La pandémie Covid 19 a notamment pénalisé en France l’un de ses secteurs les plus emblématiques: la gastronomie. Le gouvernement d’Emmanuel Macron avait promis une réouverture des restaurants et bars fermés il y a deux mois pour le 20 janvier prochain, mais les espoirs se sont dilués après la dernière conférence de presse du Premier ministre jeudi.

«La situation sanitaire est loin d’être normale» en France, a annoncé ce jeudi le Premier ministre Jean Castex lors d’une nouvelle conférence de presse sur l’évolution du Covid-19. «15 mille nouveaux cas» sont détectés quotidiennement dans le pays où se produisent également deux foyers de la nouvelle variante britannique du virus en Bretagne et en région parisienne.

Au vu de ces chiffres, Olivier Véran, le ministre de la Santé a appelé les Français « à ne pas baisser la garde au cours des prochaines semaines ».

Les victimes collatérales sont les 112 mille restaurants du pays qui devaient ouvrir ce 20 janvier. « Ce ne sera pas avant le 20 février », a déclaré Castex lors de la même conférence de presse, ajoutant que la France doit retrouver « une dynamique à la baisse » de la pandémie avant de lever les restrictions.

Castex a cependant promis que «le gouvernement continuera à aider financièrement les professionnels de ce secteur qui ont été fortement touchés par la crise».

Il y a quelques jours, dans une autre intervention, Castex avait promis que 2021 serait « l’année de la gastronomie française », et annoncé qu’une personnalité française qualifiée prépare une opération pour « valoriser le savoir-faire des bars et restaurants (… ) et moderniser leurs outils de travail « .

Parallèlement, le ministère de l’Économie a assuré que le fonds de solidarité (qui accorde jusqu’à 10000 euros par mois aux propriétaires de bars ou de restaurants) et l’allocation chômage partielle pour les travailleurs qui se sont retrouvés sans emploi en raison de la pandémie seront prolongés. et une nouvelle aide doit arriver.

« Nous voulons couvrir tous vos frais fixes. Si des mesures supplémentaires sont nécessaires ici ou là, nous serons là (…) Tout n’est pas encore sur la table. Il ne s’agit pas seulement de combien ça coûte, c’est aussi une question de soutien psychologique. Nous devons soutenir davantage ceux qui souffrent le plus », a déclaré Bruno Le Maire.

Il semble déjà certain que la réouverture des bars et restaurants n’aura pas lieu avant la mi-février 2021. Le 20 janvier une évaluation sera faite pour «examiner la situation sanitaire et les conditions pour reprendre l’activité» d’ici là.

La réouverture des restaurants peut être conditionnée au téléchargement de l’application TousAntiCovid, comme l’a suggéré Jean-François Delfraissy, infectiologue et président du conseil scientifique, dans un entretien accordé au Monde le vendredi 1er janvier.

Une batterie d’aide « insuffisante » selon les plus touchés

Jusqu’à présent, en plus des 10 000 euros d’aide par mois, les entrepreneurs du secteur gastronomique bénéficient d’une réduction jusqu’à 50% du prix de location de leur entreprise. Mais le président Emmanuel Macron a également annoncé que «tous les magasins contraints de fermer recevront 20% de leurs résultats 2019» s’ils préfèrent cette option aux 10 000 euros par mois du «fonds de solidarité».

La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a également annoncé des mesures exceptionnelles de 900 euros par mois jusqu’en février 2021, pour les intérimaires, les contrats de courte durée dans l’hôtellerie, et certains intérimaires qui ont été sanctionnés par la fermeture de bars et restaurants.

Enfin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait annoncé la mise en place d’autres aides si les restaurants ne rouvraient pas le 20 janvier 2020, ce qui est le cas actuellement. « Nous couvrirons tous les frais fixes et si nécessaire, nous ferons plus », a-t-il déclaré.

Seule vente à emporter

Les restaurants et les bars ont été fermés pendant 3 mois au printemps 2020 lors du premier verrouillage. Pendant l’été, ils ont rouvert mais à partir d’octobre ils ont dû faire face à un couvre-feu à partir de 21 heures. Depuis le 30 octobre, ils ont de nouveau fermé, mais avec la possibilité de vendre à emporter.

C’est le cas d’Aurélien Pasquier, propriétaire de deux restaurants: le Cabaret Caminito qui est dans le 13e arrondissement de Paris depuis six ans, et une autre ouverte en décembre 2019, qui n’a même pas réussi à fidéliser la clientèle car elle a également été touchée par des semaines de grèves contre la réforme des retraites.

«Nous avons ouvert dans un mois de grève, c’est quelque chose qui arrive, à prévoir. Fin janvier et février nous avons très bien travaillé, nous avons rencontré les gens du quartier, mais le Covid est arrivé. C’est horrible. Je ne voulais pas y faire de vente à emporter, je profite de l’aide et mes employés sont partiellement au chômage. En un an, je n’ai ouvert que cinq mois, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas où nous allons et le pire de tout, c’est que nous ne savons pas quand cela se terminera, cela commence à durer trop longtemps ».

Dans Cabaret CaminitoEn revanche, les ventes à emporter semblent fonctionner, mais l’homme d’affaires de 31 ans et fumeur compulsif est réaliste en matière d’analyse.

« La vente à emporter est frais mais ce n’est pas économiquement viable, nous ne sommes pas un Fast food, nous ne voulons vendre que très tard et nos prix sont plus élevés. C’est très difficile et la vérité est que nous jonglons avec l’aide d’État. Malheureusement, l’État ne nous donne pas ce que nous avions gagné avant le début de la pandémie. On a commencé avec 6 500 euros et on est passé à 10 000 euros dans le deuxième confinement, mais ce n’est pas suffisant », argumente-t-il.

«De plus, au premier confinement, tout le monde nous soutenait, gaz, électricité, factures de téléphone, etc., beaucoup de gens nous ont pardonné ou différé des paiements. Mais dans ce second confinement, ce n’est pas le cas, être fermé ne veut pas dire que l’on n’a rien à payer et le pire c’est que le loyer est une charge fixe et c’est très important à Paris ».

Les 10 mille euros du fonds de solidarité « ne suffisent pas » selon Pasquier, qui ne renonce pas non plus à verser l’intégralité du salaire à ses salariés. Le chômage partiel couvrant 80% du salaire, il complète l’argent pour payer 100% à ses travailleurs.

Dans une dernière initiative, le Caminito … il vend ses marchandises sur un marché local les mercredis et dimanches. Surtout, l’équipe garde la bonne humeur et utilise activement ses réseaux sociaux pour entretenir des liens avec ses clients.

Selon les données du journal Dépêche du Midi, «la crise Covid pourrait mettre fin à un restaurant sur deux et provoquer la destruction de 130 000 emplois. Les pertes pour le secteur atteignent un montant colossal de 30 000 millions d’euros par an».

Les restaurants proposant des plats à emporter ou la livraison à domicile restent ouverts pour remplir les commandes et s’assurer que les clients récupèrent les commandes (en d’autres termes, cliquez et récupérez).

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