Le président français Emmanuel Macron a rencontré virtuellement son homologue allemand Olaf Scholz lundi 5 septembre et a annoncé la réponse française à la crise énergétique lors d’une conférence de presse. Il s’est prononcé en faveur d’une solution européenne commune et a déclaré que la France livrera du gaz à l’Allemagne, tandis que l’Allemagne fournira de l’électricité. Les Français devront aussi réduire leur consommation d’énergie cet hiver pour éviter le rationnement gouvernemental.

Depuis l’Elysée, Emmanuel Macron a fait le point ce lundi 5 septembre sur les tensions que connaissent la France et l’Europe en matière énergétique. Comme l’a expliqué le chef de l’Etat, les prix du gaz et de l’électricité ont d’abord augmenté en raison de la reprise d’activité post-Covid, puis aggravés par la guerre en Ukraine puisque l’Europe dépend fortement du gaz russe. « Début 2022, je voudrais rappeler la situation, 25% de toute l’énergie européenne était du gaz, et 50% de ce gaz venait de Russie », a expliqué Macron.

Le chef de l’Etat français a souligné la solidarité européenne dans le domaine du gaz et de l’électricité et la nécessité d’une réponse commune à la crise. « Dans les prochaines semaines, nous finaliserons les raccordements gaziers nécessaires pour pouvoir fournir du gaz à l’Allemagne s’il y a un besoin (…) De la même manière, l’Allemagne s’est engagée dans la solidarité électrique avec la France (…) c’est l’engagement que nous avons pris avec le chancelier Scholz ».

Concrètement, la France réalisera des travaux d’exportation de gaz par gazoduc vers l’Allemagne qui « seront prêts pour l’hiver ». De son côté, la France bénéficiera de l’aide allemande compte tenu de la fermeture en cours d’un grand nombre de centrales nucléaires – 32 sur les 56 du parc atomique français – qui produisent normalement 70 % de l’électricité du pays et qui obligent désormais la France à importer de pays voisins.

Macron s’est dit favorable à une réforme du marché européen de l’électricité pour plus d’équité dans les prix de l’énergie. Paris et Berlin proposeront une « contribution » à verser par les énergéticiens qui réalisent des bénéfices largement supérieurs à leurs coûts de production. Cette contribution pourrait être restituée aux États membres pour financer des mesures nationales.

Une autre mesure à laquelle Macron s’est dit favorable est l’achat en commun de gaz, car, en achetant ensemble, ils pourraient acheter moins cher. En outre, « si la Commission décidait de plafonner le prix du gaz acheté par les gazoducs depuis la Russie, la France soutiendrait cette mesure », a ajouté le président.


Le président français Emmanuel Macron (à droite) s'entretient avec le chancelier allemand Olaf Scholz sur la crise énergétique par vidéoconférence, au palais présidentiel de l'Elysée à Paris le 5 septembre 2022.
Le président français Emmanuel Macron (à droite) s’entretient avec le chancelier allemand Olaf Scholz sur la crise énergétique par vidéoconférence, au palais présidentiel de l’Elysée à Paris le 5 septembre 2022. © Ludovic MARIN / PISCINE / AFP

Baissez votre consommation pour éviter le rationnement

L’objectif décidé par Macron est que les Français baissent de 10% leur consommation énergétique actuelle. « Chacun a un rôle à jouer », a déclaré le président français, appelant à la sobriété énergétique.

Il a demandé de baisser la climatisation quand il fait chaud et, cet hiver, « se contenter d’une référence de chauffage d’environ 19°C » à l’intérieur. Avec ces mesures, « tout à fait spontanément, le pays pourra atteindre ses objectifs de sobriété et donc éviter d’aller vers quelque chose de plus coercitif, vers le rationnement ».

Du côté des entreprises et des administrations, un plan « secteur par secteur » est attendu du gouvernement.

Vers plus d’énergies renouvelables

« Il faut continuer à avancer à toute allure, d’abord pour produire plus et par des énergies alternatives et surtout de l’électricité en France et en Europe », a déclaré le président, qui a appelé le gouvernement à légiférer pour accélérer la production d’énergies renouvelables. l’énergie et le nucléaire.

Macron a prévenu que les aides aux ménages, comme le bouclier tarifaire, ne pourront pas rester les mêmes. « Nous ne pouvons pas, pendant des mois et des mois, avoir des mécanismes aussi étendus qui financent la consommation d’énergies fossiles. La tendance va être vers un plus grand ciblage des aides, il va falloir continuer à soutenir les familles, les classes moyennes et les familles les plus modestes qui n’ont pas pu résister à une hausse des prix », a-t-il expliqué.


Les gens participent à une manifestation de droite contre la hausse des prix de l'énergie et la hausse du coût de la vie à Leipzig, en Allemagne, le 5 septembre 2022.
Les gens participent à une manifestation de droite contre la hausse des prix de l’énergie et la hausse du coût de la vie à Leipzig, en Allemagne, le 5 septembre 2022. © REUTERS/Christian Mang

Pas besoin de nouvelles interconnexions gazières avec l’Espagne

Interrogé sur la nécessité d’un nouveau gazoduc entre l’Espagne et la France, Emmanuel Macron s’est dit « favorable au développement de toutes les interconnexions qui ont du sens » et « favorable à la poursuite de l’intensification des liaisons et interconnexions électriques entre la France et l’Espagne ».

En revanche, concernant les liaisons gazières, Macron s’est montré défavorable au projet MidCat d’un nouveau gazoduc entre les deux pays. Il a rappelé que, pendant la période de tension de février, les deux gazoducs existants entre l’Espagne et la France étaient utilisés à 53 % de leur capacité.

Au milieu de la « crise du gaz, nous ne saturons pas les connexions existantes, et il n’est pas nécessaire que l’Espagne exporte sa capacité de gaz vers la France, car elle importe du gaz en ce moment ». C’est une mauvaise nouvelle pour l’Espagne, qui voudrait devenir une plate-forme d’exportation de gaz vers le reste de l’Europe.

Avec Reuters, EFE et les médias locaux

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