Le président français a annoncé jeudi le début de la réduction de la célèbre opération militaire Barkhane dans la région du Sahel en Afrique, qui combat les groupes extrémistes et djihadistes sur le territoire. Les troupes françaises sont engagées dans ce combat depuis 2013 et, bien que le gouvernement parle d’« évolution » et non de retrait, elles laisseront la place à une « force internationale » dont la composition reste à définir.
La décision de la France de retirer progressivement ses troupes au Sahel a été prise lors d’une réunion du Cabinet de la Défense mercredi, a rapporté l’agence de presse AFP, et intervient quelques jours après que le colonel de l’armée malienne Assimi Goïta, prendra le pouvoir après le renversement par coup d’État militaire d’un deuxième président en neuf mois.
« Après les consultations (…) nous entamerons une profonde transformation de notre présence militaire au Sahel », a expliqué le président français Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse depuis l’Elysée, où il a annoncé « la fin de l’opération Barkhane alors que opération extérieure ».
De son côté, le député Thomas Gassilloud, de la Commission de la défense nationale et des forces armées, a déclaré à France 24 qu' »il ne s’agit pas d’un retrait, mais d’une évolution » de la lutte contre les djihadistes par les forces spéciales.
La France compte actuellement environ 5 100 soldats déployés dans le Sahel, qui s’étend à travers l’Afrique sous le désert du Sahara et englobe le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger – connu sous le nom de G5 – pour lutter contre les djihadistes affiliés à l’État islamique et aux groupes d’Al-Qaïda. . Pendant des années, ils ont menacé les armées affaiblies des États de la région.
L’opération militaire française a été le principal pilier de la lutte nationale contre le djihadisme dans la région du Sahel, au nord du continent africain. Cependant, les pressions internes du gouvernement Macron et les troubles politiques compliqués au Mali ont conduit à la fin apparente des opérations françaises sur le territoire.
Macron avait déjà reporté la décision sur la réduction des troupes, après un sommet virtuel en février avec les pays du G5 et leurs alliés, au cours duquel le Tchad a signalé le déploiement militaire de 1 200 soldats pour compléter les 5 100 soldats français dans la région.
A cette époque, Macron, qui avait annoncé son intention de réduire le nombre de troupes françaises dans la région, avait été averti par les dirigeants du danger de la mesure, dans lesquels il considérait qu’il s’agirait d’une « erreur ».
Cependant, après le deuxième coup d’État en neuf mois au Mali le 24 mai, que le président français a qualifié de « coup dans le coup », la France a pris la décision de suspendre temporairement les opérations conjointes entre les troupes françaises et maliennes le 3 juin dernier.
« Évidemment, la France ne va pas rester éternellement au Sahel. On le savait depuis le début et, évidemment, ce sont les Africains qui doivent garantir la sécurité des pays africains », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, à journalistes en Côte d’Ivoire interrogés sur une éventuelle réduction des effectifs.
Aucun autre détail officiel n’a été confirmé de la part de l’Elysée, on ne sait pas non plus pour le moment le nombre de troupes qui seront retirées de la région africaine ou quels autres changements sont prévus par l’exécutif français.
En attendant, la nouvelle de Macron pourrait obliger la question de la sécurité au Sahel à être inscrite à l’ordre du jour d’une réunion des dirigeants du G7 au Royaume-Uni, qui se tiendra de vendredi à dimanche, ainsi qu’au sommet de l’OTAN à Bruxelles, en juin. 14.
La crise profonde dans laquelle le Mali est plongé depuis 2012, l’une des plus graves depuis son indépendance de la France en 1960 en raison de la montée en puissance des groupes djihadistes sur place, a alerté la communauté internationale. Principalement des pays occidentaux qui ont mis en garde contre le danger de ces groupes face aux armes et au trafic d’êtres humains.
La précarité de la défense des États affaiblis du G5 dans la région du Nord, face à ces groupes extrémistes, a conduit le gouvernement français en 2013 à envoyer des troupes dans la région, alors que cette décision a déclenché d’autres débats interprétés au Sahel comme un revers colonial.
Avec l’AFP et Reuters