Croupissant dans des camps de détention gérés par les Kurdes en Syrie, une dizaine de ressortissantes françaises ayant rejoint l’État islamique ont commencé une grève de la faim. Elles souhaitent être rapatriées par les autorités françaises, jusqu’à présent réticentes, raconte le New York Times.
Le 20 février dernier, “une dizaine” de ressortissantes françaises, qui ont rejoint le groupe djihadiste de l’État islamique et qui sont aujourd’hui retenues prisonnières dans des camps de détention en Syrie, ont entamé une grève de la faim “pour dénoncer le refus de la France de les rapatrier”, rapporte le New York Times.
“Nous avons décidé de cesser de nous nourrir tant que nous n’aurons pas rencontré les bonnes personnes capables de nous donner des réponses sur notre avenir”, explique l’une de ces femmes dans un message audio obtenu par le quotidien américain, selon lequel “environ 60 000 proches de djihadistes, dans leur majorité des femmes et des enfants”, vivent dans des conditions insalubres dans des camps gérés par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.
Jugées en France
Selon le quotidien américain, “des dizaines de mères françaises” et leurs “200 enfants en tout” sont détenus par les forces kurdes “dans un grand vide juridique”, les autorités kurdes n’étant pas reconnues par la communauté internationale. De surcroît, rappelle le New York Times, “les forces kurdes qui administrent les camps demandent elles-mêmes le rapatriement de tous les prisonniers étrangers, au motif qu’elles ne peuvent pas les garder indéfiniment dans cette région instable”.
“Ces femmes en grève de la faim disent vouloir être jugées en France”, explique le New York Times.
Nous sommes là à attendre dans des tentes, dans le froid, en plein hiver. Nous voulons payer notre dette à la société pour avoir choisi de venir ici. Mais il faut que ce cauchemar cesse et qu’on rentre chez nous.”
Une autre Française dit attendre “une main secourable de la part de notre pays, maintenant”. Un jugement en France, dit-elle, serait “une seconde chance”.
“Question sensible”
“La France estime que les adultes qui ont rejoint l’État islamique, hommes et femmes confondus, devaient être jugés là où ils ont commis leurs crimes, autrement dit en Syrie et en Irak.”
Alors que “plusieurs hommes ont déjà été jugés et condamnés par la justice irakienne”, rappelle le journal américain, “aucun procès de femme n’a à ce jour été possible” car “les charges pesant sur les femmes sont en général floues”.
Comme le note le New York Times, “le retour des ressortissants français partis faire le djihad est depuis longtemps une question sensible” en France, “encore très ébranlée par les attentats islamistes commis sur son territoire”.
Mineurs
Ainsi, “la France, à l’image d’autres pays occidentaux ayant des ressortissants détenus dans ces camps, s’est pour l’heure refusée à accéder aux demandes de rapatriement formulées par les familles et les associations de défense des droits de l’homme”, écrit le quotidien américain.
Ces associations insistent plus particulièrement sur le fait que soient au moins rapatriés les enfants de leurs ressortissants, “arguant que les mineurs n’ont pas choisi de partir en Syrie et que les laisser grandir dans des camps devenus de vrais foyers de radicalisation ne fera qu’aggraver la situation”.
Paris n’a rapatrié à ce jour que des enfants, et en nombre limité.”
La France, affirme le New York Times, donne “la priorité aux orphelins et aux plus fragiles quand la mère accepte de s’en séparer”.