La France entend « supprimer » l'accord qui permet aux hauts responsables algériens de se rendre dans le pays sans visa

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche son intention de « supprimer » l'accord franco-algérien de 2013 qui permet aux hauts fonctionnaires de ce pays du Maghreb de se rendre en France sans visa.

“Il y a un accord de 2013 qui est un accord de gouvernement qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien, ils sont des milliers, (…) de venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement. (…) Cette institution doit être supprimée”, a-t-il déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision française LCI.

Le ministre a défendu que cette “mesure de représailles” n'affecterait pas les “dix pour cent” des citoyens français “qui ont des liens de sang, de terre, de culture” avec ce pays africain occupé par les troupes françaises entre 1830 et 1962. n'inclut pas non plus les «pieds-noirs», Français qui résidaient en Algérie pendant la période coloniale française.

Toutefois, l'abolition vise à “toucher les dirigeants algériens qui sont en mesure de prendre la décision d'humilier”, ce que le ministre estime “plus intelligent, plus efficace et peut se faire très rapidement”.

Ces déclarations s'ajoutent à celles de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui appelait à la “dénonciation” de l'accord de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de résidence et d'emploi en France. Cet accord, “on peut le dénoncer, le revoir, il a été revu quatre fois, il est devenu un peu obsolète aussi”, a déclaré Darmanin.

“Nous sommes dans un moment très critique et cette humiliation qu'ils veulent nous infliger n'est pas acceptable. C'est un pays souverain qui essaie de le dire et ils ont raison, nous devons les respecter. Mais ils doivent aussi nous respecter. L'Algérie doit respecter la France, la France doit respecter l'Algérie”, a ajouté le ministre, au moment où les relations entre les deux pays, déjà tumultueuses, se sont dégradées avec le cas de “l'influenceur” algérien Doualemn.

Les autorités françaises ont procédé jeudi à son transfert vers l'Algérie, après son arrestation à Montpellier pour avoir encouragé la commission d'actes de violence sur le réseau social TikTok, mais elles ont été contraintes de le transférer à nouveau en raison du veto local. Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé cette expulsion comme étant « arbitraire et abusive » et a rejeté les accusations françaises d'« escalade » et d'« humiliation ».

Ces affaires ouvrent un nouveau front diplomatique avec l'Algérie, avec qui la France a déjà pris ses distances en raison d'une autre arrestation, celle de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Cet auteur a été arrêté mi-novembre à Alger à son retour de France, après avoir tenu des propos polémiques sur la colonisation.

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