Le gouvernement français entame lundi une consultation publique visant à trouver des moyens d’accroître la confiance du public dans la police, après des scandales répétés et médiatisés impliquant des accusations de racisme et de brutalité policière.

La consultation, qui s’appelle «  Beauvau de la Sécurité  » en référence au lieu d’implantation du ministère français de l’Intérieur, a été inaugurée par le Premier ministre Jean Castex, une initiative qui devrait être prolongée au cours des prochains mois et dont les conclusions servir à la tête d’un projet de loi qui pourrait être discuté au Parlement avant les élections présidentielles, prévues pour la mi-2022.

Avec cette initiative, le président Emmanuel Macron cherche à reprendre ses fonctions en faisant de la sécurité l’une de ses priorités à l’issue de son mandat de cinq ans.

«Il faut agir de toute urgence pour consolider le lien entre la police et la population française (…) Je veux agir rapidement et concrètement pour améliorer les conditions de travail pour la noble et essentielle tâche de maintien de la paix. La France est solidaire à travers sa police et les gendarmes », écrivait le président le 8 décembre en annonçant la consultation.

Dans ses déclarations, Castex a indiqué que la consultation sera orientée dans trois domaines: l’organisation, les procédures et le recours à la force. En outre, la relation entre la police et la justice et les liens entre ces organes avec la population seront les pierres angulaires de l’initiative.

Il est prévu que le débat, qui se réunira tous les 15 jours avec les parties concernées, impliquera les dirigeants des principaux syndicats de la police, d’anciens fonctionnaires et des maires. En outre, des médias français tels que «Le Parisien» ont indiqué que huit experts internationaux interviendraient et que le processus serait supervisé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darminin.

Pourquoi la consultation nationale a-t-elle lieu sur la confiance de la police?

Les cas de discrimination et de recours disproportionné à la force ont été les principaux arguments des citoyens pour porter plainte contre la police française.

L’un des cas qui a choqué la nation s’est produit en novembre 2020, lorsqu’une vidéo a été publiée dans laquelle un responsable de la police parisienne est vu en train de battre le producteur de musique afro-descendant Michel Zecler, un fait qui a suscité une vive réaction de la part du gouvernement.

Lors d’un entretien avec un média français, le président Macron a reconnu que les contrôles d’identité effectués par la police visaient de manière disproportionnée les minorités ethniques.

« Quand vous avez une couleur de peau qui n’est pas blanche, ils vous détiennent beaucoup plus. Ils vous identifient comme un facteur de problème. Et cela ne peut pas être justifié », a déclaré Macron, un commentaire qui a provoqué la colère des principaux syndicats de police.

En revanche, des citoyens ont critiqué l’action de la police après avoir participé à une expulsion violente de migrants dans le centre de Paris.

À cela s’ajoutent les dizaines de personnes qui ont été blessées (dont beaucoup ont perdu un œil) lors de la réponse de la police aux manifestations des «  gilets jaunes  » qui ont eu lieu entre 2018 et 2019.

Le débat cherche à améliorer les conditions de la police française

Cependant, malgré les plaintes, le président français reconnaît les actions des organisations de sécurité en première ligne pour contenir les manifestations, généralement violentes, et dans les opérations contre le terrorisme.

En ce sens, pour garantir un meilleur fonctionnement de la police, le chef de l’Etat a proposé d’inclure dans la consultation une évaluation des conditions de travail des agents.

Le Premier ministre français, Jean Castex, a dirigé le lancement de la consultation nationale qui vise, entre autres, à regagner la confiance dans la police du pays.
Le Premier ministre français Jean Castex a dirigé le lancement de la consultation nationale qui, entre autres, vise à regagner la confiance dans la police du pays. © Thomas Coex / Reuters

« Il est urgent d’agir pour renforcer la confiance entre les forces de l’ordre et les Français, et en même temps donner à la police et aux gendarmes les moyens de remplir leurs engagements et les attentes de nos citoyens », a écrit Macron à Yves Lefebvre, dirigeant du syndicat de police SGP-FO.

En décembre, le président avait exprimé sa volonté d’analyser personnellement les problèmes de la police. En outre, il a indiqué que la consultation porterait sur sept domaines dans le cadre d’une éventuelle réforme.

Avec l’AFP

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