Des milliers de femmes seront indemnisées après que la cour d’appel de Paris a confirmé ce jeudi 20 mai la responsabilité de la société de certification allemande TÜV Rheinland, dans le cas de prothèses mammaires défectueuses de la société française PIP.
C’est un scandale qui a commencé il y a deux décennies. La décision du tribunal parisien ouvre la voie à des milliers de personnes ayant subi des blessures physiques avec les produits de la société française PIP (Poly Implant Prosthese), qui a vendu un million de prothèses mammaires entre 2001 et 2010, réalisées avec des charges industrielles bon marché et ce au fil du temps, ils ont pénétré le corps de nombreuses femmes.
La Cour d’appel de Paris a estimé que la société de certification allemande TÜV Rheinland avait fait preuve de négligence dans la validation de ces implants comme sûrs. Le silicone avec lequel ils ont été fabriqués s’est infiltré dans le corps de milliers de femmes, affectant les ganglions lymphatiques, les poumons et d’autres organes. Des douleurs dans les membres, de la dépression et de la fatigue ont été signalées parmi d’autres effets secondaires.
Pendant dix ans, PIP a commercialisé des implants mammaires remplis de silicone industriel et, grâce à la certification de la société allemande, a pu les placer avec le sceau de qualité européen CE pour les distribuer dans plus de 60 pays.
On estime que le nombre de victimes dans le monde atteint 400 000, dont des milliers de femmes latino-américaines.
La Colombie et le Venezuela, parmi les pays les plus touchés par les implants PIP
Le certificateur allemand TÜV Rheinland, chargé d’approuver la qualité des produits de la société PIP, a fait valoir qu’il avait été victime d’une fraude de la part de ladite société.
En novembre 2020, Christelle Coslin, l’un des avocats du TÜV Rheinland, a nié toute responsabilité. Lors d’une audition en novembre, il a expliqué que PIP « a tout fait pour tromper les patients, mais aussi les autorités sanitaires et l’organisme de vérification TÜV ».
En 2013, la société allemande avait déjà été reconnue coupable de «manquement à ses obligations de contrôle et de surveillance» et a dû indemniser six distributeurs et près de 1 700 victimes.
Puis, en 2015, la cour d’appel d’Aix-en-Provence, dans le sud de la France, a annulé cette décision et dégagé le certificateur allemand de toute responsabilité. Cependant, en 2018, la Cour suprême a annulé la décision et renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Paris.
Désormais, dans ce dernier cas soulevé par quelque 2 500 femmes touchées, le TÜV Rheinland devra indemniser chacune des victimes de 3 000 euros.
Ce versement sera provisoire, puisque l’avocat français Olivier Aumaître, qui défend environ 20000 personnes concernées, regroupées au sein de l’Association mondiale des victimes d’implants PIP (PIPA en anglais), a demandé entre 17000 et 70000 euros selon le degré de dommage subi par chaque femme. Pour l’instant, l’indemnisation finale du premier groupe de victimes sera connue en septembre.
« C’est aujourd’hui le jour de la victoire des victimes de greffes frauduleuses dans le monde », a déclaré Aumaître après avoir entendu la décision du tribunal parisien jeudi.
Mais l’aide financière pour ce groupe de personnes touchées n’est qu’une petite partie des près de 400 000 personnes qui ont subi des dommages causés par les implants PIP. Selon les données publiées par PIPA, les pays où le plus de cas de rupture de prothèses mammaires ont été enregistrés sont: Colombie (60000), Venezuela (40000), Royaume-Uni (50000), France (30000), Espagne (18000) Brésil (12000) ), L’Italie (10 000), le Mexique (10 000), l’Argentine (12 000), l’Australie (6 000), entre autres.
Avec EFE, Reuters et les médias locaux