Bien sûr, le monde entier a suivi, haletant, l’éprouvante saga de GameStop, cette chaîne de magasins de jeux vidéo mourante dont la valeur de l’action a pourtant, contre toute logique économique, augmenté de 13 000 % en un an et vu son prix presque décuplé dans la dernière quinzaine de janvier, pour devenir l’enjeu d’une bataille rangée à Wall Street. Ce délire trouve son origine sur le réseau social Reddit, et en particulier sa chat room WallStreetBets, fréquentée par 2 millions de jeunes boursicoteurs en chambre inscrits sur des sites de courtage gratuits comme Webull ou Robinhood. Le peuple de Reddit s’était seulement entiché d’un titre à bas prix, quand soudain il a découvert que les hedge funds, l’élite de la finance, spéculaient à la baisse sur leur chère action.
L’insurrection des boursicoteurs contre le gratin de Wall Street s’est soldée par une hausse effarante du titre et par la déroute des fonds spéculatifs, affligés d’une perte de 19 milliards de dollars. John Authers, dans Bloomberg, analyse ce psychodrame du capitalisme et rappelle que les marchés fonctionnent mieux quand ils trouvent “l’équilibre entre l’avidité et la peur”. Cette fois, il s’agit, sur fond d’embrasement des réseaux sociaux, d’une joute entre la peur et la colère. La colère d’une génération toujours marquée par le désastre de la grande crise de 2008 et par l’impunité des maîtres de la finance.
DeepFuckingValue
Le Wall Street Journal, de son côté, préfère faire dans le léger, en publiant une interview exclusive de l’instigateur principal de l’émeute boursière. Il se nomme Keith Gill, ou DeepFuckingValue sur le site Reddit et Roaring Kitten (“Le Chaton qui rugit”) sur sa chaîne Youtube, où cet analyste financier de 34 ans dispense sa science des marchés coiffé d’un bandana rouge de kamikaze, tout en émaillant ses propos d’un humour graveleux. Gill a eu l’idée, en 2019, de vanter le potentiel de GameStop sur Reddit, avant d’encourager la ruée vers ce titre. Il a pour l’instant gagné 31 millions de dollars pour un investissement de 53 000 dollars. Il hésite entre l’achat d’une maison et la construction d’une piste de course à pied couverte dans sa commune du Massachusetts.
Bas débit
Pendant ce temps-là, à Baltimore, trois adolescentes ont fomenté leur propre insurrection contre le géant des télécoms et du câble Comcast. Contraintes au téléenseignement depuis près d’un an, les lycéennes, issues de familles modestes, se plaignent en haut lieu du faible débit de leur connexion à Internet pour foyers à faibles revenus offerte à tarif réduit par Comcast pendant la pandémie. BuzzFeed, en racontant l’histoire, ternit la réputation de Comcast, qui s’était fait une image de bienfaiteur de l’humanité en ouvrant le service Internet Essentials à 10 dollars par mois, soit de six à huit fois moins cher que le prix habituel. Fallait-il pour autant rationner le débit du réseau, qui interdit l’usage de Zoom lorsque plusieurs enfants d’une même famille veulent se connecter ? Big Tech aussi peut se comporter comme une dame patronnesse du XIXe siècle. Et l’Internet à deux vitesses n’est pas un mythe.
Les cuistots sur Insta
Aux États-Unis comme ailleurs, la pandémie a ravagé les restaurants. Plutôt que de se morfondre en attendant les commandes à livrer ou les ventes à emporter, nombre de chefs américains recourent judicieusement à Instagram pour publier leur menu ou les proposer aux clients sur l’appli de shopping du réseau social. Le New York Times observe l’ampleur du phénomène à Los Angeles, où le chômage dans la restauration a conduit des dizaines de cuistots à monter leur affaire à domicile à l’aide de commandes sur Insta.
Vacances de rêve
Pensez “riche”. Maintenant pensez “très riche”. Doublez le chiffre. Doublez encore et vous pourrez concevoir les moyens des trois touristes capables de payer chacun 55 millions de dollars pour s’entasser une semaine dans la station spatiale internationale. Ce premier voyage de groupe privé, organisé par la firme spécialisée Axiom Space avec l’aide de SpaceX et de la Nasa, pourrait avoir lieu en janvier 2022. Il marquerait, selon le Washington Post, le grand retour de la société civile dans l’espace. Depuis 1986 et la mort de l’enseignante Christa McAuliffe dans l’explosion de la navette Challenger, la Nasa avait renoncé à l’embarquement de non-professionnels dans ses missions. Larry Connor, 71 ans, patron d’un empire immobilier dans l’Ohio, sera l’un des passagers, au côté du financier canadien Mark Pathy et de l’homme d’affaires et ancien pilote de chasse israélien Eytan Stibbe. Tous trois seront supervisés par Michael López-Alegría, l’un des dirigeants d’Axiom, ancien astronaute chevronné de la Nasa. L’agence envisage deux voyages de ce type par an à partir de l’année prochaine.
La cage Qiui
Maintenant, une question : peut-on tout confier à la tech et à Internet ? Vice narre la pénible mésaventure d’un dénommé Sam Summers dont la ceinture de chasteté à verrouillage électronique a été piratée par un hackeur impitoyable. Équipé du modèle Cellmate de la firme chinoise Qiui – une sorte de cage ad hoc commandée d’ordinaire via une application par sa facétieuse copine –, le malheureux a reçu un message d’un inconnu lui annonçant qu’il ne serait libéré que contre une rançon de 1 000 dollars payable en bitcoins. Après le paiement en ligne, le preneur d’otage a demandé plus, ce qui a conduit le couple à recourir à des expédients low tech : un coupe-boulon. Sam Summers confie qu’il a été un peu blessé pendant sa désincarcération mais que tout va beaucoup mieux maintenant.
