Il est devenu connu au milieu de la crise des réfugiés. En 2016, il a accueilli des milliers de demandeurs d’asile venus d’Italie en France. Des accusations pleuvent sur lui devant le tribunal, mais la Cour suprême de cassation française vient de le libérer des charges retenues.

L’image de Cédric Herrou avec sa queue dans les cheveux, sa barbe et un béret s’est fait connaître en France notamment lors de la crise migratoire de 2015. Il a été persécuté par la justice pour avoir accueilli des milliers de migrants qui sont passés d’Italie en France, et pour avoir leur a donné un abri et de la nourriture. Mais maintenant, toutes les charges retenues contre lui ont été abandonnées suite à la décision de la cour de cassation, la plus haute autorité judiciaire du pays.

Les juges l’ont disculpé définitivement. « La solidarité ne sera plus un crime », a écrit Herrou sur son compte Twitter après avoir entendu la sentence en sa faveur. .


Ainsi s’achève une longue procédure marquée par trois procès et une saisine du Conseil constitutionnel, qui avait consacré en 2018 le «principe de la fraternité». De plus, Herrou a été arrêté 11 fois, il y a eu cinq raids contre lui et il a fait face à cinq procès.

« Cette décision met fin à l’implacabilité de l’accusation contre Cédric Herrou et nous permet de reconnaître enfin qu’il n’a aidé que les autres et que dans notre république la fraternité ne peut pas être un crime », a déclaré son avocate, Sabrina Goldman.

Fini le «crime de solidarité» en France

Avant tous les ennuis judiciaires, Cédric Herrou se consacrait à la culture des oliviers et des cerisiers. Mais sa vie a commencé à prendre un tournant avec l’augmentation des migrants en France. En août 2016, les autorités ont arrêté Herrou pour la première fois après l’avoir découvert en train de transporter huit immigrants sans papiers dans sa camionnette pour les emmener à travers la frontière franco-italienne.

Malgré l’arrestation, Herrou a de nouveau transporté des migrants. Il a également organisé un camp d’accueil de migrants dans sa propre maison. Les tribunaux ont initialement refusé d’entendre l’affaire, invoquant des «intentions humanitaires». Mais ensuite, en février 2017, il a été condamné à une amende de 3000 euros sans obligation de payer et à quatre mois de prison. Le tout sous la responsabilité d’aider à l’entrée, à la circulation et au séjour illégal d’un étranger en France.

À ce moment-là, le procureur général a fait appel de la décision, considérant que l’action de Cédric Herrou s’inscrivait dans une irrévérence militante contre la loi. De son côté, Herrou a dénoncé une « manipulation politique » de la Cour et a fait valoir qu’elle se consacrait uniquement à « couvrir les carences de l’Etat ».

Ses avocats ont alors fait appel au Conseil constitutionnel car ils considéraient Herrou et un autre militant comme des victimes du «crime de solidarité». Dans une décision historique, les sages qui composent cette instance ont consacré «la liberté d’aider autrui, à des fins humanitaires, quelle que soit la régularité de leur séjour sur le territoire national», comme il était écrit dans la décision du 6 juillet 2018. .

Immédiatement après, le parlement français a modifié la loi pour protéger les personnes qui aident en «accueillant» ou en «facilitant le transit des migrants», mais sans les faire entrer sur le territoire. Cette aide doit être «sans contrepartie» et avec un objectif «absolument humanitaire».

Deux mois plus tard, la Cour de cassation a annulé la condamnation de Cédric Herrou et renvoyé l’affaire à Lyon, où il a été libéré le 13 mai 2020. Mais le processus ne s’est pas arrêté là, le procureur général ayant fait appel devant la Cour suprême.

«Après avoir examiné à la fois la recevabilité du pourvoi et les pièces de procédure, la Cour de cassation constate que, dans cette affaire, il n’y a aucun moyen d’admettre le pourvoi», a-t-elle estimé la plus haute juridiction du pouvoir judiciaire dans son arrêt.

Cette décision de non-admission « est très rare » pour « un recours par un parquet général », a déclaré l’avocat de Cédric Herrou au tribunal, Patrice Spinosi. Le professionnel a qualifié la décision de «véritable délit» pour ses accusateurs.

«Désormais, il est définitivement établi dans notre droit qu’une action pénale ne peut être intentée contre une personne qui a aidé un migrant en situation irrégulière alors qu’il agit de manière désintéressée, qu’il appartienne ou non à une association qui souhaite faire valoir son acte», l’avocat félicité.

Avec l’AFP

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