Longtemps crédité de 10% dans les sondages, Éric Zemmour a terminé dimanche soir quatrième du premier tour de l’élection présidentielle française, avec 7% des suffrages. Une énorme déception pour la candidate d’extrême droite qui rêvait de battre Marine Le Pen. Retour sur ce revers électoral.

Le « vote caché » n’existait pas après tout. Longtemps accrédité avec 10% d’intentions de vote dans les sondages et présenté un temps comme le possible troisième homme, Eric Zemmour est finalement arrivé à la quatrième place du premier tour de l’élection présidentielle française avec 7% des voix. Loin derrière Jean-Luc Mélenchon, troisième. Et très loin d’Emmanuel Macron, qu’il rêvait autrefois d’affronter au second tour.

Comète politique, OVNI aléatoire à choix unique ? Éric Zemmour répond à ses détracteurs qu’il n’en a pas fini avec la politique. « Je ne m’arrêterai pas là. Les drapeaux hissés au Trocadéro ne seront pas baissés », a-t-il martelé le 10 avril, après les résultats. Nous sommes les seuls à défendre notre civilisation et notre identité (…). Il y a quelque chose de plus grand que nous, la France. »

Cependant, la déception est là. Le champion du « grand remplaçant » a été remplacé par ses électeurs au profit de son adversaire Marine Le Pen. Comble de l’humiliation : celui qui se moquait autrefois de la « ménagère de plus de 50 ans » apte uniquement à « caresser ses chats » en est réduit à demander à ses électeurs de voter pour elle.



L’instrumentalisation du « vote caché »

Comment expliquer une telle chute ? En premier lieu, il n’y a pas eu le fameux « vote caché » dont disposait le candidat. L’ancien éditorialiste a assuré que les sondeurs avaient sous-estimé l’intention de voter en sa faveur en raison du caractère inédit de sa candidature. Et aussi à cause de la réticence des électeurs à avouer aux sondeurs qu’ils voteraient pour lui. « Il s’avère qu’Éric Zemmour a été correctement valorisé par les sondeurs. Parler d’un éventuel vote masqué, c’est de l’instrumentalisation pour montrer qu’il y aura un raz de marée électoral pour entretenir artificiellement une dynamique », explique Olivier Rouquan, politologue, à la France. 24.

Au plus fort de sa campagne, l’apôtre de l’identité nationale était accrédité entre 13% et 14% d’intention de voter dans les sondages, mais sa ritournelle souverainiste a été balayée par l’arrivée de la guerre en Ukraine et la question du pouvoir d’achat. dans les nouvelles. Son intention de vote n’a fait que baisser.

« Lorsqu’il a commencé à baisser dans les sondages, les électeurs d’extrême droite qui l’ont soutenu pendant un moment ont pu voir que la candidature de Marine Le Pen était plus forte et sont revenus vers elle, assurant un vote utile à l’extrême droite car ce sont des électeurs qui veux gagner », poursuit le professeur de science politique et chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherche en sciences administratives et politiques).

Beaucoup d’erreurs politiques et une image négative

Il a également commis des erreurs aux conséquences graves. Manque de clarté sur le dossier ukrainien, mensonges historiques, notamment sur le rôle de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, polémique lancée à l’occasion de l’anniversaire des attentats de novembre 2015, doigt d’honneur sur un opposant lors d’un déplacement à Marseille, arme pointée sur des journalistes lors du salon Milipol…

Des erreurs politiques – et de communication – ont marqué sa campagne, et le candidat n’a pas su calmer les discours à leur sujet. Et ce qui est pire, « il a une très mauvaise image d’un homme trop radical, c’est inquiétant pour l’opinion publique », selon Olivier Rouquan. Et puis, il n’a pas la stature d’un homme d’État. Enfin, il est incapable d’élargir ses idées pour augmenter son électorat.


L’ancien polémiste, qui a salué ces électeurs qui ont émis « un vote pionnier, un vote pour l’avenir, un vote d’espoir », veut encore croire que sa Reconquista ! c’est possible. Le « troisième tour » en ligne de mire, avec les élections législatives à l’honneur, l’ancien polémiste maintient sa foi.

Sur les réseaux sociaux, les responsables du parti appellent les candidats aux législatives à rejoindre leurs rangs. Reste à savoir « si ses 100.000 adhérents sont des militants investis sur le terrain ou des sympathisants éphémères », s’interroge Olivier Rouquan. Il appartient maintenant au parti de démontrer sa capacité à trouver des candidats crédibles et à créer un réseau solide établi au niveau local. « Ce n’est pas la chose la plus facile à faire. Marine Le Pen y travaille avec difficulté depuis des années. »

*Article adapté de son original en français

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