On envoie des robots sur Mars, mais aussi dans le Bronx. Le New York Post raconte que le New York Police Department (NYPD) a utilisé pour la première fois un “Digidog”, une sorte de chien mécanique, pour explorer un appartement où deux hommes avaient été séquestrés et torturés par des cambrioleurs. L’une des victimes avait réussi à s’échapper et prévenir la police, qui, de crainte que les malfaiteurs armés soient toujours présents, a expédié en reconnaissance cette bestiole futuriste de 35 kilos conçue par Boston Dynamics. Équipé de caméras à visée nocturne et de capteurs, le Digidog peut gravir des escaliers, enjamber des obstacles et trottiner à 6 kilomètres à l’heure dans un sinistre grincement de servomoteurs et d’articulations métalliques. Cette prouesse techno-policière, selon le New York Times, fait jaser dans le quartier déshérité du Bronx, qui y voit le signe d’une possible recrudescence de la surveillance électronique du NYPD.
La célèbre députée Alexandria Ocasio-Cortez, élue très progressiste de la circonscription, y trouve matière à réflexion sur Twitter : “On aimerait savoir quand des technologies de nouvelle génération de ce niveau ont été utilisées pour l’éducation, la santé publique et le logement dans des quartiers défavorisés”, ironise-t-elle. Le Digidog relance la polémique sur les moyens disproportionnés accordés à la police américaine, comparés à ceux dévolus aux infrastructures et à la qualité de vie dans les zones les plus pauvres.
Le prix du secret
D’accord : ce sont des charognards répugnants, mais ils jouent aussi le rôle utile de grands nettoyeurs d’Internet. WIred dresse un très long portrait de l’affreux Kevin Blatt, un de ces fixers, ces arrangeurs professionnels de Hollywood qui se chargent, contre rémunération, d’éviter la diffusion en ligne de contenus compromettants, vidéos ou messages qui pourraient briser la carrière de personnalités du show-biz. Kevin Blatt est l’un des intermédiaires les plus connus entre les victimes potentielles de ce genre de déballage et les détenteurs d’images intimes – souvent volées ou prises sans autorisation – en quête d’argent. Son art consiste à aider les parties à s’entendre sur le prix du secret, incluant sa coquette commission, tout en évitant de tomber sous le coup des lois protégeant la vie privée et réprimant le chantage et l’extorsion. Il a ainsi été aux premières loges de l’affaire des sex tapes de Paris Hilton, au point d’assurer lui-même le battage médiatique dans l’espoir de faire monter les enchères, avant d’en faire la matière d’un documentaire porno.
Mante de mer
Le même magazine WIred nous emmène loin de tout cela, au fond de l’océan, pour raconter la passionnante saga d’un nouveau matériau composite conçu par les chercheurs de deux universités californiennes à partir de la mante de mer. Les pattes de ce crustacé étrange sont dotées de deux sortes de marteaux assez durs pour pulvériser les coquillages les plus solides. La structure interne en ellipse de ces membres assure leur résistance en dissipant efficacement l’onde de choc. D’où l’idée de la reproduire en utilisant des polymères et une imprimante 3D. Ce n’est pas tout. Toujours inspirés par la nature, les chercheurs ont trempé cette armature dans un bain de bactéries, qui l’ont rapidement remplie d’une sécrétion de carbonate de calcium, la même matière qui assure la solidité de nos dents, de nos os, et des marteaux des crevettes-mantes. Cette double stratégie permettrait de fabriquer des gilets pare-balles de nouvelle génération ou encore des fuselages d’avion d’une résistance et d’une légèreté inédites.
Des puces dans les voitures
Avec son talent pédagogique habituel, la radio publique NPR explique pourquoi les constructeurs automobiles sont affolés par la pénurie de puces électroniques. Tesla a dû mettre son usine de Los Angeles en chômage technique pendant plusieurs jours, Ford a arrêté les chaînes d’assemblage d’un de ses modèles les plus demandés et General Motors accuse un manque à gagner de 2 milliards de dollars. Car les semi-conducteurs se nichent absolument partout dans les véhicules récents, dans les freins, la suspension, la direction, les sièges et bien sûr les moteurs, truffés pour certains de centaines de ces puces. Or les constructeurs, prévoyant des ventes minables pendant l’épidémie de Covid-19, ont tardé à renouveler leurs commandes de ces précieux circuits électroniques. Pris de cours par une reprise économique plus soudaine que prévu, ils sont maintenant en concurrence pour leur approvisionnement avec les géants de l’informatique comme Apple, au moment où les producteurs asiatiques sont saturés de demandes.
Black antivax
Le nouveau réseau social Clubhouse est épinglé en raison de son laxisme envers l’intox antivaccins. Motherboard révèle que cette désinformation dangereuse sévit particulièrement dans le Black Clubhouse, des groupes thématiques prisés par les abonnés noirs. Des médecins africains-américains y subissent le harcèlement et les menaces de promoteurs, eux aussi blacks, de théories du complot antivaccins, particulièrement dangereuses dans une communauté ravagée par la pandémie. Le scepticisme envers la médecine est profondément ancré dans la population noire américaine en raison d’expériences sordides menées jusqu’à la fin des années 1960, sous couvert de soins, sur des cobayes humains.
