Les pêcheurs ont mis en place des blocages de la circulation des bateaux britanniques dans les ports et l’accès des camions à travers l’Eurotunnel. Avec ces mesures, ils cherchent à faire pression pour que les différends concernant les licences de pêche dans les eaux britanniques soient résolus.

Ce vendredi, des pêcheurs français ont bloqué l’entrée des navires britanniques dans les ports de la Manche – et aussi à Saint-Malo – et l’accès des camions cargo dans l’Eurotunnel qui traverse cette voie maritime. Ces actions éphémères ont servi de moyens de pression pour régler les différends sur les permis de pêche accordés par le Royaume-Uni, après le Brexit.

Le principal point de tension a commencé parce que le gouvernement britannique n’a plus accordé de licences pour pêcher dans les eaux britanniques et, selon eux, plusieurs de leurs demandes ont été rejetées, des accusations que Londres rejette.

La colère des travailleurs s’est également manifestée contre le gouvernement français pour ne pas avoir pris de mesures pour défendre ce secteur important pour les deux pays.

Avant que le Royaume-Uni ne quitte l’Union européenne, les pêcheurs français pouvaient pêcher dans les eaux britanniques sans problème, mais il est désormais nécessaire d’avoir un permis spécial pour entrer dans certaines zones.

Bien que la majorité des navires français aient reçu les autorisations spéciales, le litige se réduit désormais à un groupe de personnes n’ayant pas obtenu l’aval britannique.

La nature et la portée de la licence ont également fait l’objet de discussions pour les pêcheurs français et britanniques, affirmant que la mesure est très récente, puisqu’elle est née après l’accord Brexit, signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles.

C’est le cas du pêcheur Stéphane Ramet, qui travaillait depuis 1987 et qui s’est vu refuser un permis par les Britanniques. « J’ai lutté pour cette profession toute ma vie. Nous voulons pouvoir accéder à la zone de 10 à 19 kilomètres, comme nous l’avons toujours fait », a-t-il affirmé.


La France réclame plus de 150 licences de pêche au Royaume-Uni

Selon le ministère français de la Mer, depuis le 1er janvier 2021, la France a obtenu plus de 960 permis dans les eaux britanniques et anglo-normandes ; cependant, Paris continue de revendiquer plus de 150 licences.

Le blocus a débuté le matin dans les ports de Saint-Malo et plus tard à Calais, tandis que dans l’après-midi il a abouti à l’interruption de l’accès des camions de fret au terminal cargo du tunnel sous la Manche pendant environ deux heures.

Bien que brève, la mesure a provoqué un important embouteillage de plus d’une centaine de camions à l’entrée du tunnel, par où transitent 25 % des échanges entre le Royaume-Uni et l’Europe.

« C’est un peu la pression sur l’Europe. Je fais partie des privilégiés qui ont obtenu la licence assez tôt, mais les camarades ne vont pas se laisser mourir, et on ne va pas les laisser dans le noir », a souligné l’un des manifestants.

La semaine dernière, dans un effort pour apaiser les tensions dans le conflit de la pêche, la ministre française de la Mer Annick Girardin a annoncé qu’elle travaillait sur un plan de compensation pour les pêcheurs qui ont dû cesser leur activité en raison de l’absence de licence. Cependant, les commissions des pêches françaises ont décidé de prendre les choses en main.

« Les Britanniques ont accès au marché européen, alors que nous n’avons pas accès aux eaux britanniques. Ce n’est pas normal, le gouvernement britannique doit respecter l’accord », a déclaré Olivier Lepretre, président du comité régional des pêches, qui a également ajouté que  » c’est une action symbolique, mais si ça continue on montrera plus de dents. »

Malgré le blocus et les déceptions de la journée, certains pêcheurs français se sont dits réconfortés par le soutien du président Emmanuel Macron et du ministre de la Maritime, exprimé dimanche dernier. Les politiques ont assuré qu' »ils se battront jusqu’au bout pour défendre leurs intérêts ».

Avec AP et Reuters

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