Si les restaurants et cafés en France sont fermés depuis trois mois en raison des restrictions imposées par la pandémie et ne peuvent proposer que des commandes à emporter ou à livrer, certains hommes d’affaires ont décidé d’ignorer la réglementation. En réponse, le gouvernement a annoncé des sanctions sévères pour ceux qui enfreignent la loi.

Trois mois sans ouvrir ses portes et sans pouvoir servir les clients, trois mois sans savoir quand ils pourront reprendre leurs activités. La fermeture des restaurants et cafés en France a pris plus de temps que prévu et a commencé à faire des ravages sur la patience des propriétaires et gérants de ces établissements.

Dans un premier temps, le 20 janvier était la date de réouverture possible si les chiffres de la pandémie le permettaient. Cependant, le nombre d’infections n’est jamais tombé aux 5 000 cas quotidiens attendus par le Gouvernement, en fait pendant des jours où les cas quotidiens ont dépassé 20 000.

À cela s’ajoute l’arrivée dans le pays de variantes du virus, notamment britannique, qui a déjà fait des ravages dans certains territoires comme l’île de France ou Paris.

Un restaurant a fermé à Paris alors que le gouvernement français maintient les bars et restaurants fermés dans le cadre des mesures de restriction pour lutter contre l'épidémie de coronavirus en France, le 5 janvier 2021.
Un restaurant a fermé à Paris alors que le gouvernement français maintient les bars et restaurants fermés dans le cadre des mesures de restriction pour lutter contre l’épidémie de coronavirus en France, le 5 janvier 2021. © REUTERS – FUENTES DE GONZALO

Un appel à la désobéissance civile se répand dans les restaurants français

Sans réouverture anticipée en vue, un air de révolte a surgi dans toute la France. Tout a commencé par un appel à se révéler par Stéphane Turillon, propriétaire de «La Source Bleue», un restaurant dans le Doubs, à l’est du pays. Son appel a été soutenu par Yannick Aleno, l’un des chefs les plus respectés du pays.

Turillon manifeste son mécontentement sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois. Dans la vidéo la plus regardée, il a invité à «faire une révolution» et a exhorté ses collègues à ouvrir leurs établissements: cafés, restaurants et bars le 1er février. Cette vidéo, publiée début janvier, a touché environ 45 000 personnes.

Enfin, Turillon a décidé de ne pas ouvrir le jour convenu, compte tenu de la présence des gendarmes et des risques que comportait cette réouverture non autorisée. Cependant, son appel a encouragé les autres à suivre ses traces. Un groupe appelé «Mon restaurant ouvre le 1er février» a été créé sur Facebook, qui compte environ 28 000 membres.

Certains n’ont pas attendu cette date et ont ouvert clandestinement ces derniers jours. Mercredi de la semaine dernière, un gérant de restaurant a ouvert ses locaux au public niçois. Il a été détenu par la police et ses clients, une centaine environ, ont été condamnés à une amende de 135 euros par tête.

Des cas comme celui-ci se répètent dans tout le pays. L’un des plus discutés s’est produit à Paris. Sur l’île de la Cité, le restaurant L’Annexe a servi une dizaine de convives en terrasse pour le déjeuner du vendredi 29 janvier. La police n’a pas tardé à arriver et à infliger une amende à tous les clients.

Même le journal «Le Parisien» a publié un rapport détaillé ces derniers jours. Dans celui-ci, deux de ses reporters ont réussi à manger sur des nappes dans plusieurs restaurants, entrant dans une salle pleine de clients qui entraient par une porte de service. Apparemment, les sites ouverts se font connaître par le bouche à oreille dans chaque quartier de la capitale.

« Nous avons des réservations complètes pour le déjeuner. Il est vrai qu’avec l’aide du gouvernement et cette ouverture illégale nous pouvons survivre. Si nous ne le faisons pas, ce sera la mort pour nous », a expliqué le propriétaire d’un restaurant dans l’article précité.

Selon les chiffres des autorités, dans la capitale française et ses environs, au moins 390 restaurants ont été condamnés à une amende.

Le gouvernement met en garde contre des sanctions en cas de réouverture clandestine

Face à ces airs de résistance, le gouvernement a émis un avertissement le 1er février. Le responsable de cette opération était le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, dans une interview à la radio française RTL. Il a expliqué que ceux qui enfreignent la loi peuvent voir l’aide du fonds de solidarité suspendue pendant un mois. En cas de récidive, l’annulation peut être définitive. En plus de cela, ils pourraient être contraints de maintenir leur fermeture pendant encore deux ou trois mois.

« C’est extrêmement difficile pour les restaurateurs, moralement et économiquement (…) mais cela ne justifie pas le non-respect des règles, qui sont des règles sanitaires », a déclaré le ministre.

Ce fonds de solidarité correspond actuellement à 10000 euros par mois ou une indemnité équivalente à 20% du revenu réalisé en 2019, avec une limite maximale de 200000 euros par mois.

Il convient de noter que certaines dérogations sont en vigueur pour certains restaurants, qui peuvent n’ouvrir leurs portes qu’aux travailleurs qui travaillent à l’extérieur dans le froid et aux chauffeurs de camion. Dans ces cas, il appartient à chaque préfecture de délivrer ces permis.

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