Selon les chiffres du ministère de la Culture, les Français lisent moins mais écrivent de plus en plus. Depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19, la maison d’édition Gallimard a reçu près du double du nombre de manuscrits. À tel point que la société a demandé aux écrivains en herbe sur Twitter de «calmer» leurs soumissions. Quelque chose de similaire a vécu dans d’autres maisons d’édition lors du premier confinement.

« Compte tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de reporter l’envoi des manuscrits. Faites toujours attention et bonne lecture. » Avec ce message publié à plusieurs reprises sur son compte Twitter. la prestigieuse maison d’édition française Gallimard tente d’étancher la soif d’écriture française.

Si, avant la crise sanitaire, Gallimard recevait 30 manuscrits par jour, ce chiffre est passé à 50 l’année dernière.

Selon Gabrielle Lécrivain, rédactrice en chef chez Gallimard, «Nous veillons à accorder une attention égale à tous les manuscrits que nous recevons et à répondre à tous les courriels. C’est un travail considérable qui demande minutie et disponibilité mentale. C’est pour toutes ces raisons que nous avons demandé à suspendre, tout à fait temporairement, l’envoi des manuscrits « .


Si poster est difficile pour un débutant, c’est devenu encore plus difficile compte tenu du contexte. La fermeture de librairies à deux reprises en 2020, au printemps et à l’automne, a entraîné des retards dans l’édition et un embouteillage en 2021.

La maison d’édition n’hésite pas à publier ses premiers romans, car elle a sa «White Collection»: cinq en janvier dernier, deux en mars et deux en avril.

Selon l’agence AFP, l’éditeur affirme avoir publié à plusieurs reprises ce bref message sur Twitter compte tenu du grand nombre de volumes reçus.

Gallimard n’est pas le seul face au flot de propositions

Mais ses concurrents ont donné le même slogan lors du premier lock-out au printemps 2020.

Laure Belloeuvre, maison d’édition du Seuil, a reconnu que «nous et d’autres éditeurs avons mis un message sur le site Web leur demandant d’attendre avant de soumettre un manuscrit. Nous avons imaginé qu’il y aurait un tsunami après la suppression du message à la fin du premier verrouillage, mais ce ne fut pas le cas. Aujourd’hui, c’est quand ils rattrapent leur retard. « 

Cet éditeur reçoit environ 3 500 manuscrits par an, concentrés au début et à la fin. Entre janvier et mars, 1 200 sont arrivés. « C’est beaucoup. Maintenant que tout le monde sait utiliser un ordinateur pour écrire, nous voyons des gens qui écrivent et qui, nous le sentons, ne lisent pas. Ce n’est pas comme le temps où vous deviez prendre votre Remington pour écrire un manuscrit, comme l’ont fait les passionnés. littérature », ajoute l’éditeur.

«Nous n’avons pas fermé le robinet», dit plutôt Juliette Joste, rédactrice en chef de Grasset. « Nous avons un programme très chargé et nous pouvons difficilement accepter tout ce qui vient par la poste. Mais j’ai été étonné par ce message de Gallimard », ajoute-t-il.

Grasset, qui avait marqué un record de 5000 manuscrits reçus en 2018, a reçu plus de 1000 textes à la mi-mars 2021.

À l’appui des « écrivains non publiés »

Un autre est l’histoire des éditions Novice. À peine né, l’éditeur a créé en janvier 2020 un prix littéraire pour les «écrivains inédits». Le jury a reçu pas moins de 150 manuscrits.

Selon Timothé Guillotin, fondateur de cette maison, en conversation avec l’agence AFP, « il ne voulait pas que nous recevions un nombre incontrôlable de manuscrits, donc la fenêtre de soumission était volontairement très courte et nous communiquions très peu sur le prix ».

Le nom du gagnant sera dévoilé vendredi prochain, le 9 avril. « C’est quelqu’un qui a essayé de publier et a reçu de nombreux refus, même si les réponses étaient toujours encourageantes. Il n’était pas très loin dans Flammarion. Et notre jury a compris pourquoi en lisant ce beau roman », explique Guillotin.

Les éditions de L’Olivier constatent le même enthousiasme. «Plus de 700 manuscrits durant les trois premiers mois de 2021, ce qui signifie que nous dépasserons les 2 000 cette année, alors que nous étions à 1 500 ou 1 600 par an avant le prix Goncourt de Jean-Paul Dubois» en 2019, note Jeanne Grange du service des manuscrits en référence à l’un de ses écrivains qui a remporté le prestigieux prix littéraire français il y a deux ans.

Avec l’AFP

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