car il sent que sa bataille pour la réélection présidentielle en 2022 se résumera à un duel. avec l’extrême droite de Marine Le Pen.

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