Le gouvernement de transition du Mali a dénoncé une violation de son espace aérien par un avion militaire français après la fermeture de ses frontières en réponse aux sanctions imposées dimanche par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sur fond de nouvelle recrudescence des tensions avec Paris.

Le ministère de l’Administration territoriale a indiqué dans un communiqué que l’avion « a effectué un vol sur la liaison Abidjan-Gao-Abidjan le mardi 11 janvier » et a souligné qu' »il s’agissait d’une violation manifeste de l’espace aérien ».

Ainsi, il a ajouté que l’appareil « avait éteint son transpondeur pour ne pas être identifié et coupé la communication avec les agences de contrôle aérien maliennes », dans ce qu’il a qualifié de « manœuvre frauduleuse » malgré laquelle l’avion a été identifié.

« Le gouvernement dénonce cette violation de l’espace aérien malien aux autorités françaises, qui ont décidé de soutenir les sanctions de la CEDEAO, notamment la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre leurs pays et le Mali », a-t-il souligné.

A cet égard, il a rappelé que « le Gouvernement du Mali, en application de la réciprocité aux sanctions imposées par la CEDEAO, a procédé à la fermeture de ses frontières avec les pays membres de la CEDEAO, à l’exception de la Guinée ».

La CEDEAO a imposé des sanctions sévères à Bamako après que les autorités ont proposé de prolonger la transition de cinq ans, en violation de la « feuille de route » convenue après le coup d’État d’août 2020. L’armée cite l’insécurité persistante dans le pays, en proie à des violences de toutes sortes , et la nécessité de réformes constitutionnelles pour garantir la fiabilité des élections.

Une coalition de partis politiques a exprimé le 2 janvier son rejet du plan présenté par le gouvernement visant à étendre la période de transition à cinq ans, qu’ils ont qualifié d’« unilatéral et déraisonnable ». Ainsi, ils ont dénoncé qu’il « prolonge le passage à une période cumulée de six ans et six mois ».

Enfin, le communiqué publié par le ministère de l’Administration territoriale précise que Bamako « décline toute responsabilité quant aux risques auxquels pourraient être exposés les auteurs de ces pratiques en cas de nouvelles violations de l’espace aérien ».

Par la suite, le ministre des Transports et des Infrastructures du Mali, Dembele Madina Sissoko, a indiqué que la compagnie aérienne française Air France « a décidé (…) de suspendre tous ses vols à destination ou en provenance de Bamako jusqu’à nouvel ordre ».

« Cette décision brutale a été adoptée par Air France sans concertation préalable et sans justification transmise aux autorités aéronautiques maliennes », a-t-il déclaré, avant de déplorer l’impact qu’elle aura sur le transport aérien.

La compagnie aérienne a confirmé que la décision avait « un effet immédiat » et a ajouté qu’elle intervient « en application des décisions des autorités françaises » après le soutien de Paris aux sanctions de la CEDEAO, comme la chaîne de télévision française a collecté France 24.

Ces déclarations sont intervenues après que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accusé mercredi la junte militaire du Mali d’avoir utilisé des mercenaires russes du groupe Wagner pour s’accrocher au pouvoir dans le pays. « Le groupe est là pour soutenir la junte, mais ce faisant, ils font croire aux gens qu’ils combattent le terrorisme », a-t-il soutenu.

Ainsi, le ministre a souligné que les mercenaires du groupe Wagner ne sont pas dans le pays parce que « la communauté internationale s’en va » mais parce que « la junte veut qu’ils s’accrochent au pouvoir quel qu’il soit ».

Le gouvernement de transition a reconnu la présence d’instructeurs militaires russes dans le pays, dans le cadre d’un mandat similaire à celui confié à la mission de formation de l’Union européenne (UE), tandis que plusieurs pays du bloc européen accusent à leur tour les autorités maliennes d’embaucher des mercenaires de la Groupe russe Wagner pour renforcer la sécurité nationale.

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