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La santé publique française a détecté «une augmentation significative des troubles dépressifs» chez les Français, en particulier chez les jeunes de 18 à 24 ans. Une dégradation de la santé mentale que les infirmières scolaires constatent chez les adolescents et les élèves, mais aussi chez les enfants.

«Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait la santé mentale», a déclaré le 18 novembre Olivier Véran, ministre de la Santé. La psyché d'une partie de la population française a été mise à l'épreuve par les deux enfermements, en particulier celui des plus jeunes.

Le nombre de cas de «troubles dépressifs» a presque doublé entre fin septembre et début novembre, passant de 11% à 21%, selon les données de santé publique publiées le 19 novembre. L'agence de santé souligne également que «les hausses les plus importantes sont observées notamment chez les plus jeunes (+16 points chez les jeunes de 18 à 24 ans)».

«Nous sommes déjà» dans la troisième vague, estime Chantal Chantoiseau, membre du bureau national et secrétaire académique à Paris du Syndicat majeur des infirmières de l'Education nationale (Snics-FSU, pour son sigle en français), contactée par France 24. » Le nombre de consultations étudiantes avec les infirmières scolaires a augmenté de plus de 20% lors de l'entrée à l'école en France, reflétant le besoin et l'inconfort qu'ils subissent ».

Le Snics-FSU a tenu un congrès extraordinaire le jeudi 26 novembre afin d'obtenir des informations sur le travail quotidien des 7 700 infirmières françaises… pour 15 millions de jeunes de tous niveaux: écoles, collèges, lycées et enseignement supérieur. «Sur tout le territoire, il y a eu des tentatives de suicide beaucoup plus importantes chez les jeunes qu'en temps normal, aussi une angoisse permanente, un besoin d'information et de recherche de sécurité», énumère Chantal Chantoiseau.

Infirmières scolaires "en sous-effectif et surmenées"

Au moment de la pandémie de Covid-19, la situation dans les services d'urgence pédiatriques ne semble pas non plus très bonne. Dans les hôpitaux d'Ile-de-France, par exemple, «les hospitalisations pédiatriques pour raisons psychiatriques n'ont cessé d'augmenter depuis août. Il y en avait 3 600 en octobre, contre 2 400 un an plus tôt, soit une augmentation de 50% », selon un tableau d'indicateurs de l'Assistance publique de l'hôpital de Paris du 19 novembre, cité par le journal Le Monde.

Adolescents, enfants et étudiants: aucune population jeune ne semble avoir été sauvée du contexte sanitaire incertain. Plusieurs pédopsychiatres expliquaient récemment dans un article publié par Le Monde que les enfants pouvaient présenter toute une gamme de symptômes en raison de la situation sanitaire actuelle: "irritabilité accrue", "troubles du sommeil" ou encore "peur de la mort" d'un proche »en raison de Covid-19

Pablo Romero Sanchiz: "La pandémie a entraîné une énorme perturbation de notre santé mentale"

Les étudiants ont également fait face à un test mental sévère pour la détention. Le Centre national des ressources et de la résilience et le Fonds FHF ont pu établir une «photographie psychologique de son état de santé» entre le 17 avril et le 4 mai. Résultat: 27,5% des 69 000 élèves interrogés ont fait preuve d'une anxiété sévère, contre 9,8% hors du contexte de la pandémie. Environ 11,4% ont eu des pensées suicidaires, contre 8% en temps normal.

«Et nous n'avons que 300 infirmières scolaires pour l'ensemble de l'enseignement supérieur (2,7 millions d'étudiants), souligne Chantal Chantoiseau. En fait, le Snics-FSU a lancé un «signal d'alarme» pour le manque de ressources humaines dans la profession à tous les niveaux scolaires pour faire face à la dégradation de la santé mentale chez une partie des jeunes.

«Notre rôle est de recevoir tout étudiant qui le souhaite, de le guider si besoin, de prendre soin d'eux et surtout d'assurer le suivi des jeunes qui nous consultent», explique Chantal Chantoiseau. «Nous ne pouvons plus faire tout cela parce que nous manquons de personnel et qu'il y a une surcharge de travail. De plus, les ravages psychologiques chez les jeunes dureront dans le temps; il faut au moins une infirmière par établissement scolaire pour gérer la situation ».

Cet article a été adapté de son original en français

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