Chez les jeunes socialistes aussi, «Macron, ras-le-bol»

La fronde de la gauche de la gauche contre Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, continue. Il y a quelques jours, Gérard Filoche a lancé une pétition pour exiger sa démission. Elle pourrait trouver un écho auprès des jeunes socialistes qui, lorsqu’on leur pose la question, semblant lassés par les «provocations» d’Emmanuel Macron.

Non, Martine Aubry n’est pas la seule à en avoir «ras-le-bol» d’Emmanuel Macron. Au Mouvement des jeunes socialistes (MJS), proche de la gauche du PS, le ministre ne fait pas l’unanimité.

«Ce que l’on vit est un cauchemar»

Jeune, sans carrière politique au sein d’un parti, «torpilleur de tabous», Macron est souvent présenté comme l’atout modernité du gouvernement. «C’est un jeune vieux dans sa tête, le modernisme qu’il nous vend est une régression sociale», persifle Lucas Trotouin, secrétaire national du MJS, interrogé par Monomania.

S’il reconnaît au ministre «le sens de l’État», le jeune militant le répète : aujourd’hui, «l’action économique du gouvernement va à l’encontre de ce pourquoi les Français ont élu François Hollande». Le MJS n’est pas connu pour tenter de doubler les gouvernements socialistes sur leur droite. Souvent critique, «toujours constructif», le mouvement n’a jamais été confronté à un ministre aussi éloigné de ses idées.

Pire encore pour les militants, Emmanuel Macron s’est récemment affirmé libéral, «une valeur de gauche». «Ce que l’on vit est un cauchemar», se désole un militant du MJS. «Il n’est même pas membre du PS, en plus, c’est l’atout jeunesse du gouvernement, donc il continuera à parler».

La loi Macron toujours contestée

Après la loi Macron, portant sur la croissance et l’activité économique, qui entre progressivement en application, une loi «Macron 2» devrait être présentée dans les prochains mois. Signe que le premier texte portée par le ministre est encore dans toutes les têtes des militants du MJS, ils en parlent sans même qu’on leur demande. «C’est une erreur», estime Lucas Trotouin, avant de nuancer «tout n’est pas à jeter, mais on a fait passer des mesures qui ne sont pas de gauche dans une loi fourre-tout».

Un autre militant prend l’exemple, désormais emblématique, de la libéralisation des lignes d’autobus. «Avec cette mise en concurrence, on entre dans une logique de moins-disant, il aurait fallu faire des lignes d’autobus publiques au service du développement territorial».

Même chose sur le droit du travail. En critiquant, à l’Université d’été du MEDEF, « la fausse idée » selon laquelle «la France pourrait aller mieux en travaillant moins», Macron a mis le feu à la gauche. Au MJS et au-delà, la coupe est pleine. «Même les militants les plus fidèles, y compris au PS sont mal à l’aise», constate un militant.

Macron, un problème politique

Parce que le «problème Macron» a des ressorts éminemment politiques. François Hollande et Manuel Valls semblent avoir fait leur choix : pour le Premier ministre, Macron, « c’est une chance » dans le gouvernement. Il est peu probable que le discours change, comme en témoigne la relation tendue entre le MJS et Manuel Valls. Si officiellement, Emmanuel Macron est rarement cité par les jeunes socialistes, qui préfèrent s’attaquer à l’ensemble du gouvernement, la ligne qu’il défend inquiète en coulisses. Les militants ne cachent pas leur pessimisme en vue de 2017. «Sans marginaliser ce qu’incarne Emmanuel Macron dans l’action gouvernementale, la gauche ne sera pas en capacité de l’emporter en 2017», pronostique Lucas Trotouin. Et comme cette marginalisation ne semble pas avoir été l’option choisie par François Hollande, un autre militant l’admet: «de toute façon, je n’ai plus d’espoir pour 2017. C’est mort.»

Hadrien Bect

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