Les autorités de transition du Mali ont annoncé ce lundi l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako en signe de leur malaise face aux récentes critiques de Paris, au milieu d’une recrudescence des tensions bilatérales ces dernières semaines qui fait craindre une rupture des relations.
Le ministère malien des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que l’ambassadeur dispose de 72 heures pour quitter le territoire malien, après l’avoir convoqué tôt pour « les déclarations faites par les autorités françaises sur les autorités de transition ».
Ainsi, a-t-il souligné que « cette mesure intervient après les récentes déclarations hostiles et scandaleuses du ministre français des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian) et la récurrence de ces déclarations des autorités françaises contre les autorités maliennes, malgré les protestations présentées ».
« Le gouvernement du Mali condamne et rejette vigoureusement ces déclarations contraires au développement des relations amicales entre les nations », a-t-il déclaré, avant de montrer sa « disponibilité à maintenir un dialogue et à maintenir la coopération avec tous les partenaires internationaux, dont la France, dans le cadre de respect mutuel et sur la base de la non-ingérence, selon les aspirations légitimes du peuple malien ».
L’annonce intervient après que Le Drian a de nouveau dénoncé ce week-end la présence de mercenaires russes du groupe Wagner au Mali et qu’ils ont déjà commencé à « piller » les ressources du pays en échange de la protection de l’actuelle junte militaire.
« Ce sont d’anciens militaires russes, armés par la Russie et accompagnés par la logistique russe », a assuré Le Drian dans une interview publiée ce dimanche par le ‘Journal du Dimanche’ dans laquelle il accuse le groupe Wagner d’être, en réalité, la pointe de la lance. des intérêts russes sur le continent africain.
Paris a prévenu par le passé que l’arrivée du groupe Wagner sur le territoire malien serait « incompatible » avec le maintien de ses soldats déployés au Mali, le discours français semble avoir évolué. Ainsi, Le Drien s’est montré très prudent quant à l’avenir de la force européenne Takuba dans ce pays, alors que la junte a exigé cette semaine le départ du Mali du contingent danois.
De son côté, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a déclaré vendredi dans un entretien à France 24 et Radio France Internationale que Bamako « n’exclut rien » dans ses relations avec Paris et a qualifié les récentes critiques de Le Drian d' »inacceptables ». Conseil.
« Je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. Nous devons tous nous respecter. C’est bien que Le Drian comprenne que ce ne sont pas les insultes qui règlent les problèmes entre les nations et que nous espérons que la France, une grande nation, est prête à montrer une attitude constructive, moins agressive, moins hostile et avec un mépris moins marqué pour les autorités maliennes qui incarnent aujourd’hui la souveraineté du pays », a-t-il dit.
De son côté, le Premier ministre malien de transition, Choguel Maiga, a dénoncé dimanche le « terrorisme politique, diplomatique et médiatique » contre le pays, avant de souligner que le Mali veillera à ce que sa « dignité » soit respectée et n’acceptera pas le « mépris », selon l’agence de presse chinoise Xinhua.
Les tensions entre Bamako et la communauté internationale sont montées après la décision de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’imposer de nouvelles sanctions, après que les autorités maliennes ont proposé de prolonger de cinq ans la période de transition ouverte en août 2020.