Le Premier ministre français, François Bayrou, a proposé une révision « complète » de la réforme des retraites de 2023, l'une des mesures phares du deuxième mandat du président Emmanuel Macron mais que le gouvernement actuel juge nécessaire d'aborder pour garantir la stabilité politique et économique.
Bayrou, qui a pris la parole ce mardi pour son premier grand discours devant l'Assemblée nationale, a mis en garde contre la “précarité budgétaire” en France en raison du rejet des comptes officiels fin 2024 et, dans l'intérêt de trouver des solutions, il a supposé que “la première urgence” était la question des retraites.
S'il a insisté sur le fait qu'il s'agit d'une réforme “vitale” car il existe un “fort problème de financement” du système, il a promis une révision approfondie du texte, y compris le report controversé de l'âge de la retraite à 64 ans.
Bayrou entend résoudre cette question “dans un délai court”. Ainsi, il a annoncé une nouvelle série de contacts avec les acteurs sociaux et une consultation de la Cour des comptes afin qu'elle puisse préparer des “chiffres indiscutables”.
De manière générale, Bayrou a averti que des “efforts budgétaires” sont nécessaires à tous les niveaux, même s'il a maintenu l'objectif de réduire le déficit public en 2025 à 5,4 pour cent du PIB, avec pour objectif qu'il soit de 3 pour cent en 2029. La dette publique, a-t-il ajouté, est « une épée de Damoclès ».
L'IMMIGRATION, “UNE QUESTION DE PROPORTIONS”
En matière d'immigration, l'une des principales bannières politiques de l'extrême droite, a évité de faire des annonces majeures et a affiché sa “profonde” conviction que “l'immigration est une question de proportions”, en prenant comme exemple le cas de Mayotte.
Le Premier ministre a plaidé en faveur de mesures de “contrôle” et en faveur de l'expulsion de toutes les personnes susceptibles de mettre en danger “la cohésion de la nation”.
En revanche, il a appelé à rejoindre le “mouvement florissant de débureaucratisation” et à “simplifier la vie économique” en France, tandis qu'en matière institutionnelle, il a récupéré une des idées qui refont périodiquement surface pour tenter “d'avancer” vers un système électoral au Parlement.
UN GOUVERNEMENT SUR LA CORDE ÉQUIPÉE
Bayrou a pris le relais de Michel Barnier après la motion de censure qui a renversé le cabinet précédent, soutenue à la fois par la gauche et l'extrême droite. Le Parti Socialiste a cependant construit des ponts ces derniers jours et s'est montré disposé à ne pas forcer la chute du gouvernement actuel s'il y avait des gestes en matière économique.
Bayrou lui-même a plaisanté lors de sa comparution sur les mauvais présages que lui donnent les sondages. “84 pour cent des Français estiment que ce gouvernement ne tiendra pas l'année. Cela m'amène à me demander où les 16 pour cent restants trouvent leur optimisme”, a-t-il plaisanté devant les députés.