Depuis le début de l’année, le président de la République s’obstine à vouloir éviter le confinement, observe la presse étrangère. Ce 18 mars, cette mesure pourrait pourtant s’avérer inévitable dans une partie du territoire où la situation s’avère particulièrement compliquée : la région Île-de-France.
“Une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de Paris”, écrit la Stuttgarter Zeitung ce jeudi 18 mars, jour où le Premier ministre français est attendu pour annoncer un durcissement des restrictions sanitaires. Face à la situation qui continue à se dégrader dans la région de la capitale, le gouvernement prépare depuis des jours l’opinion à un éventuel nouveau confinement. Mercredi, le taux d’incidence en Île-de-France était de 426, les services de réanimation sont sous tension. Vu ces données, “la question n’est pas de savoir si la capitale française va être reconfinée, mais quand”, estime le quotidien allemand.
Après le littoral des Alpes-Maritimes et Dunkerque, le président français pourrait donc se voir forcé d’imposer une mesure radicale qu’il ne chérit plus, explique aux États-Unis Bloomberg :
Le président Macron rechigne à imposer un troisième confinement national qui serait dévastateur pour l’économie et politiquement très coûteux à seulement quatorze mois de l’élection présidentielle.”
Macron a “raté le bon moment”
Depuis le début de l’année, ajoute Die Welt, l’Élysée a défendu l’idée que chaque semaine sans confinement serait une semaine gagnée, et a misé sur des mesures localement ciblées. Aujourd’hui, ce pari semble se révéler perdant. “Le président français veut à tout prix maintenir le pays ouvert. Il semble toutefois avoir raté le bon moment pour renforcer des mesures acceptables et éviter ce qui semble être son seul critère de décision depuis le début de l’année : la surcharge des unités de soins intensifs.”
La question des hôpitaux est en effet cruciale, confirme en Suisse Le Temps : “La saturation des lits de réanimation rend la situation intenable, et plus de la moitié des opérations chirurgicales ont été déprogrammées.”
La coopération de l’Assistance publique, qui gère 39 hôpitaux, est-elle optimale avec les cliniques privées, après les sérieuses ‘pannes’ constatées au printemps 2020 ? La réponse n’est pas toujours claire. Le plus souvent, les établissements publics préfèrent transférer leurs patients vers… d’autres hôpitaux publics.”
S’y ajoute la question de la vaccination. Toujours en Île-de-France, 834 000 personnes avaient été vaccinées au moins partiellement au 16 mars. Soit 6,79 % des habitants. “Un chiffre encore très loin des besoins pour prétendre à un début d’immunité collective.”
La densité de la population, facteur de risque
Une situation sensible qui s’ajoute au fait que la région soit densément peuplée. Car “la réalité, dans les rues de la métropole [parisienne] forte de plusieurs millions d’habitants”, rend toute tentative de contrôle du virus difficile, estime la Stuttgarter Zeitung.
Si les grands centres commerciaux, les théâtres, les cinémas et tous les restaurants sont fermés depuis des mois, les gens se pressent néanmoins dans les rues pour faire leurs courses. Les jours de beau temps, il y a foule dans les parcs et sur les quais de Seine. Fatigués par un an de restrictions, nombreux sont ceux aussi qui ne respectent plus les mesures de distanciation.”
D’autres facteurs font de l’Île-de-France une région où la situation est compliquée : l’augmentation récente de la violence attribuée aux jeunes en bandes, mais aussi la perspective de voir les Parisiens qui peuvent se le permettre quitter en masse la capitale pour la province.
Ce jeudi soir, les annonces à venir devraient donc se trouver sur une voie médiane, suppose Le Temps : “écoles ouvertes, commerces fermés, mais pas de retour des contrôles policiers massifs”… La conférence de presse est prévue à 19 heures.