Toutes les questions que vous vous êtes toujours posées sur le RER A

Journée noire dans les transports mercredi 9 mars, en raison d’une grève des syndicats de la RATP et de la SNCF. Sur le RER A le trafic ne devrait pas trop souffrir de la grève mais les usagers venant de Poissy sont invités à prendre le transilien pour se rendre à Paris. Utilisateurs réguliers de la ligne vous vous êtes déjà interrogés sur le fonctionnement des rames et du réseau ? Profitez de vos (longs) moments passés dans les transports pour découvrir les réponses aux questions que vous vous êtes souvent posées, et même à celles que vous ne soupçonniez pas.

Conducteur de RER A depuis 2011 et fervent utilisateur de Twitter , Cédric Gentil dévoile régulièrement les dessous du réseau ferré le plus emprunté d’Europe dans des messages en 140 caractères. Dans son premier livre Mesdames et messieurs votre attention s’il vous plaît paru en 2013, dans lequel il prend plaisir à expliquer les points techniques et humains de son métier. Nous l’avons lu et y avons trouvé les réponses aux questions qui, en tant qu’utilisateurs aguéris de la ligne, nous taraudaient depuis longtemps.

Qui sont les conducteurs du RER A ?

Ils sont 526. Seuls dans leur cabine, s’adressant rarement aux passagers, ils sont les maîtres de votre trajet : les conducteurs. Il vous arrive certainement de pester contre eux en cas de problème, de vous dire que « ce n’est pas quand même pas bien compliqué » et pourtant conduire un RER n’est pas donné à tout le monde.

Sur le RER A, un conducteur passe forcément plusieurs années dans les tunnels du métro aux commandes des rames avant de prendre les manettes d’un RER car il doit justifier d’une solide expérience de plusieurs années lorsqu’il dépose sa candidature.

Avant de conduire sa première rame de RER A Cédric Gentil a dû s’armer de patience puisqu’il a attendu dix ans entre sa demande de mutation et la réponse positive de la RATP. Pourquoi délaisser le métro pour le RER ? « Pour voir le jour » comme il se plaît à le répéter dans son livre. Après des années dans le noir des tunnels et la lumière blafarde des stations, Cédric Gentil avait besoin de lumière naturelle et de « voir les différentes saisons de l’année » et il les a trouvées avec les 60 kilomètres de ligne à l’air libre de la partie du RER A gérée par la RATP.

Comment s’organisée leur journée de travail ? 

Les journées de travail des conducteurs de la ligne A sont découpées en trois services, d’une durée de six heures trente chacun. La plage du matin s’appelle « le jour », elle débute à 5h30 et se termine à 12h.« Le mixte» prend le relais pour l’après-midi, entre midi et 13h et jusqu’à 19h maximum.« La nuit » va jusqu’à la fin de service, vers 1h30 du matin. Un roulement leur impose de travailler une semaine le matin puis la semaine suivante en mixte ou en nuit. Mais sur leur temps de présence, les conducteurs conduisent environ 2h30 par jour. Le reste du temps ils peuvent être appelés à manœuvrer des trains sans voyageurs, pour les conduire par exemple d’un terminus à un autre.

En service, le conducteur du train doit en permanence actionner une pédale de veille pour signaler sa présence dans la cabine. S’il ne le fait pas le train s’arrête automatiquement pour des raisons de sécurité.

Comment est calculé l’horaire de passage d’un train ?

Sur le tronçon central de la ligne A, de Nanterre Préfecture à Vincennes, un train entre en gare toutes les deux minutes. Les passages des trains en gare sont donc prévus à la seconde près.

Ces horaires sont calculés en fonction des limites de vitesse imposées sur les différents tronçons de la ligne A. Un RER peut rouler à 140 km/h maximum mais il est très rare qu’il atteigne cette vitesse, pour des raisons de régulation du trafic et de sécurité. Les différentes rames du RER A sont équipées du Système d’aide à la conduite, à l’exploitation et à la maintenance (SACEM), qui fonctionne comme une aide à la conduite d’une voiture. C’est un dispositif de signalisation en cabine qui donne au conducteur des consignes de vitesses limites autorisées en fonction de la position des rames qui le précèdent. Les horaires de passages en gare fluctuent donc en fonction du dispositif et des positions des différents trains sur la ligne.

Comment sont choisis les noms des rames ?  

Les noms des rames de RER, les « codes missions » sont souvent un grand mystère pour les utilisateurs difficile à déchiffrer ! On peut voir entrer en gare UDON, ZEUS, TROC ou encore OTZZ, NELY et QIKI.  Et pourtant c’est très simple car les codes missions sont là pour donner les informations essentielles sur la rame.

La première lettre indique la destination du train : B pour La Défense, D pour Noisy-le-Grand, X pour le Vésinet-Le Pecq, N pour Boissy-Saint-Léger, Q pour Chessy, R pour La Varenne, T pour Poissy, U pour Cergy, Y pour Rueil-Malmaison et Z pour Saint-Germain-en-Laye.

La deuxième indique s’il est omnibus – il s’arrête dans toutes les stations – ou s’il est semi-direct, auquel cas qu’il ne s’arrête pas à certaines stations en heure de pointe (comme le RER de Saint-Germain en Laye qui ne s’arrête ni à Chatou-Croissy ni au Vésinet-Centre). La lettre utilisée varie en fonction des gares desservies ou non par le RER. Ainsi, le code mission d’un train de Saint-Germain en Laye à Boissy-Saint-Léger qui ne dessert pas les stations Nanterre-Ville et Nanterre-Préfecture est NAGA. Un train de Saint-Germain-en-Laye à Boissy-Saint-Léger qui ne dessert pas les gares du Vésinet-Centre et de Chatou-Croissy a pour code mission NYON.

Les troisième et quatrième lettres servent simplement à rendre le mot prononçable comme ORLY, NEGE, ZEUS ou encore BABY.

Le chiffre accolé au nom de la rame donne le sens de circulation des trains : de l’ouest vers l’est c’est un chiffre pair et de l’est vers l’ouest c’est un chiffre impair.

Voyons si c’est plus clair à présent : d’où part NEMO26 ? Dessert-il toutes les gares ? Quel est son terminus ? Réponse à la fin de l’article.

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“Charles de Gaulle Etoile… Charles de Gaulle Etoile” les annonces sonores des différentes stations fonctionnent grâce à cescodes missions : le conducteur rentre le code mission de la rame dans l’ordinateur de la cabine, qui gère le reste. 

Pourquoi un incident apparemment mineur peut ralentir fortement la ligne ?

Il existe deux types d’incidents qui peuvent affecter la ligne : ceux qui impliquent les voyageurs et ceux qui concernent le matériel. L’expression « accident de voyageur » peut désigner beaucoup d’incidents différents : malaise, début d’accouchement, chute dans le train… Les conducteurs n’étant pas médecins ils ne peuvent pas prendre en charge la personne concernée et doivent donc attendre l’arrivée des pompiers ou du SAMU avant de quitter la station dans laquelle le train stationne.

Pour les accidents matériels, une longue procédure est à respecter. Cédric Gentil explique que ces avaries sont la « bête noire » des conducteurs car quand elles se produisent ils doivent s’occuper en même temps du problème du train et des passagers : « nous devons intervenir sur le train tout en faisant patienter les voyageurs, tout en informant le chef de régul’, tout en évitant de paniquer, tout en croisant les doigts pour que ça reparte », raconte-t-il.« Ca en fait du stress ! » Heureusement nous avons notre fameux « guide de dépannage ». 

Heureusement, les conducteurs ont en leur possession un carnet spécial, le« guide de dépannage » dans lequel l’ensemble des pannes possibles est répertorié. « L’important c’est de ne pas se tromper de page et de ne pas sauter une ligne et, accessoirement, de connaître l’emplacement des boutons, commutateurs, robinets et autres boitiers… », raconte Cédric Gentil.

Les conducteurs ne peuvent évidemment pas prévoir l’ensemble des problèmes que peut rencontrer le train et ils ont en leur possession un carnet spécial, le « guide de dépannage » dans lequel l’ensemble des pannes possibles est répertorié.  

Mais, au fait, ils sont tout le temps en grève ces conducteurs de RER A ?

Ce mercredi, la grève porte sur les conditions de travail à la SNCF, sur les salaires à la RATP, comme l’explique francetv info. La CGT RATP réclame une augmentation du salaire de base après un gel en 2015 « malgré des résultats financiers records » selon leur préavis de grève  ainsi qu’un « arrêt immédiat de toutes réorganisations ayant un impact négatif sur le niveau de l’emploi ».

Lors de la dernière grève de la RATP le 4 février Cédric Gentil avait tenté d’expliquer sur Twitter les raisons du mouvement. Pas sûr que son message ait ét entendu par tous les internautes. Mais pour lui, les grèves sont (malheureusement) nécessaires aux conducteurs pour se faire entendre : « Bien sûr, les grèves gênent l’ensemble des usagers, mais je regrette que souvent nous n’ayons pas d’autre choix pour espérer obtenir des négociations, malgré le processus de « dialogue social » prôné par la direction. »

Lorsqu’il évoque avec un certain militantisme les motivations des différents mouvements de grève, voilà son explication : « Depuis maintenant douze ans nous nous battons plus pour conserver nos acquis que pour obtenir des avantages (…) Lorsque nous réclamons des effectifs supplémentaires par exemple, c’est pour pouvoir maintenir un service de qualité auprès des voyageurs. Il arrive cependant que nous réclamions des revalorisations de nos salaires, comme dans toutes les branches professionnelles ».

Place à la pratique ! Si vous avez les bonnes réponses à ces questions vous êtes officiellement incollables sur le RER A. La classe.  

Faites le test ici !

Au fait, NEMO26 est un train omnibus parti de Saint-Germain-en-Laye et qui a pour terminus Boissy-Saint-Léger. Facile !

(Crédit photo : Cramos / Creative Commons )

Laure-Hélène de Vriendt 

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