Budget participatif : le nouveau fer de lance des revendications cyclistes ?

Pour la deuxième année consécutive, les vélos sortent gagnants du budget participatif de Paris. Avec la clôture de la période de dépôt des projets en ligne pour l’édition 2016, le 19 février, le projet de « boulevard vélo » présenté par l’association Paris en Selle s’est imposé parmi les plus populaires chez les internautes. Et si le budget participatif devenait le moyen le plus efficace pour les collectifs et les associations cyclistes de mettre en œuvre des projets pour promouvoir l’usage et la culture du vélo à Paris ?

Moins de projets, le vélo toujours à l’honneur

Alors que la première phase du budget participatif 2016 vient de se clore, les projets déposés par les Parisiens sont moins nombreux (2 300 contre 5 115 en 2015) mais plus construits. Des changements dans les modalités de proposition de projets, notamment la possibilité de fusion des idées similaires, ont fait que les suggestions ont bénéficié de plus de réflexion de la part de plus de citoyens. Pauline Véron, adjointe (PS) chargée de la démocratie locale en charge du budget participatif, a commenté au Parisien que « 1 800 internautes ont ainsi posté des commentaires pour compléter ou préciser des projets. » Le projet d’un « boulevard vélo » de 10 kilomètres ceinturant le centre de Paris proposé par l’association cycliste Paris en Selle et arrivé 2e cette année, émane ainsi d’un sondage en ligne de l’association, dont il est ressorti que de nombreux cyclistes parisiens souhaitent un axe Opéra-République-Bastille plus adapté aux vélos. Evalué à 2 millions d’euros par l’association, le boulevard vélo proposé par Paris en Selle, qui se veut plus ambitieux encore que ce qu’ont demandé les internautes, n’est que l’un des quatorze projets présentés au budget participatif 2016 par l’association.

Les obstacles à la mise en oeuvre des mesures approuvées

Seulement, si les internautes ont voté pour le boulevard vélo, il n’est pas du tout garanti que le projet voit le jour. Même si l’approbation des internautes lors de cette première phase de consultation aide à mettre en valeur certains projets, la mairie de Paris se réserve le droit de choisir les projets qui seront soumis au vote des Parisiens en septembre 2016.

Or, les associations craignent que les projets cyclistes ne soient mis à l’écart cette année pour laisser la place à d’autre types de projets qui n’ont pas eu la chance d’être approuvés en 2015. En effet, lors de la deuxième édition du budget participatif en 2015, c’était le projet « En piste, plus d’aménagements cyclables », évalué à 8 millions d’euros, qui était arrivé en tête des projets présentés par les Parisiens. Ce projet, malgré sa promesse plutôt vague de « renforcer le Plan Vélo en créant encore plus de pistes cyclables à Paris », avait récolté plusieurs dizaines de milliers de votes, signe de l’importance qu’attachent les internautes aux aménagements cyclables à Paris.

« C’est le jeu de la démocratie, quand on est élu, si on se soumet à une consultation on prend un risque que les citoyens ne veuillent pas forcément ce qu’on avait prévu. Pour les élus parisiens c’est un peu une surprise que le vélo mobilise autant », commente Charles Maguin. La sélection des projets est faites par des commissions de citoyens et d’élus qui rendront leur verdict en mai.

En se présentant comme un complément au Plan Vélo approuvé par la mairie pour la période 2015-2020, le projet présenté en 2015 a pu d’emblée se présenter comme une manière pour les citoyens de faire valoir leurs demandes auprès de leur gouvernement local. « C’est une possibilité pour les citoyens d’être moins dans la réclamation vis-à-vis des politiques et d’être plus dans la construction, la proposition », note Charles Maguin, président de l’association Paris en Selle. Les associations cyclistes parisiennes attendant toutefois avec une certaine circonspection de voir si le projet sera mis en place dans les temps, soit cette année.  

Qu’ils soient retenus ou non, les projets proposés liés à la facilitation du cyclisme en ville restent parmi les plus nombreux. Cette année, sur les plusieurs milliers de projets reçus, 128 touchent de près ou de loin ou vélo. Le nombre grandissant d’associations et de collectifs parisiens pour la promotion du vélo permet sans doute de mieux articuler les besoins des usagers lorsqu’une consultation du type du budget participatif le permet.

D’autant plus que malgré le nombre grandissant de cyclistes à Paris, ces derniers peinent souvent à trouver la plate-forme adéquate pour faire entendre leur voix. Pour peu que les projets approuvés par vote populaire ne soient pas écartés par les commissions en charge, le budget participatif pourrait devenir cette plate-forme.

Louis Baudouin-Laarman

A lire également