Marine Le Pen (1968, Neuilly-sur-Seine) n’est pas une nouvelle venue dans la politique française, mais celle de ce dimanche est son plus grand défi politique. Jamais l’extrême droite n’a été aussi près d’atteindre l’Elysée, une étape attribuée à Le Pen elle-même, qui a laissé derrière elle l’image dure de son père pour adoucir un discours qui continue d’inquiéter les milieux les plus modérés en France et en Europe.

Le Pen a vécu déjà une enfance marquée par la carrière politique de son père, Jean Marie Le Pen, qui a fondé le Front national en 1972. Sa licence en droit lui a permis d’exercer pendant plusieurs années comme avocate à Paris, mais en 1998, elle a rejoint l’appareil du parti familial, qu’elle n’a pas encore abandonné.

D’abord chef du service juridique puis « numéro deux », il obtient en 2004 un siège au Parlement européen. Au cours de ces années, elle a acquis une présence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti et a commencé à remporter quelques succès électoraux aux niveaux local et régional jusqu’à ce qu’en 2011, elle soit proclamée nouvelle chef du Front national, sans opposition.

Déjà à la tête du parti, il tente d’adoucir le langage associé à son père, dont il finira par s’éloigner familialement et politiquement pour se distancer, par exemple, des polémiques antisémites qui entourent le patriarche. . L’image du Front national avait changé et, avec ce nouveau drapeau, les élections présidentielles de 2012 arrivaient.

En eux, Le Pen est troisième, donc hors du second tour, mais ses résultats sont historiques, dépassant même ceux obtenus en 2002 par son père lorsqu’il réussit à se qualifier pour le tour final. Le Front national a le vent en poupe et cela se voit dans la succession des élections de 2014 : lors des élections européennes de cette année-là, la formation d’extrême droite parvient à être la première dans les votes.

L’euroscepticisme a imprégné une certaine partie des citoyens et la montée du terrorisme islamiste a favorisé la diffusion de messages xénophobes et anti-immigration en France. Le Pen a salué la sortie du Royaume-Uni de l’UE et la victoire du magnat Donald Trump aux États-Unis, miroir de ce qu’elle revendiquait pour son propre pays.

DE 2017 À 2022

La consolidation politique définitive de Le Pen est intervenue en 2017, lorsque le leader d’extrême droite a réussi à se qualifier pour le second tour des élections présidentielles. Malgré le jalon, l’assaut contre l’Elysée semblait impossible – il obtint 33 % des voix au second tour – et l’année suivante, Le Pen choisit de rebaptiser le Front national pour l’appeler le Rassemblement national, dans une tentative d’obtenir débarrassé des ombres passées

Le message politique de Le Pen s’est modulé au fil des années et, par exemple, elle ne veut plus sortir de l’UE mais construire une « Europe des nations ». Sur l’immigration, il prône un référendum pour consulter les citoyens sur les politiques futures, et parmi ses promesses figure l’interdiction du foulard islamique dans les lieux publics.

Le Pen se définit comme une « patriote » et c’est à partir de ce mot qu’elle articule une grande partie de son discours, dans lequel elle mêle la défense des valeurs conservatrices au protectionnisme économique, en passant par le départ de la France du commandement allié de l’OTAN. .

Elle a apporté ces messages au débat télévisé qui l’a opposée à son rival et actuel président, Emmanuel Macron, mercredi, et auquel elle est arrivée plus préparée qu’en 2017. Il y a cinq ans, même Le Pen elle-même a reconnu ses erreurs face à face. face et, Bien que les médias et les analystes aient également déclaré Macron vainqueur du dernier débat, ils ont également convenu que le candidat n’est pas KO.

Macron a profité de la nomination pour exhiber certaines coutures de la candidature de Le Pen, parmi lesquelles la modulation intéressée du discours, avec une rhétorique moins radicale pour des mesures tout aussi ultra-conservatrices, et ses tentatives hâtives de sortir de l’ombre. du président russe, Vladimir Poutine.

Le Rallye National a détruit des milliers de dépliants de campagne mettant en vedette Le Pen et Poutine ensemble après que la Russie a envahi l’Ukraine. La candidate a condamné cette offensive, mais s’est interrogée sur le niveau de soutien aux autorités ukrainiennes, qui la considèrent toujours comme persona non grata pour la reconnaissance qu’elle a faite en 2017 de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie.

EN RETARD DANS LES SONDAGES

Le Pen arrive à ce second tour avec moins de soutien politique que sa rivale. Au niveau européen, elle compte parmi ses partenaires le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, ou le chef de file de la Ligue italienne, Matteo Salvini, alors qu’en interne, parmi les candidatures non retenues, du premier tour, seul le journaliste Éric Zemmour a demandé le vote pour elle face au vote de dimanche.

Ses chances de victoire passent par l’addition aux voix d’extrême droite de celles des conservateurs les plus modérés et même par la pêche dans la pêcherie du gauchiste Jean-Luc Mélenchon, qui a joué de l’ambiguïté pour ne pas demander directement le vote pour Macron. . Selon un sondage IPSOS-Sopra-Steria, 16 % des électeurs de Mélenchon seraient prêts à soutenir Le Pen.

Les sondages placent le chef de file du Groupe national à environ dix points de pourcentage derrière Macron, après que la distance entre les deux s’est légèrement creusée ces derniers jours. L’entourage de Macron a lancé un appel à la participation, avertissant qu’à ce stade, rien ne peut être tenu pour acquis.

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