Paris 20ème : un jardin partagé au cœur d’une résidence HLM

C’est une initiative de l’association Vergers Urbains. Jardiner au pied des immeubles, c’est possible pour les habitants des 234 logements de cette résidence HLM, située en plein coeur du 20ème arrondissement de Paris. Sorti de terre au mois de mai 2015, le jardin potager s’apprête à passer son premier hiver…

Le jardin partagé du quartier des Amandiers, au coeur du 20ème arrondissement de Paris, se prépare à passer son premier hiver. C’est mercredi, jour sans école. En attendant l’heure du dîner, une vingtaine d’enfants s’affairent sur les quelques mètres carrés de terre qui coiffent le toit du parking de cette résidence HLM. Au pied des 234 logements qui accueillent principalement des familles nombreuses, ils récoltent, désherbent, labourent, sèment et arrosent les jeunes pousses.

Le potager a vu le jour au mois de mai 2015 grâce au soutien de l’association Vergers Urbain, en partenariat avec le centre social, la 20ème Chaise, dont ils partagent les locaux situés à l’entrée de l’immeuble. C’est le bailleur social, Paris Habitat, qui le premier, a suggéré l’idée dès la fin de l’année 2013. Trois semaines de chantiers auront suffi à faire surgir le jardin partagé de terre. Une campagne de « porte-à-porte » a été conduite en même temps auprès des habitants pour les informer du projet et leur proposer d’utiliser des « bio-sceaux » pour le composte.  

Il n’y a pas eu de « mauvais retour » explique Julie, membre de Vergers Urbains et coordinatrice du projet. Seulement « quelques craintes sur le risque que cela sente mauvais ». Aujourd’hui, une vingtaine de jardiniers s’occupent régulièrement du potager, les soirs de semaine ou le week-end. Cela fonctionne plutôt bien même si la récolte escomptée n’est pas toujours au rendez-vous.  

Mâche, roquette et épinard…

Comme cet après-midi, l’association Vergers Urbains organise régulièrement des ateliers de jardinage avec les enfants.  A semer, il y a de « la mâche, de la roquette et des épinards » – autant de « légumes feuilles » capables de résister à l’hiver – et des « engrais verts » pour nourrir les sols laissés au repos. D’ici l’année prochaine, le jardin aura peut-être sa propre « grainothèque ».

A cet âge, « bio » ça ne veut pas dire grand-chose,« l’agriculture intensive » encore moins, commente Julie. En revanche, on peut « leur dire de ne pas utiliser de pesticides » poursuit la coordinatrice du projet. Notre rôle, c’est de « leur montrer qu’il y a une alternative aux petites pilules bleues pour faire fuir les limaces […] de leur faire comprendre ce que c’est qu’une graine, un fruit, une plante, etc. d’où vient ce qu’on achète au supermarché et comment est-ce qu’on produit des choses ».

Pour l’heure, les enfants sont trop absorbés par la cueillette des dernières tomates cerise de l’été.  La roquette, ils ne connaissent pas encore. Mais, dans une dizaine de jours, celle-ci devrait déjà tapisser les jardinières du potager. Enseigner les gestes appropriés à ces petits citadins qui poussent des cris d’orfraie dès qu’un verre de terre pointe le bout de son nez, n’est pas une mince affaire.


« La ville comestible, c’est pas simplement planter partout »

Issue du « Mouvement des Villes en Transition », l’association Vergers Urbains a été créée en 2013. Actuellement, elle pilote une vingtaine de projets à Paris. La plupart ont une forte dimension sociale. « La ville comestible, c’est pas simplement planter partout, en rajoutant des platanes » commente Julie. Le but est de mettre l’accent sur« la dimension collective ».

« Dans des lieux étiquetés ‘politiques de la ville’ avec des publics en difficultés sociales, dire ‘bio’ peut parfois donner une représentation de ‘bio-bobo’ et que ce n’est pas pour eux »  explique la coordinatrice du projet. Du coup, « c’est pas forcément quelque chose qu’on met trop en avant ».  

Au jardin, la règle c’est que « chacun plante ce qu’il veut ». Du coup, les plans de maïs côtoient les plans de potirons et on trouve aussi bien des tournesol, des carottes, que de la betterave, des cacahuètes ou des choux, etc. La liste est longue. A terme, l’objectif, c’est que les jardiniers « soient suffisamment structurés et informés des travaux qu’il y a à faire dans le jardin pour pouvoir leur donner les clés et qu’ils puissent en faire ce qu’ils veulent ».

 Natacha Gorwitz

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