Un robot pour remplacer les aides-soignants?
A la maison Lasserre, la question ne se pose pas vraiment. « Non, il ne nous remplacera pas. Ce n’est pas l’un sans l’autre : il faut quelqu’un pour surveiller derrière et être aux commandes », répète le jeune animateur. Quand on demande aux habitants de l’EHPAD, la réponse est unanime : « On préfère quand même les animateurs, lance une vieille dame en fauteuil. Il y a un dialogue qu’on ne peut pas avoir avec le robot. »
« Nao » ne supplantera donc pas tout de suite les humains, d’autant que son utilisation reste particulièrement chronophage pour le personnel de l’établissement. « Pour nous, ça rend encore plus compliquée l’animation. Moi aussi, ça m’a fasciné au départ mais j’ai vite déchanté, c’est énormément de travail ! », avoue Anthony Gential. Pour les animateurs, formés sur le tas, il faut préparer des textes et gérer à la fois le robot et les réactions des retraités. Un casse-tête que David Jacob ne recommande pas aux responsables de maisons qui l’appellent quotidiennement pour lui demander son avis sur l’expérience robotique.
Le petit humanoïde apporte néanmoins des options nouvelles à l’équipe. « Ca apporte un plus, reconnaît Anthony. Je ne connais pas toutes les chansons françaises qui plaisent aux résidents, le robot, lui, on peut lui programmer. » Même constat pour les exercices de gymnastique : « Quand nous on la faisait, ils abandonnaient très vite, s’amuse monsieur Jacob. Alors que le robot, ils le suivaient pendant 25 minutes ! » Ses « frères » « Pepper » et « Roméo », produits par la société Adelbaran, causeront probablement plus de torts au personnel. Ils seront bientôt capables de porter des personnes, d’apporter des objets et de lancer des alertes.
En attendant les nouveaux robots, les habitants de la maison Lasserre sont impatients de retrouver le petit « Nao ». Dans le réfectoire, on entend murmurer : « On l’aura quand?… Vous avez des nouvelles du robot ? ». Anthony, amusé, répond : « Il recharge ses piles ! »