Ce mercredi, le ministre de la Transition écologique a présenté au Conseil des ministres le projet «Loi climat et résilience», fruit des propositions de la Convention citoyenne. Cependant, pour les ONG, le texte n’est pas à la hauteur des ambitions annoncées.

Le texte compte 65 articles qui concernent tous les aspects de la vie: travail, logement, transport, alimentation, consommation et renforcement de la protection juridique de l’environnement. Selon le gouvernement, il s’agit de la loi la plus importante sur le climat du mandat d’Emmanuel Macron.

En effet, le président espère à travers un référendum pouvoir modifier la Constitution pour inclure dans le premier article la protection de l’environnement et de la biodiversité parmi les devoirs de l’Etat.

Le projet est le fruit des réflexions qui pendant neuf mois ont été au centre de la Convention Citoyenne sur le Climat. Les propositions apparaissent dans un rapport de 500 pages remis le 21 juin 2020 au gouvernement.

L’objectif de ce projet de loi, présenté par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, est que la France parvienne, comme annoncé, à réduire ses émissions de carbone de 40% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Pour cela, les comportements individuels mais aussi collectifs doivent être modifiés. Macron avait promis de reprendre les 149 propositions de la Convention, mais au final le texte est moins ambitieux que ce qui avait été annoncé et n’en reprend que 146 mais pas mot pour mot.

Restrictions sur les maisons énergivores

Selon le texte, en cas de vente immobilière, un audit sur la consommation d’énergie sera obligatoire; les diagnostics de consommation doivent être généralisés. Ceux-ci évaluent la consommation énergétique d’une maison ou d’un bâtiment et son impact en termes de gaz à effet de serre. À la fin, une étiquette est délivrée avec une note allant de A à G, A étant le meilleur et G étant le moins performant.

L’objectif est que les maisons avec les pires classifications, F et G, ne puissent pas être louées à partir de 2028. Environ 5 millions seraient dans cette bande.

De plus, le gouvernement propose de réduire de 50% l’artificialisation du sol, c’est-à-dire l’occupation du terrain pour construire des maisons ou des infrastructures. Dans ce cas, la construction de nouvelles zones commerciales, par exemple, serait interdite.

Restrictions à la publicité des produits polluants

Sur la base de ce texte, ni les énergies fossiles ni celles qui contribuent à l’effet de serre ne pouvaient faire l’objet de publicité. Cependant, il s’agit d’une mesure moins radicale que celle demandée par la Convention, qui voulait supprimer toute publicité pour les produits polluants comme les gros véhicules utilitaires.

Une autre mesure en deçà des attentes de la Convention est l’interdiction de diffuser de la publicité dans les boîtes aux lettres à domicile. Le gouvernement se contente d’expérimenter volontairement son interdiction pendant 36 mois. Ceci est laissé aux gouvernements locaux.

Transport: interdiction de certains vols intérieurs

Ce secteur est celui qui génère le plus de pollution dans le pays. Si un trajet peut être effectué en train direct en moins de 2h30, un vol commercial ne pourra plus couvrir cet itinéraire. La Convention a demandé que l’interdiction soit pour les voyages aériens de quatre heures. Ainsi, selon un communiqué du responsable de la campagne transports de Greenpeace France, cela ne concerne «que cinq des liaisons aériennes nationales, sur la centaine existantes».

Les compagnies aériennes devront également compenser leurs émissions de carbone des vols intérieurs (50% en 2022, 70% en 2023, 100% en 2024). Cela signifie compenser ses propres émissions de Co2 en finançant des projets de réduction de la pollution atmosphérique.

Quant aux véhicules, depuis 2030, ceux qui polluent le plus ne pouvaient plus être vendus. La loi prévoit également la création de zones à faibles émissions d’ici 2025 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants. Cela restreindra la circulation de certains véhicules.

Alimentation: plus d’options végétariennes et d’agriculture durable

On s’attend à ce que d’ici 2025 un menu avec plus de variété de produits végétariens soit proposé dans les restaurants des communautés locales, mais aussi que 50% des repas auront des produits durables et 20% bio. Dans tous les cas, ce sera quelque chose qui sera vécu par les communautés qui souhaitent participer. Cela serait valable pour les 3 000 millions de repas servis chaque année dans ces établissements.

Dans le dernier point, le projet expose rapidement la création d’un «crime d’écocide». Cela punira les personnes physiques et morales qui causent délibérément de graves dommages à l’environnement. Dans certains cas, les peines peuvent aller jusqu’à 10 ans de prison et une amende de 4,5 millions d’euros.

Cependant, à ce stade, les demandes de la Convention sont insuffisantes puisque sa liste de propositions appelait à la création d’un crime d’écocide, une classification qui entraînerait des peines plus sévères.

« Il y a du bien dans ce texte, mais au final beaucoup de nos mesures ne le sont pas », a expliqué Grégoire Fraty, l’un des 150 citoyens de la Convention en France 24. « Il est dommage que les ambitions aient été réduites au plus bas. », at-il ajouté.

Le projet de loi sera examiné début mars par une commission de l’Assemblée nationale et en séance plénière, le 29 de ce mois. Les débats devraient durer trois semaines avant d’être examinés par le Sénat. Le vote final aurait lieu au cours de l’été.

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