Les Katerji, nouveaux rois du pétrole d’une Syrie à genoux

Les Katerji, nouveaux rois du pétrole d’une Syrie à genoux

Incontournable pour le régime de Bachar El-Assad, la fratrie des Katerji, petits commerçants de Raqqa, a mis la main sur un secteur pétrolier exsangue, tout comme l’économie de la Syrie.

La guerre en Syrie a fait émerger une nouvelle élite économique qui contrôle les secteurs stratégiques d’un pays en ruine, dont fait partie la famille Katerji. Pour le site libanais Al-Modon, Houssam Katerji et ses frères sont même “les plus puissants princes de la guerre en Syrie”.

Petits commerçants originaires de Raqqa, la fratrie des Katerji, visée par des sanctions de l’Union européenne et des États-Unis, “contrôle aujourd’hui le commerce et la production de pétrole dans les zones contrôlées par le régime” de Bachar El-Assad autour de Damas et de la “Syrie utile”, qui représentent environ deux tiers du territoire du pays.

Grâce à leurs relations tentaculaires avec les tribus arabes et les forces locales dans l’est du pays et à Alep, les Katerji se sont imposés comme les meilleurs intermédiaires pour le commerce du pétrole et du blé entre l’est et l’ouest de la Syrie.”

Al-Modon explique que les relations des Katerji ont permis à la fratrie de jouer les intermédiaires entre le régime d’El-Assad et les Forces démocratiques syriennes arabo-kurdes alliées des États-Unis, qui contrôlent le nord-est de la Syrie, où se trouvent les plus importantes ressources du pays, tout comme ils ont joué ce rôle entre le régime et le groupe terroriste État islamique à une certaine époque.

C’est en tirant avantage de ces intermédiations que les Katerji ont développé leur empire, notamment à Alep, l’ancienne capitale économique de la Syrie, dévastée par la guerre, où “ils ont investi dans des hôtels, des terrains et des exploitations minières”.

Partage du pétrole

Avec comme tête de pont Houssam, PDG de Katerji Group et l’un des députés d’Alep, et Mohammed, membre du Comité constitutionnel syrien, qui réunit le régime, des membres de l’opposition et de la société civile sous l’égide de l’ONU, les Katerji sont aujourd’hui “les acteurs locaux les plus importants” de Syrie.

“Ils discutent directement avec les forces étrangères”, note Al-Modon, en l’occurrence la Russie, qui contrôle avec l’Iran les principaux champs pétroliers du territoire contrôlés par le régime de Damas.

Début mars, le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat rapportait que les forces russes avaient confié l’exploitation de deux champs pétroliers situés dans la province de Deir Ez-Zor à une société dont les frères Katerji possèdent deux tiers des parts et qui exploitent déjà deux raffineries.

“Alors que la Russie permet au régime syrien de rester en vie sur le plan pétrolier, les frères Katerji continuent à s’enrichir”, souligne Al-Modon.

Le prix de l’essence flambe

La restructuration du secteur pétrolier dans la Syrie contrôlée par le régime de Bachar El-Assad survient en pleine pénurie de carburant dans le pays, dont le secteur pétrolier et gazier a subi d’importantes pertes depuis le début de la guerre, en 2011, estimées à 91,5 milliards de dollars.

Dans ce contexte, le gouvernement syrien a annoncé lundi 15 mars une hausse de plus de 50 % du prix de l’essence, rapporte le quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid.

Comme pour compenser cette hausse, Damas a annoncé le lendemain l’octroi d’une subvention de 50 000 livres syriennes aux fonctionnaires et aux militaires, ainsi que 40 000 livres aux retraités, soit l’équivalent de 11 et 9 dollars, selon Al-Araby Al-Jadid.

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