Dans les ports français et irlandais, un “boom lié au Brexit”

Dans les ports français et irlandais, un “boom lié au Brexit”

Les contrôles douaniers et sanitaires aux frontières du Royaume-Uni sont à l’origine d’une augmentation du trafic maritime entre l’Irlande et le reste de l’Union européenne, souligne The Financial Times. Les ports français de Cherbourg, Dunkerque, Roscoff et le port irlandais de Rosslare en sont les grands bénéficiaires.

Avant le Brexit, le chauffeur routier Patrick Kirwan aurait généralement acheminé son chargement de viande surgelée de la France vers l’Irlande du Nord en traversant la Manche en ferry, en remontant la Grande-Bretagne par la route puis en traversant la mer d’Irlande. Mais comme le raconte The Financial Times, par une froide nuit d’hiver jeudi 11 février, Kirwan se préparait à faire un voyage de 17 heures à bord d’un ferry rejoignant directement le port irlandais de Rosslare depuis le port normand de Cherbourg.

“Je dirais que c’est à cause de la paperasse”, a expliqué le routier au quotidien britannique, qui rappelle que l’Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, reste dans la zone commerciale de l’UE selon les termes de l’accord sur le Brexit conclu en décembre.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 1er janvier et les contrôles douaniers et sanitaires aux frontières qui en ont résulté ont détourné les échanges entre l’Irlande et le reste de l’UE, qui transitaient auparavant par la Grande-Bretagne.

Le ferry quittant Cherbourg pour Rosslare jeudi 11 février avait un chargement complet “de plus de 100 remorques et camions”, tandis que le navire voisin à destination de Portsmouth en Angleterre “était rempli à moins de 20 % de sa capacité”, indique The Financial Times.

Triplement d’activité à Cherbourg

Selon le quotidien, l’augmentation de la demande sur les liaisons maritimes entre l’Irlande et le reste de l’UE est à l’origine d’un “boom lié au Brexit” dans les ports français de Cherbourg, Dunkerque et Roscoff, et dans celui de Rosslare dans le sud-est de l’Irlande.

Yannick Millet, directeur du port de Cherbourg, a ainsi expliqué au Financial Times avoir dû engager des dockers pour absorber la croissance du trafic :

Nous nous y étions prêts préparés et nous nous sommes engagés à doubler notre activité, mais en réalité nous ne l’avons pas doublée, nous l’avons triplée.”

Son homologue irlandais, Glenn Carr, a quant à lui expliqué que le port de Rosslare était passé de 3 allers-retours de ferries par semaine en janvier dernier à 16 aujourd’hui :

Les visites de navires sont en hausse de 37 % en janvier 2021 par rapport à janvier 2020. Le volume de fret continental est en hausse de 447 % sur un an.”

D’après le quotidien, les données de janvier indiquent que plus de la moitié des 150 000 à 170 000 voyages annuels qui utilisaient auparavant le “pont terrestre” britannique emprunteront désormais la route maritime directe entre l’Irlande et la France.

À Rosslare, Glenn Carr a toutefois noté une baisse de 49 % trafic avec le Royaume-Uni en janvier, “ce qui correspond à la diminution globale de 50 % des échanges entre l’Irlande et le Royaume-Uni depuis le début de l’année”, assure The Financial Times.

Le trafic entre la France et le Royaume-Uni a d’ailleurs lui aussi chuté depuis le début de l’année. Selon le quotidien, de nombreux ferries partant de Cherbourg et réservés par le gouvernement britannique pour assurer l’approvisionnement du Royaume-Uni naviguent actuellement “presque à vide”.

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