Première modification:

Ce lundi, le président français Emmanuel Macron a reçu avec les honneurs son homologue égyptien Abdelfatah al-Sissi, l'allié stratégique de la France, pour aborder des questions telles que l'instabilité au Sahel, le djihadisme dans la région ou l'avenir de la Libye. Leur rencontre bilatérale, qui a comporté une apparition, a été critiquée par des ONG et des défenseurs des droits humains, qui affirment que Macron a mis le "tapis rouge pour un dictateur". Aujourd'hui, en Égypte, il y a plus de 60 000 détenus pour délits d'opinion.

Abdelfatah al-Sissi est arrivé dimanche à Paris pour une visite officielle en France, et ce lundi 7 décembre, il a rencontré la ministre de la Défense Florence Parly, ainsi que le président Emmanuel Macron, avec qui il a évoqué les inquiétudes des deux pays concernant à la sécurité au Sahel.

Outre le Sahel, ils ont abordé lors de leur rencontre le djihadisme en Égypte et le vide du pouvoir en Libye, où les deux pays soutiennent le général Khalifa Haftar.

Concernant le terrorisme, la France voit l'Égypte et son président comme un mur de soutènement contre les jihadistes retranchés dans la région du mont Sinaï et en Libye. Pour cette raison, Macron a confirmé que la France continuera à vendre des armes à l'Égypte, en faveur de la stabilité de la région.

Un soldat des forces spéciales égyptiennes monte la garde devant l'aéroport de Charm el-Cheikh, une célèbre ville touristique de la péninsule du Sinaï, le 11 novembre 2015.
Un soldat des forces spéciales égyptiennes monte la garde devant l'aéroport de Charm el-Cheikh, une célèbre ville touristique de la péninsule du Sinaï, le 11 novembre 2015. AFP / Archives

Critiques des défenseurs des droits humains

"Je ne conditionnerai pas les questions de défense et de coopération économique à ces désaccords (sur les droits de l'homme)", a déclaré Macron lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue Al-Sissi, après leur rencontre.

"Il est plus efficace d'avoir une politique nécessitant un dialogue qu'un boycott qui ne ferait que réduire l'efficacité d'un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme", a ajouté le président français.

Ce lundi, 17 associations françaises et internationales de défense des droits de l'homme ont critiqué Macron pour «avoir mis le tapis rouge à un dictateur». "Cela ternit l'image de la France aux yeux de la démocratie en Egypte et dans la région, surtout quand Macron se dresse contre la violence et l'extrémisme en France et fait ensuite de longues déclarations sur les valeurs", a défendu Amr Magdi, un chercheur, devant Reuters. Human Rights Watch (HRW).

"Mais lorsqu'elle est mise à l'épreuve en Egypte et dans la région, elle prend le parti des oppresseurs et non des valeurs qu'elle prétend défendre", a défendu l'expert. Cependant, de la présidence, il a été déclaré que le chef de l'Elysée continuerait à discuter de la question en privé avec le président égyptien.

Les responsables français se sont excusés, arguant que la politique du gouvernement est d'éviter les déclarations publiques à cet égard et préfère exprimer ses préoccupations en privé.

Accusations de violations des droits de l'homme en Égypte

"Aujourd'hui dans le pays (en Egypte), il y a plus de 60 000 prisonniers pour crimes d'opinion. Il souffre de la plus grave crise contre les droits humains de l'histoire de l'Egypte", a déclaré à l'AFP Antoine Madelin, directeur du plaidoyer à la Fédération internationale des droits de l'homme. Humains (FIDH). Depuis le Caire, ces accusations ont été démenties à plusieurs reprises.

Le président Emmanuel Macron lui-même, après une visite en Égypte en 2019, a reconnu que la situation dans le pays n'allait pas «dans la bonne direction», faisant référence aux «blogueurs, journalistes et militants» emprisonnés. «Aujourd'hui, quiconque critique le« régime »peut se retrouver en prison. Les systèmes des services de sécurité sont extrêmement sophistiqués», développe Madelin.

Les ONG ont convoqué une manifestation devant l'Assemblée nationale à 18 heures, heure française. Sa principale demande est que la France passe des "discours aux actes" et arrête la vente d'armes, au risque d'être complice de la répression en Egypte.

Avec l'AFP et Reuters

A lire également