La dévaluation du dinar, une ruse des partis politiques irakiens ?

La dévaluation du dinar, une ruse des partis politiques irakiens ?

La baisse de 25 % de la valeur du dinar irakien par rapport au dollar a fait flamber les prix et diminuer les salaires. Mais pour les formations politiques qui préparent les législatives prévues en octobre, les conséquences de cette dévaluation sont peut-être différentes.

Le 20 décembre 2020, la banque centrale d’Irak a dévalué de 25 % la monnaie nationale, le dinar, qui passe à 1 450 dinars pour 1 dollar, contre 1 190 jusque-là, une première depuis une demi-décennie.

C’est l’une des mesures prises par le gouvernement de Mustafa Al-Kadhimi pour tenter d’enrayer la profonde crise économique que traverse le pays à cause de la chute des cours du pétrole, de la mauvaise gestion budgétaire et de la pandémie de Covid-19.

Les conséquences immédiates de cette décision ont été négatives, affirme le site libanais Daraj :

Tout le monde s’accorde à dire que la baisse de la valeur du dinar irakien et l’augmentation du dollar ont eu un impact sur la vie des simples citoyens, qui subissent une pression psychologique et économique croissante, avec l’augmentation du prix des denrées alimentaires, de l’électricité, de l’eau.”

Fonction publique

“L’économie irakienne est une économie de rente qui repose sur le pétrole, explique le site panarabe As-Safir Al-Arabi. Tous les autres secteurs de production ont été délaissés”, poursuit-il. Ainsi, le secteur privé “ne crée pas plus de 200 000 emplois par an”. Une goutte d’eau par rapport aux “4 millions de personnes recrutées dans la fonction publique” par les gouvernements successifs et les partis politiques.

La “rente pétrolière”, payée en devises, est ainsi “distribuée” aux “militants” des formations politiques “dont la majorité travaillent dans la fonction publique”, explique As-Safir Al-Arabi.

C’est le citoyen qui a besoin des partis, et non l’inverse, pour pouvoir accéder à un emploi public.”

“Or, la politique monétaire du gouvernement [du Premier ministre Mustafa] Al-Kadhimi a fait perdre aux fonctionnaires 25 % de la valeur de leur salaire”, relève Daraj.

Campagne électorale

C’est dans ce contexte que se profilent les prochaines élections législatives. “Avec l’espoir que les élections parlementaires se déroulent le 10 octobre prochain, on parle à nouveau des sources de financement des partis”, poursuit Daraj.

Il existe un doute sur le lien plausible entre la baisse du dinar irakien face au dollar et le financement par les partis de leur campagne électorale.”

“Les partis irakiens ont plusieurs sources de financement”, explique le site libanais : les sources internes à travers les contrats publics dont les partis au gouvernement bénéficient au titre du clientélisme politique mis en place depuis 2003” et “les sources externes, à savoir le soutien financier des parrains étrangers de ces partis, comme l’Arabie Saoudite et l’Iran”.

Si le dinar perd de sa valeur par rapport aux devises, il devient moins cher pour les “parrains” de financer les partis irakiens, et pour ces derniers de “fidéliser “leurs militants.

Un ancien candidat aux élections législatives de 2018 exprime son amertume :

Avec la baisse du dinar et la hausse du dollar dont ils tirent d’énormes profits, les partis politiques ont trouvé une nouvelle ruse, d’autant que la plupart d’entre eux ont leur propre banque.”

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