Le gouvernement de Gabriel Boric a présenté vendredi 1er juillet une réforme fiscale très attendue avec laquelle il vise une collecte plus élevée, dans l’un des pays de l’OCDE où les inégalités sont les plus fortes. Les grandes sociétés minières sont parmi celles appelées à augmenter leurs contributions.

Le ministre chilien des Finances, Mario Marcel, a présenté un projet de réforme fiscale qui, entre autres, augmente les redevances pour les entreprises qui produisent plus de 50 000 tonnes de cuivre par an, un métal de base utilisé principalement dans les travaux d’infrastructure.

L’initiative vise également à augmenter les impôts des personnes à revenu élevé pour financer les programmes sociaux et les réformes proposées par le gouvernement, ainsi qu’à renforcer les outils de lutte contre l’évasion fiscale.


Le projet de réforme fiscale a été présenté par le président Gabriel Boric
Le projet de réforme fiscale a été présenté par le président Gabriel Boric ©France 24

Le projet impacterait principalement les géants mondiaux du cuivre tels que Codelco, BHP, Anglo American Glencore et Antofagasta, qui opèrent depuis des années dans le plus grand producteur mondial de métal rouge.

« Cela signifie une augmentation des revenus de redevances, une augmentation de la part de l’État dans les revenus miniers », a déclaré Marcel. « Mais aussi s’assurer que le secteur minier dispose de revenus suffisants pour encourager les investissements. »

Le plan comporte deux volets : l’un est une taxe comprise entre 1 % et 2 % pour les entreprises qui produisent entre 50 000 et 200 000 tonnes de cuivre fin par an, et un taux compris entre 1 % et 4 % pour celles qui en produisent plus de 200 000.

L’autre composante est un taux entre 2% et 32% sur les bénéfices pour des prix du cuivre entre deux dollars et cinq dollars. Les deux composants varient en fonction du prix du cuivre.

À cet égard, Álvaro Merino, responsable des études à la Société nationale des mines du Chili, a déclaré à France 24 que « les investisseurs se déplacent dans le monde et ils iront là où ils bénéficient de plus grandes facilités et conditions ».

Le Chili a développé sa politique minière avec un succès relatif au cours des dernières décennies. Selon Merino, « de nombreux pays ont des ressources minières, mais beaucoup ne les ont pas exploitées en raison du cadre institutionnel qui a été mis en place. Le Chili a connu un changement radical au cours des trois ou quatre dernières décennies et cela est dû au cadre institutionnel qui a été créé pour développer l’exploitation minière. La sécurité juridique et la stabilité des règles sont essentielles ici ».

Un projet qui arrive à un moment où les prix sont bas

Le contrat d’achat de cuivre à trois mois à la Bourse des métaux de Londres a chuté de 2,7 % vendredi à un peu plus de 8 000 dollars la tonne, revenant aux niveaux de février 2021. Sur le trimestre, il a chuté de 20 % comme il ne l’avait pas fait sur un trimestre depuis 2011.

« La baisse du prix du cuivre s’explique fondamentalement par les craintes croissantes qu’un resserrement de la politique monétaire des banques centrales ne conduise à une récession mondiale, qui contractera la demande de métaux, en particulier de cuivre », a expliqué Merino.

Le cuivre est la principale activité d’exportation du Chili et représente environ 90 % du PIB minier, qui au cours des 15 dernières années a représenté entre 12 et 13 % du PIB.

« Pour chaque centime annuel moyen supplémentaire que le prix du cuivre augmente, les revenus d’exportation augmentent de 125 millions de dollars et le Trésor augmente ses revenus de 60 millions de dollars », a conclu le dirigeant syndical.

Avec Reuters et EFE

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