L’application Clubhouse portée par la pandémie

L’application Clubhouse portée par la pandémie

La start-up à l’origine de l’application de conversations audio s’apprêterait à atteindre le milliard de dollars de valorisation. Son succès fulgurant illustre l’évolution des usages en ligne durant la pandémie de Covid-19 mais soulève aussi des questions.

“Clubhouse est-il devenu une licorne ? s’interroge The Hustle, le 25 janvier. On a bien ri sur Internet en voyant Clubhouse réussir à lever 100 millions de dollars de fonds alors même que l’application audio ne comptait que 5000 utilisateurs sur une version bêta et ne figurait pas encore dans l’App Store”, se souvient le média en ligne.

C’était en mai 2020 et, huit mois plus tard, la start-up se prépare, selon The Information, à une nouvelle levée de fonds valorisant son application de conversations audio à 1 milliard de dollars.

Des chiffres à la hauteur de l’engouement pour “l’application pour iPhone la plus téléchargée” en Allemagne à la mi-janvier, signale la Deutsche Welle. “L’application [uniquement disponible] sur invitation est surtout utilisée par des célébrités, des hommes politiques et des personnalités des médias”, décrit le site de la radio-télévision allemande.

Les utilisateurs ont la possibilité de créer des ‘salles’ virtuelles sur un sujet de leur choix, que peut ensuite rejoindre toute personne disposant d’un compte. Les auditeurs lèvent la main virtuellement pour participer, mais c’est l’hôte ou les hôtes qui décident qui est autorisé à parler. Des centaines, voire des milliers d’utilisateurs participent ainsi à des discussions sur des sujets du moment ou avec des hôtes célèbres, mais il n’y a pas de fonction permettant de chatter, de liker ou de commenter les discussions. […] Toutes les conversations se déroulent en direct et rien n’est enregistré de façon permanente.”

Un “engouement passager” ?

La Deutsche Well estime que “[certaines] personnes sont prêtes à tout pour y entrer : on trouve sur eBay des annonces pour des invitations à plus de 100 dollars (82 euros). […] Mais l’application pourrait ne susciter qu’un engouement passager.”

The Hustle fait également preuve de prudence : “L’application ne génère aucun revenu, elle n’a pas de version Android et n’est accessible que sur invitation.”

Clubhouse, lancé il y a moins d’un an, comptait 600 000 utilisateurs à la fin de décembre et en revendique désormais 2 millions. Un succès en partie dû à la pandémie de Covid-19 selon The Wrap, qui cite des cadres de la Silicon Valley trouvant sur la plateforme un espace de réseautage bienvenu. “En cette année de distanciation sociale, Clubhouse ressemble à un bar bondé à l’heure de l’apéro”, décrit, sur le site Bustle, une utilisatrice convaincue par l’application mais pressée de la quitter :

Mais est-ce que je vais moi aussi me laisser attraper par Clubhouse ? Certainement pas. J’ai déjà réduit la fréquence des notifications sur mon téléphone. Plus je reste en ligne, plus cela me rappelle à quel point je suis éloignée de cette communauté d’étrangers et de ces rencontres sociales fortuites. […] Il n’en reste pas moins que j’apprécie ce brouhaha de conversations qui emplit mon appartement silencieux comme le crépitement d’un bon feu de bois.”

L’application n’échappe déjà pas à des accusations de laxisme face à des propos misogynes, racistes ou antisémites proférés sur sa plateforme et notamment rapportés sur Twitter par la journaliste Taylor Lorenz du New York Times.

“La manière dont l’application accède aux données des utilisateurs soulève des inquiétudes”, ajoute la Deutsche Welle, citant des experts selon qui Clubhouse ne respecte pas le récent règlement général sur la protection des données (RGPD) en vigueur en Europe et ne fournit aucune information sur “le sort réservé aux données de l’utilisateur (par exemple, sa liste de contacts) et leur éventuelle vente à des tiers”.

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