La pénurie mondiale de semi-conducteurs résultant de la pandémie continue d’entraver les efforts des grands constructeurs automobiles pour surmonter les problèmes d’approvisionnement et les oblige à minimiser leurs ambitions. Toyota, Tesla, Renault, entre autres, ne croient pas que les problèmes seront résolus cette année.

Si avant la pandémie un véhicule en Colombie perdait de la valeur rien qu’en quittant la concession, aujourd’hui la tendance est totalement inverse : l’heureux acquéreur aura un atout qui s’apprécie au fil des jours.

« Pour donner une idée, à l’ère pré-pandémique, avant 2019, pour chaque nouveau véhicule qui arrivait sur le marché, trois d’occasion se déplaçaient dans la chaîne et aujourd’hui entre sept et huit déménagent », a expliqué Eduardo Visbal Rey à France 24. , vice-président du commerce extérieur de la Fédération nationale des commerçants de Colombie.

Ce phénomène n’est pas gratuit, ni de la seule responsabilité du pays sud-américain : la pénurie mondiale de semi-conducteurs a rendu l’industrie incapable de répondre à la demande croissante de véhicules neufs, exacerbant l’appétit pour les véhicules d’occasion.

Les grands constructeurs mondiaux, qui viennent de clôturer un trimestre décevant en termes de croissance, ont déjà commencé à réduire leurs mises, effaçant les objectifs de production ambitieux fixés en début d’année.

Le japonais Toyota Motor, premier au monde en volume de ventes, a reconnu ce vendredi 21 octobre que sa production annuelle de véhicules serait probablement inférieure à son objectif initial.

Pour l’exercice en cours, qui a commencé en avril et se termine en mars 2023, la société prévoyait d’atteindre un record de 9,7 millions de véhicules. La production d’octobre et de novembre sera inférieure au plan mensuel moyen de 900 000.

« Les véhicules ont des composants très importants de nature technologique sans lesquels ils ne peuvent pas fonctionner. Cette production a été retardée car les fournisseurs préfèrent les vendre aux usines de téléphones portables et d’articles de haute technologie, sûrement pour des raisons économiques », a ajouté le responsable syndical.


La demande, toujours forte, menace de s’essouffler

Bien que la production automobile reste globalement limitée en raison des pénuries de puces, la hausse de l’inflation, les taux d’intérêt élevés et les risques croissants de ralentissement économique sur les principaux marchés ont assombri les perspectives d’une demande qui s’est maintenue.

Le directeur général de Tesla, Elon Musk, a déclaré plus tôt cette semaine qu' »une sorte de récession » en Chine et en Europe pesait sur la demande pour ses voitures électriques.

Au cours des neuf mois précédant septembre, le constructeur automobile de luxe a presque triplé ses bénéfices par rapport à la même période un an plus tôt. Cependant, en termes de revenus, il a déçu le marché.

Au début de cette année, l’actif vedette de l’homme le plus riche du monde avait prédit qu’il augmenterait ses ventes de 50 %, mais jusqu’à présent, il ne l’a pas fait au rythme qu’il prévoyait.


Tesla a triplé ses bénéfices entre janvier et septembre, mais n'atteint pas les objectifs de production.
Tesla a triplé ses bénéfices entre janvier et septembre, mais n’atteint pas les objectifs de production. ©France 24

Le vice-président financier de Renault, Thierry Piéton, a assuré ce vendredi lors d’une conférence avec des investisseurs que non seulement la pénurie de puces affecte l’industrie, mais aussi le manque d’autres matières premières comme le lithium.

En ce sens, « un pic significatif des prix des matières premières est attendu au second semestre ». L’exécutif a reconnu que le niveau des stocks de ses concessionnaires est encore très bas.

Selon ses propres mots, qui pourraient bien résumer la situation de toute la filière : « Nous sommes toujours clairement dans une situation de demande qui dépasse largement l’offre. »

Avec Reuters et AP

A lire également