Les basketteuses de l’INSEP jouent comme des grandes

Samedi 3 octobre, les basketteuses de moins de 16 ans ont joué leur premier match de la saison à l’Institut National du Sport (INSEP). Ces jeunes sportives jouent dans le même championnat national que les adultes. Reportage.

Samedi après-midi au cœur du Bois de Vincennes, près de Paris. Bien caché au milieu de la forêt, l’Institut National du Sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) n’a pas fermé ses portes pour le week-end. Si l’enceinte semble à première vue délaissée, tous les sportifs internes ne sont pas retournés dans leur famille pour récupérer de leur semaine d’entraînement. Dans le complexe sportif « Nelson Paillou » (du nom d’un ancien handballeur français), l’équipe féminine des « moins de 16 ans » du Centre fédéral de basketball (CFBB) est en plein échauffement, dans une salle au nom pour le moins inspirant : le gymnase Tony Parker.

Les moins de 16 ans du Centre Fédéral autour de Cathy Melain, entraîneur adjointe
Les moins de 16 ans du Centre Fédéral autour de Cathy Melain, entraîneur adjointe. Crédits Photo : Antoine Maignan

Déjà dans la cour des grand(e)s

Le Centre fédéral de basket, parfois appelé « Pôle France » de Basket, regroupe chaque année au sein de l’INSEP l’élite des jeunes basketteurs français. Environ 50 filles et garçons de 15 à 18 ans, qui vivent ici comme dans un internat, s’entraînent au quotidien dans les gymnases de l’INSEP pour préparer la carrière de sportif de haut niveau qui les attend. Durant la saison régulière qui commence en septembre, ces jeunes athlètes sont intégrés aux championnats nationaux… des adultes. Les « moins de 16 ans » féminines jouent par exemple chaque week-end en catégorie « Nationale 1 », qui correspond à la troisième division féminine en France. Une façon de les confronter le plus tôt possible au haut niveau et à des joueuses beaucoup plus âgées.

Ce samedi, place donc au deuxième match de la saison, le premier à domicile, pour ces toutes jeunes basketteuses nées entre 1999 et 2001. Elles accueillent à l’INSEP les joueuses de La Glacerie, club de Basse-Normandie. Dans leurs survêtements officiels de l’Equipe de France, l’échauffement des filles est parfaitement rôdé. Les ballons fusent, les passes s’enchaînent et les paniers sont comptés à haute voix.

Dans les tribunes, Arnaud Guppillotte, l’entraîneur de l’équipe, n’a pas besoin de guider ses joueuses dans leurs exercices. Cet échauffement, elles le connaissent par cœur et le réalisent tous les jours à l’entraînement. Dans le public, les familles des joueuses sont là, mais aussi quasiment toute l’équipe « moins de 18 ans » garçons venue supporter leurs camarades d’internat.

Marine Fauthoux a montré son caractère de battante à seulement 14 ans. Crédits Photo : Antoine Maignan
Marine Fauthoux a montré son caractère de battante à seulement 14 ans. Crédits Photo : Antoine Maignan

« Une superbe génération »

Le match commence. Difficile de ne pas être bluffé par l’aisance technique des joueuses. Ces filles-là ont le basket dans le sang et ça se voit. Pas étonnant d’ailleurs de retrouver sur la feuille de match quelques noms que les plus grands amateurs de basket connaissent bien. Fauthoux, Chéry, Rupert : tous des anciens basketteurs professionnels dont les filles suivent les traces. « On a une superbe génération, confie Arnaud Guppillotte, qui entraîne cette catégorie d’âge depuis 2008. Pour cette saison, on a même trois filles nées en 2001 dans l’équipe, c’est extrêmement rare d’avoir autant de joueuses de seulement quatorze ans au pôle France. »

Des talents précoces qui viennent renforcer un effectif qui était déjà très solide la saison dernière. Seul bémol, le grand nombre de blessures qui pénalise l’équipe en ce début de saison. « En ce moment, on a sept filles qui ne peuvent pas jouer, la plupart étaient déjà blessées avant la reprise, explique Arnaud Guppillotte. On a dû faire redescendre des « cadettes » (années de naissance 1999 et 1998, ndlr) pour avoir un effectif complet. Mais ces filles ne se sont presque jamais entraînées toutes ensemble. »

Pourtant, sur le parquet, les automatismes sont présents, malgré quelques imprécisions. A la fin du deuxième quart-temps, les filles du CFBB sont menées 34-27 mais s’accrochent toujours. Un score qui n’étonne pas leur coach. « On n’a commencé l’entraînement qu’en septembre et c’est seulement notre deuxième match. En face, les joueuses de La Glacerie ont fait huit matches de préparation pendant l’été. »

Pas surprenant donc que les réglages ne soient pas encore tout à fait au point selon Arnaud Guppillotte, qui a tout de même demandé beaucoup plus d’intensité et de vitesse à ses joueuses durant la pause. « Chaque année, c’est la même chose. On monte en puissance plus tard que les autres équipes. C’est pour ça que nos adversaires sont contents quand ils nous rencontrent en début de saison« , sourit-il.

Kenza Salgues (d.), 15 ans, a terminé meilleure marqueuse de son équipe. Crédits Photo : Antoine Maignan
Kenza Salgues (d.), 15 ans, a terminé meilleure marqueuse de son équipe. Crédits Photo : Antoine Maignan

« On ne peut pas s’empêcher d’être impatient »

A la mi-temps, les garçons venus encourager leurs camarades du pôle France se défient aux shoots « main gauche ». L’ambiance est à la rigolade mais ce que l’on sent surtout, c’est la passion qu’ont ces jeunes pour leur sport. Au retour des vestiaires, les encouragements redoublent. Les « défense, défense ! » scandés par le banc des remplaçantes sont repris par une partie du public. L’intensité physique augmente sur le parquet. Sous l’impulsion de Kenza Salgues, meneuse de 15 ans et auteure de plus de 10 points durant la partie, les joueuses du Centre Fédéral s’accrochent. Sur leurs visages d’enfants, les jeunes filles ont un regard déjà marqué par la détermination propre aux plus grandes championnes.

Malgré tous leurs efforts, un petit manque de discipline et d’expérience en fin de match scelleront la victoire des Normandes de La Glacerie, plus régulières et plus précises. Le score final (54-66) est encourageant si tôt dans la saison pour les filles de l’INSEP, même si des habitués présents dans les tribunes sont frustrés par l’arbitrage ou quelques mauvaises performances individuelles.

Arnaud Guppillotte connaît bien ce sentiment, mais il sait qu’il ne faut pas aller trop vite. « C’est toujours facile de se plaindre quand on n’est pas sur le terrain. Même Tony Parker nous frustre parfois, pourtant il joue en NBA, explique-t-il. Avec des joueuses aussi talentueuses, on a forcément tendance à être impatient. Moi-même, je suis un impatient de nature, mais il faut savoir prendre le temps nécessaire. » Du temps, les basketteuses de l’INSEP en ont encore beaucoup avant d’espérer rejoindre l’équipe de France féminine, ultime graal dans une carrière qui a déjà commencé du côté de Vincennes.

Laureline Daresse (15 ans) aux lancers-francs. Crédits : Antoine Maignan
Laureline Daresse (15 ans) aux lancers-francs. Crédits : Antoine Maignan

Antoine Maignan

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