Le Royaume-Uni engagera quelque 540 millions d’euros à cet effet au cours des trois prochaines années, comme l’ont annoncé les deux dirigeants lors du sommet franco-britannique de Paris, dont une partie ira à la création d’un centre de détention sur le sol français, notamment dans le nord du pays, accompagné du déploiement supplémentaire d’au moins 500 soldats français pour surveiller les plages d’où partent les bateaux de migrants vers le Royaume-Uni.

D’autres mesures comprennent le renforcement du programme actuel de surveillance aérienne avec « des avions sans pilote et des technologies supplémentaires », la création d’un centre de coordination 24 heures sur 24 avec des officiers de liaison français qui seront postés en permanence au Royaume-Uni, et une augmentation de la coopération entre les La National Crime Agency du Royaume-Uni et son homologue français, rapporte Sky News.

Sunak a salué l’accord comme un « nouveau départ » après les frictions diplomatiques que les deux pays ont traversées ces derniers mois sur cette question et d’autres. « Le président français est d’accord avec moi que les gangs criminels ne doivent pas décider qui vient dans nos pays, d’où cette collaboration sans précédent », a-t-il déclaré.

Macron, pour sa part, a souligné l’augmentation de la collaboration franco-britannique ; qui, selon ses estimations, « a empêché plus de 30 000 passages et une cinquantaine de réseaux de trafic d’êtres humains ». « Le renouvellement de ce cadre de coopération bilatérale signifie que nous voulons continuer dans cette direction, de manière très concrète, et conscients de la nature de la responsabilité que nous partageons », a-t-il ajouté.

Selon les estimations du gouvernement britannique, un total de 45 756 personnes sont arrivées de France sur les côtes britanniques en 2022 ; une augmentation substantielle par rapport aux 21 000 arrivées en 2021 et aux 8 417 arrivées en 2020.

Sunak et sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, ont annoncé le lancement d’un plan national d’une dureté sans précédent contre les migrants qui parviennent à rejoindre les côtes britanniques et qui prévoit des expulsions à chaud sans possibilité d’asile, malgré les critiques des organisations humanitaires internationales.

LA CROIX-ROUGE ET AMNESTY DÉNONCENT LE MANQUE DE COMPASSION

A l’heure actuelle, des ONG comme la Croix-Rouge britannique ou Amnesty International ont déjà dénoncé l’accord comme une mesure « énormément coûteuse, inefficace et contraire au droit international », selon les termes de la première. « Surtout », ajoute-t-il, cela causera « des dommages dévastateurs aux hommes, aux femmes et aux enfants qui ont besoin d’aide ».

« Nous voulions voir un système d’asile rapide et équitable, mais aussi compatissant. L’accord de ce vendredi nous emmène cependant sur une toute autre voie », a déploré la directrice exécutive de la stratégie et de la communication de la Croix-Rouge britannique, Christina Marriott, dans un communiqué recueilli par ‘The Guardian’, avant de rappeler qu’actuellement, 160 000 demandeurs d’asile au Royaume-Uni attendent de recevoir une réponse du gouvernement britannique.

El director de Amnistía Internacional Reino Unido para los derechos de migrantes y refugiados, Steve Valdez-Symonds, ha lamentado también una medida « sin corazón » que tiene como objetivo final « eximir a Reino Unido de cualquier responsabilidad » en la crisis en el Canal de La tache.

« La demande d’asile », rappelle Amnesty pour la énième fois, « est un droit humain vital, pas quelque chose qui peut être retiré pour des convenances politiques ».

Amnesty rappelle que, malgré l’augmentation des arrivées, le Royaume-Uni accueille en réalité un nombre « relativement faible » de réfugiés par rapport au reste du monde, pour finir par les traiter « de manière de plus en plus épouvantable », entre les apparitions constantes des ministres devant les médias pour « vilipender les personnes marginalisées, traumatisées qu’ils veulent condamner à des mois voire des années d’isolement social, voire de détention ».

« Le gouvernement britannique », conclut Amnesty, « a délibérément détruit son propre système d’asile et cherche maintenant à rendre cette destruction permanente, avec des conséquences désastreuses ».

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