Les déchets encombrants, un défi à multiples enjeux dans le monde

Les pays participants à la Conférence des Nations unies sur le climat se réuniront à partir du 30 novembre de Paris lors de la COP21. Ils discuteront des enjeux actuels en matière d’environnement. La gestion du traitement des encombrants est au cœur de la question des déchets et du recyclage mais elle revêt des formes et des enjeux divers autour du monde. Alors que le nombre de déchets solides explose au rythme d’une urbanisation galopante, s’accorder sur une marche écologique commune dans leur traitement relèvera donc du défi. Tour d’horizons en infographie.

TOUR DU MONDE DES ENCOMBRANTS – UNE GRANDE DIVERSITE DES ENJEUX

(cliquer sur l’image pour voir l’infographie)

En 2012, trois milliards de citadins produisaient 1,3 milliards de tonnes de déchets solides par an. D’ici à 2025, 2,2 milliards de tonnes de déchets sont attendus dans la production annuelle des villes, d’après la Banque mondiale, soit une hausse de 70% des déchets solides municipaux. Dans cette étude, l’organisation internationale tente d’identifier les différences de situations, afin de trouver les solutions adaptées à des contextes divers.

Les encombrants ne présentent pas forcément que des aspects négatifs. La revue Waste Management World illustre comment cette gestion peut être prise en charge et profitable pour des entreprises qui assureraient le cycle de ces objets, en évitant ainsi un stockage de moins en moins envisageable sur le long terme. En Australie, le marché de services de gestion des déchets solides représentera en 2018 8,21 milliards de dollars d’après un rapport de l’entreprise Frost & Sullivan. Une clé de lecture importante pour envisager le futur des encombrants.

Les pays développés ont depuis longtemps un système de ramassage des déchets ménagers qui permet d’assurer au maximum le recyclage. Ils développent par ailleurs de nouveaux types de recycleries pour faciliter la réutilisation des matériaux. Mais ils doivent faire face à des difficultés de gestion faute de place et de financements. La France, d’après un article de The Guardian, serait ainsi la dernière dans la liste des pays tirant profit du système de collecte des encombrants. En effet, elle est le seul pays qui ne considère pas le ramassage sur la voie publique comme du vol. Ainsi à Rennes, par exemple, 30% des déplacements sur rendez-vous se révèlent infructueux, d’après un article du Monde, car les objets ont déjà été collectés par les passants. C’est pourquoi les villes s’orientent maintenant davantage vers l’apport volontaire, qui limite les dépenses inutiles de la municipalité et favorise l’apport d’objets en bon état, pouvant être recyclés.

Dans les pays en voie de développement, c’est une autre affaire. Chacun tente de faire face aux problématiques environnementales posées par une urbanisation rapide, avec plus ou moins d’efficacité.

En Afrique, des déchets essentiellement métalliques

En Afrique, c’est l’ensemble des déchets qui pose problème, car l’accès aux déchèteries est difficile. Très souvent, on assiste à des dépôts sauvages. Les encombrants commencent tout juste à entrer dans les préoccupations des pays africains, car l’urbanisation rapide a posé de nouvelles problématiques environnementales : ces déchets sont essentiellement métalliques. L’absence de système de collecte des déchets solides soulève aussi des problèmes sanitaires, avec la pollution de l’eau, et les risques de blessures pouvant propager des maladies comme le tétanos.

L’Afrique du Sud apparaît comme le chef de file du continent en la matière. En effet, si les collecteurs officieux continuent de récolter personnellement les encombrants dans les « townships » du Cap, le pays dispose de plus en plus d’infrastructures favorisant le recyclage des déchets. A Johannesbourg, le service des déchets Pikitup a lancé récemment un nouveau service de ramassage qui s’apparente à celui des pays développés : il propose aux ménages de récupérer leurs encombrants une fois par mois sans charge.

Le Chili en tête en Amérique du Sud, la Russie à la traîne

L’Amérique du Sud connaît aussi les glaneurs officieux, qui traversent la ville avec leurs chariots remplis de cartons, comme à Buenos Aires. Le Chili est en tête dans l’avancée des services de ramassage, avec un taux de collecte qui peut atteindre 100% dans certaines grandes villes.

La problématique russe est, elle aussi, différente. Les déchets solides sont peu pris en charge, ce qui entraîne la multiplication des sites illégaux. Les préoccupations russes se tournent bien davantage vers les déchets radioactifs, comme le montrent les examens environnementaux de l’OCDE.

L’Asie connaît aussi des failles et des difficultés dans sa gestion des déchets solides, du fait de sa croissance démographique et urbaine et de l’industrie du tourisme en Indonésie. L’Inde, depuis son explosion démographique, doit faire face à la problématique toujours grandissante des déchets. Malgré la campagne lancée par le gouvernement indien à New Delhi en 2003 « Clean Delhi, Green Delhi », les mini-déchetteries ne parviennent pas à assurer la propreté de la ville et encore moins le développement d’un système de recyclage des encombrants. Celui-là est surtout assuré par des chiffonniers, explique Ranjith Annepu, coordinateur du Comité de recherche et technologie concernant la transformation des déchets en énergie de l’université de Columbia (WTERT). Il s’agit souvent d’hommes pauvres originaires de la campagne et qui survivent en dénichant dans les bennes du métal, du plastique, qu’ils revendent par la suite.

Si les statistiques officielles de la Chine ne révèlent pas toujours l’étendue de sa production de déchets (cf. infographie), celle-ci s’est toutefois munie d’un ensemble de lois et projets pour assurer leur traitement. Ainsi,  d’après les examens environnementaux de l’OCDE, plusieurs lois encadrent depuis les années 1990 la protection de l’environnement et la maîtrise de la pollution par les déchets solides. Par ailleurs, les dirigeants chinois ont récemment mis l’accent sur une économie circulaire considérée comme un modèle alternatif de croissance économique.

Malgré des contextes très différents, le concept des trois R, « Réduire, Réutiliser, Recycler », est donc appelé à devenir le maître mot des prochaines années. Il fait partie des débats sur l’avenir économique, autant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, au niveau local, national et mondial.

Constance Daire

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