Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a souligné ce jeudi que le droit à la libre circulation au sein de l’espace Schengen sans frontières est un « pilier » de l’Union européenne qui doit être préservé, après que le président de la France, Emmanuel Macron a annoncé une proposition visant à renforcer le contrôle aux frontières et à donner plus de poids à la gouvernance politique de Schengen.

Ainsi, le ministre espagnol a fait appel à la nécessité de « maintenir une position uniforme » entre les pays partenaires en ce qui concerne la gestion des frontières intérieures, où plusieurs États membres, dont la France, ont maintenu des contrôles systématiques pendant des années alors qu’ils étaient un mécanisme n’est possible que temporairement et dans des conditions strictes conformément aux règles de Schengen.

Marlaska, qui participe à une réunion informelle des ministres de l’intérieur de l’UE à Lille (France), a donc insisté sur la nécessité de maintenir « l’unité des critères » au sein de l’espace commun et « toujours dans la perspective de la libre circulation, qui est un pilier de l’Union européenne ».

L’Espagne partage l’avis qu’il est nécessaire de revoir le fonctionnement de Schengen pour l’adapter aux nouvelles circonstances après des décennies d’établissement, mais défend également que le renforcement de la surveillance et du contrôle de la frontière extérieure de l’UE pour contenir la migration irrégulière est « possible et faisable » avec les progrès technologiques et la coopération avec les pays tiers sans affecter la libre circulation des Européens dans l’espace intérieur.

A la veille de la réunion des ministres européens, Macron a participé avec eux à un dîner qui a débuté par une allocution publique pour poser les bases des propositions que la France veut mettre en avant sur les questions migratoires au cours de ce semestre, tout en assurant la présidence tournante de la UE.

Dans son allocution, le président français a affirmé que la libre circulation sans contrôles au sein de l’espace Schengen sans renforcer la surveillance des frontières extérieures et a également appelé à la nécessité d’instaurer des réunions politiques régulières sur Schengen, sous la forme d’un « Conseil » des ministres européens en la matière, même s’il a assuré que son ambition n’est pas de soustraire des pouvoirs à la Commission européenne sur sa gestion.

La France veut aussi profiter de son semestre de présidence européenne pour débloquer la réforme de la politique commune d’asile que Bruxelles tente de mener depuis 2019 mais qui reste au point mort en raison des divergences entre les pays qui, comme l’Espagne, sont la porte d’entrée de la migration irrégulière et réclament le soutien de leurs partenaires d’accueil, et d’autres plus éloignés qui refusent toute solidarité et veulent laisser tout le poids aux pays de première ligne.

A cet égard, la ministre Marlaska s’est dite convaincue qu’il serait possible de trouver le « point d’équilibre » nécessaire entre la responsabilité des uns et la solidarité des autres, tout en soulignant que le pacte migratoire négocié par l’UE doit être fondé sur les principes de « partage responsabilité et solidarité ».

À cette fin, a-t-il ajouté, l’Espagne maintiendra une position « active » lors des débats pour aider à parvenir à un accord et a salué le fait que la proposition française vise à « maintenir l’équilibre nécessaire », bien qu’il ait averti que le nouveau pacte doit également s’engager à renforcer la coopération avec les pays d’origine et de transit de la migration irrégulière.

La commissaire à l’Intérieur, Ylva Johansson, s’est d’ailleurs déclarée à son arrivée à la réunion des ministres européens à Lille très « inspirée et encouragée » par la proposition de Macron de débloquer les pourparlers sur le pacte, car elle considère qu’elle soulève des questions « réalistes » des idées pour faire de « vrais progrès » dans la négociation.


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