Ce jeudi, l’Assemblée nationale de France a approuvé le texte du projet de loi pour l’imposition du laissez-passer de vaccination dans le pays. Suite au feu vert de la Chambre basse, la législation devra passer par le Sénat la semaine prochaine. La stratégie du gouvernement Macron vise à faire pression sur les non vaccinés, en les bannissant des lieux publics.

Le carnet de vaccination obligatoire sera une réalité en France. C’est ce qu’a décidé l’Assemblée nationale française le 6 janvier, en phase avec la stratégie du président Emmanuel Macron pour stopper la courbe de contagion du Covid-19.

Après trois jours et trois nuits de débats houleux, ce jeudi les députés de la Chambre basse ont approuvé, par 214 voix pour, 93 contre et 27 abstentions, le texte de la future loi.

« C’est la bonne chose, non seulement pour le gouvernement, mais pour le pays, les Français et la lutte contre la pandémie », a déclaré quelques heures plus tard Jean Castex, le Premier ministre du pays, dans une interview à la chaîne « BFM TV ».

C’est l’homme politique qui a dû calmer les esprits à l’Assemblée nationale et qui a aussi accusé les Républicains d' »irresponsables » de ne pas avoir accepté l’imposition du laissez-passer de vaccination en premier lieu.

Avec la formidable augmentation des cas de Covid-19 en France, causée par la propagation de la variante Omicron, le gouvernement français a adopté une ligne beaucoup plus dure envers les sceptiques, qui refusent de recevoir le vaccin.

« Oui, nous continuerons à faire pression sur les non vaccinés et c’est quelque chose que nous assumons », a ajouté l’homme politique lors de son intervention sur ‘BFM TV’.

Une stratégie de pression qui semble porter ses fruits. En France, plus de 77 % de la population totale et plus de 90 % des plus de 12 ans ont reçu au moins deux doses, selon les données de l’Exécutif.

Du gouvernement, ils espèrent que la loi entrera en vigueur dès le 15 janvier prochain. Or, le projet de loi passera par le Sénat la semaine prochaine et, après cela, il devra à nouveau recevoir la ratification de l’Assemblée nationale lors du dernier séjour.

La colère du président Macron contre les non vaccinés

En début de semaine, le président Emmanuel Macron a utilisé un ton avec les non vaccinés qu’il n’avait pas utilisé jusqu’à présent. C’était lors d’un entretien au journal ‘Le Parisien’, dans lequel il assurait qu’il prévoyait de retirer des espaces publics ceux qui rejettent le vaccin contre le Covid-19.

« Aux non vaccinés, je veux vraiment les embêter », a déclaré Macron, tout en expliquant que le nouveau pass sanitaire renforcé empêcherait les non vaccinés d’entrer dans les restaurants, cafés, théâtres ou cinémas.


Le président français Emmanuel Macron le 9 décembre 2021.
Le président français Emmanuel Macron le 9 décembre 2021. © Ludovic Marin / AFP

Depuis plusieurs mois, les citoyens français doivent présenter leur carnet de vaccination ou un test Covid-19 négatif pour entrer dans des lieux comme les cinémas et les cafés et utiliser les trains. Mais, compte tenu de l’augmentation des infections, le gouvernement a décidé d’aller plus loin et d’éliminer l’option des tests dans le nouveau projet de loi.

La nouvelle loi permettra également des sanctions plus sévères pour ceux qui utilisent de faux certificats avec des amendes de 1 000 euros et même des peines de prison.

Cependant, le président a déclaré qu’il ne « mettrait pas les anti-vaccins en prison », ni qu’il « les vaccinerait par la force », mais a clairement indiqué qu’il voulait leur rendre la vie plus difficile.

Après ces déclarations dures, le gouvernement a assuré qu’un nombre record de personnes depuis octobre a reçu la première dose le 5 janvier. Et c’est qu’à trois mois des élections en France, les réticences des non vaccinés menacent de faire sombrer la gestion de la pandémie par le cabinet d’Emmanuel Macron.

Par conséquent, les experts estiment que Macron utilise la « colère » contre les négationnistes comme stratégie électorale. Chose que beaucoup de Français ressentent déjà, la colère de la majorité – qui serait le public électoral que poursuit Macron – contre une minorité qui refuse toujours de se faire vacciner et qui, en plus, occupe un nombre disproportionné de lits dans les USI du pays.

Quelque chose qu’il compte combattre avec le nouveau projet de loi, mais qui a aussi des détracteurs. En fait, les critiques de l’exécutif affirment que la nouvelle mesure est discriminatoire pour les « non vaccinés », bien qu’il s’agisse d’un problème de santé publique.

« Macron a avant tout une mentalité de polarisation de la société française, il n’a pas une mentalité d’unité (…) Aujourd’hui, il ne faut pas parler des Français simplement en fonction du fait qu’ils soient vaccinés ou pas : nous sommes tous français, nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs », a déclaré Rodolphe Bacquet, auteur d’une pétition anti-vaccin avec plus de 1,2 million de signatures en France.

Plusieurs pays du continent ont débattu de l’imposition du caractère obligatoire du pass sanitaire en raison du rebond des cas. Ce jeudi, l’Italie a imposé la vaccination aux plus de 50 ans.

Avec Reuters et les médias locaux

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