Les gouvernements des États-Unis et de l’Allemagne ont annoncé mercredi 21 juillet 2021 un accord qui met fin à un long différend sur la construction du gazoduc qui relie directement la Russie à l’Allemagne. Mais l’Ukraine et la Pologne s’opposent au projet.
Nord Stream 2 est un mégaprojet de 12 milliards de dollars conçu pour doubler l’approvisionnement en gaz russe de l’Allemagne. Et bien qu’il soit achevé à plus de 90 % aujourd’hui, il a longtemps été un point sensible entre Washington et Berlin.
Il s’agit d’un gazoduc qui va jusqu’au fond de la mer Baltique et d’une longueur totale de 1 230 kilomètres, il permettra à la Russie d’augmenter son approvisionnement annuel direct en gaz de la plus grande économie d’Europe de 55 000 à 110 000 millions de mètres cubes.
Mais le projet a suscité des doutes aux États-Unis et dans plusieurs pays européens qui soutiennent qu’il augmentera la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et l’influence géopolitique de Moscou, notamment en Ukraine, l’un des principaux partenaires de Washington.
Mais pourquoi un gazoduc qui ne passe pas par l’Ukraine inquiète-t-il les autorités de Kiev ? Précisément parce que le tube contourne l’infrastructure gazière de l’Ukraine, privant la nation des frais de transit indispensables.
Si la Russie cessait d’expédier du gaz via l’Ukraine, cela priverait Kiev de milliards de dollars en frais de transit lucratifs, ce qui, selon le gouvernement, pourrait compromettre sa sécurité.
Accord controversé entre les États-Unis et l’Allemagne
Malgré la polémique du projet, le Nord Stream est presque achevé et les États-Unis, déterminés à renouer avec l’Allemagne qui se sont détériorés sous l’administration Trump, ont accepté de permettre son achèvement, sous certaines conditions.
Premièrement, la Maison Blanche a menacé d’imposer des sanctions à Moscou si les soupçons de l’Ukraine selon lesquels la Russie utiliserait l’énergie comme arme politique contre elle se matérialisaient.
En outre, Berlin s’est également engagé à user de son influence pour persuader la Russie de prolonger un accord de transit de gaz via l’Ukraine qui expirera fin 2024, ainsi que pour stimuler les investissements dans des projets d’énergie verte dans ce pays.
Le mécontentement de l’Ukraine
L’accord entre les États-Unis et l’Allemagne vise à apaiser les craintes concernant la dépendance européenne à l’égard de l’énergie russe, mais a été immédiatement attaqué par la Pologne et l’Ukraine, qui ont déclaré qu’il n’allait pas assez loin.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a estimé que « de nombreuses questions » subsistaient et a appelé à « des messages plus forts » concernant les problèmes de sécurité posés par le gazoduc.
Pour sa part, le Kremlin a réservé un accueil mitigé au pacte, affirmant qu’il n’était pas d’accord avec certains termes utilisés à propos de la Russie et que Moscou n’avait jamais utilisé l’énergie comme arme géopolitique.
La porte-parole des Affaires étrangères russes, Maria Zájarova, a souligné qu’en dépit des « tentatives de politisation d’un projet bénéfique pour les Européens », Nord Stream 2 sera bientôt lancé.
Avec AP, Reuters et EFE